Anémone ou le désir du lac (2)

3 0 0
                                    

***

Deux mois qu'Ulrich est l'apprenti de Crepïa, l'étrange homme qui vit dans les Farlands et qui y étudie la faune et la flore. Il apprend beaucoup mais la solitude le pèse, sans autre compagnie que son maitre.

Dans ce nouveau monde, il se demande s'ils sont seuls. Y a-t-il d'autres gens par ici ? Surement.

Second épisode des Contemplations,encore une fois du point de vue d'Ulrich.

***  

Il se réveilla, dans une grotte. Il y voyait bien, grâce à d'épaisses plaques de mousses bioluminescentes. Il était sur un matelas fait en une matière qu'il ne connaissait pas. En regardant autour de lui, il ne vit ni entrée, ni sortie. Il était un peu mouillé et était recouvert d'une couverture de la même matière que le matelas. En voulant se relever, il se rendit compte, quand la couverture tomba, qu'il était nu. Ses vêtements étaient en train de sécher sur un rebord rocheux. Il ne comprenait pas : il n'était pas tombé dans le lac ! Pourquoi était-il mouillé ? Ulrich leva les yeux, et sentit ses jambes le lâcher. Il avait déjà vu un paquet de choses incroyables depuis qu'il était l'apprenti de Crepïa, mais rien encore de cette envergure. Le plafond... Le plafond de la grotte, c'était de l'eau, le fond du lac, qui tenait en équilibre au-dessus de lui. C'était forcément par là qu'il était rentré, mais comment ? La réponse ne tarda pas à arriver.

Elle sortit de derrière une stalagmite. C'était elle qu'il avait vu dans l'eau. Mais ce n'était pas une femme, ou plutôt pas une humaine. Sa peau était bleue, avec des motifs en écailles orange, qui luisaient dans l'obscurité. Elle avait des nageoires sur les bras, le dos et à la place des oreilles. Elle était un peu plus petite que lui, mais de peu. Elle avait de longs cheveux aussi orange et luisants que ses écailles. Ses traits évoquaient une jeune fille. Elle avait un corps galbé, ce qui eut l'effet de faire légèrement rougir Ulrich, puisqu'elle ne portait pour vêtement qu'un pagne d'algues et une bande d'algues lui retenant les seins. Plus il la regardait, moins Ulrich se sentait bien. Il n'avait jamais vu un corps de femme de cette manière, jamais aussi dénudé. D'autant plus que ses bras croisés faisaient ressortir encore plus sa poitrine. Elle le regardait avec ses grands – plus que chez un humain en tout cas – yeux roses, sa bouche faisant une moue enfantine. C'est alors qu'il se rendit compte de quelque chose d'essentiel, encore plus important que la femme aquatique qu'il avait en face de lui. Il était nu. Et en face, il y avait une jeune femme, peu vêtue elle-même, qui le regardait. Il glapit et attrapa la couverture pour se cacher. La créature sursauta au son de sa voix. Elle émit un son, et commença à se rapprocher de lui, lentement, sur le qui-vive. Il la regarda faire, pétrifié. Elle était juste devant lui, il pouvait la toucher en tendant le bras. Elle ouvrit la bouche, et émit une série de sons. Il comprit qu'elle parlait, mais ne comprenait pas ce qu'elle disait. Elle porta la main à son buste, et articula une suite de sons articulés, à trois reprises. « C'est son nom ? ». Il pencha la tête sur le côté, circonspect. Elle fronça les sourcils, et attrapa la main d'Ulrich, pour la poser sur son buste, juste au-dessus de ses seins. Sa peau était chaude, et douce, mais aussi étrange, pas comme celle d'un humain. Les joues du garçon étaient en feu, et il sentait une douce chaleur se propager dans son corps, et il devait lutter violemment contre son corps pour ne pas montrer son excitation gênante. Elle le fixa dans les yeux, et répété encore une fois. C'était clairement son nom. Ulrich essaya alors de répéter, hésitant, en reproduisant au mieux les sons étranges :

« Aaaah... Né... Mo... Neu... ? Anémone ? C'est ton nom ? »

La fille – parce qu'Ulrich ne pouvait la considérer autrement, malgré ses différences – sourit, visiblement contente qu'il ait compris. Elle lâcha sa main, recroisant les bras devant son ventre. Elle semblait attendre quelque chose, et Ulrich comprit qu'elle attendait son nom. Alors il prit, non sans hésitation, peu habitué à être aussi familier avec une femme, la main de la fille et la posa sur son propre buste avant de dire en articulant :

Contemplations d'un Autre MondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant