Contemplations d'un Autre Monde

Ulrich ou l'accueil mélancolique

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Voilà quatre jours qu'Ulrich est revenu de son aventure avec Anémone. La veille, Crepïa a ramené les deux nouveaux apprentis, Sybïl et Stýri. Ulrich leur a fait plutôt mauvais accueil, remonté contre son maitre pour n'avoir pas essayé de le retrouver, et pour l'avoir « remplacé ». De plus, le souvenir de la jolie Anémone reste frais dans sa mémoire d'adolescent.

Le soir, il contemple le lac depuis son balcon.

Quatrième épisode des Contemplations, du point de vue d'Ulrich.

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Une nouvelle nuit sans rêves...

Ulrich se réveilla le matin, dans son lit. Il était parfaitement bordé, mieux qu'il n'aurait jamais pu le faire lui-même. Onyx, le corbeau de réveil croasse à son chevet pour le lever, comme tous les matins. Ulrich lui fait signe qu'il est réveillé et le volatile s'en va à tire d'aile. Il se lève et enfile sa robe de jour, tout en essayant de se remémorer la veille. Petit à petit les souvenirs reviennent. Il était allé observer le lac depuis le balcon, puis la blonde – Sybïl c'est ça ? – l'avait rejoint. Elle avait posé des questions et raconté sa journée. Ulrich s'en voulait un peu du traitement qu'il lui infligeait, mais ce n'était vraiment pas le moment. Soudain il se raidit. Elle avait parlé du lac, et il avait pleuré. Il avait pleuré. Et elle... elle l'avait consolé ?! C'était sans doute elle qui l'avait couché. Une femme était capable d'une telle chose ? Anémone l'était, mais Anémone était différente. L'esprit troublé, Ulrich se sentait honteux d'avoir été aussi faible face à la fille.

Le petit déjeuner était servi, et il mangea en vitesse pour éviter de croiser les autres. Crepïa l'avait prévenu qu'il avait la matinée libre pour écrire son carnet. Dès qu'il eut mangé quelque chose, il remonta en vitesse pour aller s'enfermer dans sa chambre, il devait réfléchir. En arrivant à l'étage, la fille venait de sortir de sa chambre. Elle était dans sa robe de jour, qui avait l'air un peu petite sur elle. Elle avait coiffé ses cheveux d'or, une cascade ondulée et blonde, lui descendant jusqu'au creux du dos. Elle avait même quelques mèches sur le front et sur les épaules. Elle avait fait sa toilette, et son visage luisait encore des gouttes d'eaux. Ses yeux verts étaient mi ouverts, pas encore complètement réveillés. Sa petite bouche en cœur lui faisait un petit sourire avenant.

Elle se tourna vers Ulrich, et lui sourit.

« Coucou ! Bien dormi ? »

Ulrich balbutia un « oui », et entra dans sa chambre qu'il ferma derrière lui. Son peu de répondant parut peiner la fille, qu'il vit faire une moue triste du coin de l'œil. Ulrich s'assit sur son lit, la tête dans les mains. Il se comportait comme un ours, comme dirait son maitre, quoi que ça puisse vouloir dire. Mais la compagnie des autres lui était insupportable. La fille l'avait fait pleurer en parlant du lac. Cette étendue d'eau magnifique qui s'étend en contrebas, qu'il contemple chaque soir en pensant à elle. S'il pouvait rêver, il rêverait d'elle revenant vers lui. Pourquoi ? Pourquoi l'avaient-ils emmenée ? Ils lui avaient arraché sa première vraie amie... voire plus ? Non. Amie. C'est trop douloureux sinon. Ulrich n'avait jamais eu d'ami. Olrak était son grand frère, protecteur et autoritaire. Ils n'étaient pas « amis », ils se serraient les coudes pour survivre en tant qu'hommes des Bas-Fonds. Quant à Omiaga, pouvait-il parler d'un ami ? Non, assurément. Omiaga était malade, faible, et Olrak et Ulrich ne l'avaient pris sous leur aile simplement parce qu'il n'aurait pas survécu sinon. Mais Ulrich ne l'appréciait pas vraiment. Et jamais il ne s'était lié d'une quelconque façon à une autre personne à Laptica. Son père était faible, soumis à l'autorité de sa femme, la mère d'Ulrich et d'Olrak, alcoolique, violente, sans amour pour les deux garçons qu'elle a eu. Elle ne voulait que les marier à la plus offrant, et espérer en tirer une petite fille. Maltraités, ils s'étaient enfuis à Vil'creuse. La seule personne qui avait été gentille avec lui, qui lui avait donné de l'affection, c'était Anémone. Et Crepïa, mais il l'avait trahi lui.