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Dans les Bas-Fonds de Laptica, Ulrich, Olrak et Omiaga vivait comme des rats, et ont donc fuit dans la ville basse de Vil'creuse. De là, ils sortent de temps en temps pour rapiner de quoi vivre, mais lorsqu'il se fait attraper par la garde, Ulrich est loin de penser que cela changera sa vie.
Premier épisode des Contemplations, du point de vue d'Ulrich. Pose le contexte avec le prologue. Plus long que la moyenne, il sert vraiment d'ancrage dans le monde de Laptica, et est le premier épisode à lire tout cycle confondu.
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Il était désormais temps pour Ulrich de sortir. Il était réparé, comme disaient les gardes, et il attendait, chaines aux poignets et aux chevilles, devant la porte qui menait à l'estrade où il allait se faire vendre aux enchères dans le quartier Vermeil. La première chose que les potentiels acheteurs verraient, ce serait son front, marqué au fer rouge l'avant-veille, de la marque des voleurs : trois cercles entrelacés et un trait vertical le divisant. Apparemment, ces cercles étaient le blason de l'ancienne Guilde des Voleurs, désormais dissoute, et la barre symbolisait le fait que le voleur avait été attrapé. Les portes s'ouvrirent, et, vêtu de haillons sales, Ulrich s'avança sur le promontoire. En face de lui, une petite dizaine de gens venu assister, et peut-être participer à ces enchères. Ulrich n'avait pas envie de tous les détaillés, et garda le regard rivé sur le sol. La garde qui servait d'esclavagiste prit la parole pour le présenter.
« Mesdames, mesdemoiselles les acheteuses, et messieurs les spectateurs, voici un nouvel esclave repêché par la garde et que nous vous vendons aujourd'hui. C'est un jeune homme des Bas-Fonds, débrouillard et costaud, du moins s'il mange un peu. Très agile, malin, il faudra quand même le dresser un peu. »
Ulrich n'aimait pas du tout être traité comme un bout de viande chez la bouchère, mais alors pas du tout.
« C'est un voleur ! » rugit une cliente
« Certes, chère madame, mais maintenant qu'il est esclave il n'a pas de seconde chance, n'ayez aucune crainte. Les enchères commencent à vingt deniers !
Je prends !
Trente ! »
Les participantes continuèrent de surenchérir encore et encore, jusqu'à ce qu'Ulrich valle cent cinquante-cinq deniers. A ce moment-là, une voix bien plus grave prit la parole.
« Je le prends, pour cinq cents deniers. »
Ulrich releva la tête, et vit que l'ensemble des présents s'étaient aussi tournés vers la source de la voix. Un des hommes de l'assemblée s'était redressé. C'était une grande silhouette encapuchonnée comme on en croisait parfois, et à qui on préférait ne pas trop adresser la parole. Il était vêtu d'un long manteau de cuir, à la fois simple et fonctionnel, rempli de poches, et plus chic que la plupart des robes et des tenues complexes des femmes présentes. Il s'appuyait sur un bâton, très long, lui arrivant aux épaules et terminé par une crosse, mais il ne paraissait pas en avoir particulièrement besoin. A cause du manteau, on ne pouvait voir sa carrure, mais ce devait être un guerrier, puisqu'il portait une épée dans un fourreau à la ceinture. Ce devait donc être le mari d'une femme influente et très riche pour qu'elle l'ait autorisé à porter une arme, ce qui était normalement mal vu, surtout pour un homme. Sous son épais capuchon, on pouvait seulement voir le bas de son visage, c'est-à-dire une barbe, épaisse et brune, tressée avec des sortes de perles.
Ulrich se disait déjà que l'homme allait se faire rembarrer par les femmes, mais en jetant un coup d'œil à la garde, elle paraissait perdue. Elle balbutia puis prit la parole plus fort :
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Contemplations d'un Autre Monde
FantasiLe destin joue bien des tours parfois. Dans un monde nouveau et étrange, six jeunes gens, avant liés, vont devoir trouver leur voie. Ulrich, Sybïl et Styri sont pris en apprentissage par Crepïa, dans les Farlands, l'endroit le plus dangereux de ce...