Chapitre 3 : Des Révélations

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Les semaines qui suivirent le dîner chez mes parents furent remplies de moments partagés avec Nacer. Chaque jour, nous découvrions un peu plus l'un de l'autre. Notre amitié grandissait, et avec elle, une complicité qui semblait presque naturelle.

Un après-midi, alors que le soleil illuminait les rues de Paris, Nacer et moi décidâmes de nous retrouver au parc voisin pour une promenade. Le parc était notre refuge, un endroit où nous pouvions discuter librement et profiter de la tranquillité. Nous marchions lentement, profitant de la chaleur du soleil et de la douce brise.

"Nacer, je ne t'ai jamais demandé," commençai-je, brisant le silence confortable. "Comment as-tu décidé de venir étudier en France?"

Il sourit en regardant devant lui, comme s'il se remémorait un souvenir lointain. "C'est une longue histoire, Soumia. Mais pour résumer, j'ai toujours voulu étudier l'ingénierie, et la France a une excellente réputation dans ce domaine. Mon oncle vit ici depuis des années, et il m'a beaucoup aidé à faire le grand saut."

"Ça a dû être difficile de quitter ta famille," dis-je, empathique. "Je sais que je ne pourrais pas me séparer de la mienne aussi facilement."

"Oui, ça l'a été," répondit-il en hochant la tête. "Mais c'était aussi une opportunité que je ne pouvais pas laisser passer. Et puis, la technologie m'aide à rester en contact avec eux."

Nous continuâmes notre promenade, partageant des histoires de nos enfances respectives. J'appris que Nacer avait une sœur cadette dont il était très proche, et qu'il aimait jouer au football avec ses amis d'enfance. En retour, je lui parlais de mes frères, de nos jeux et de nos disputes, de l'amour et de la protection qui régnaient dans notre foyer.

Ce soir-là, après notre promenade, nous décidâmes de dîner ensemble dans un petit restaurant malien du quartier. Nacer me fit découvrir des plats que je n'avais jamais goûtés auparavant, et nous nous amusâmes à comparer nos cuisines respectives. Entre rires et découvertes culinaires, je sentais notre lien se renforcer.

Quelques jours plus tard, alors que j'étais en train d'étudier dans ma chambre, mon frère Ylies frappa à la porte et entra.

"Soumia, tu as un moment?" demanda-t-il en s'asseyant sur le bord de mon lit.

"Bien sûr, Ylies. Qu'est-ce qui se passe?"

"Je voulais te parler de Nacer," commença-t-il, un air sérieux sur le visage. "Je sais que vous êtes devenus amis, et je voulais m'assurer que tu es prudente."

Je fronçai les sourcils, surprise par son ton. "Pourquoi dis-tu ça, Ylies? Nacer est quelqu'un de bien."

"Je ne dis pas le contraire," répondit-il rapidement. "Mais tu sais comment Papa peut être. Il est très protecteur, surtout avec toi. Je veux juste que tu sois consciente des implications de cette amitié."

Je comprenais ses préoccupations, mais je ne pouvais m'empêcher de ressentir une pointe de frustration. "Ylies, je suis adulte maintenant. Je sais ce que je fais."

Il soupira et me regarda avec un mélange de tendresse et de sérieux. "Je le sais, Soumia. Mais promets-moi juste d'être prudente."

"Je te le promets," dis-je avec un sourire. "Merci de t'inquiéter pour moi."

Ce soir-là, je repensai à la conversation avec Ylies. J'appréciais sa protection, mais je savais aussi que Nacer était quelqu'un de bien. Je décidai de suivre mon instinct et de continuer à explorer cette amitié, tout en restant attentive.

Le lendemain, Nacer et moi avions prévu de passer la journée ensemble. Nous avions décidé de visiter un musée d'art africain, une passion commune que nous avions découverte lors de nos nombreuses discussions. Le musée était un endroit magnifique, rempli de trésors culturels et historiques.

En déambulant dans les salles, nous nous arrêtions souvent pour admirer une sculpture ou un tableau. À chaque arrêt, nous partagions nos impressions et nos connaissances, et je réalisais à quel point Nacer était cultivé et passionné par son héritage culturel.

"Tu vois cette sculpture?" dit-il en s'arrêtant devant une magnifique statue en bois. "Elle représente un ancien roi du Mali. C'est incroyable de voir comment l'art peut transmettre des histoires et des traditions."

"Oui, c'est fascinant," répondis-je en regardant la sculpture avec admiration. "Notre héritage culturel est tellement riche. Cela me rappelle les histoires que ma grand-mère me racontait sur l'Algérie."

Après notre visite, nous nous installâmes dans un café à proximité pour discuter de nos impressions. La conversation prit rapidement une tournure plus personnelle.

"Soumia, j'apprécie vraiment notre amitié," dit Nacer en me regardant droit dans les yeux. "Tu es une personne incroyable, et j'ai l'impression que je peux être moi-même avec toi."

Ses mots me touchèrent profondément. "Moi aussi, Nacer. Je suis contente de t'avoir rencontré."

Cette journée au musée et cette conversation au café marquèrent un tournant dans notre relation. Ce qui avait commencé comme une simple amitié se transformait peu à peu en quelque chose de plus profond, et je sentais que nous étions à l'aube de nouvelles découvertes ensemble.

En rentrant chez moi ce soir-là, je savais que ma vie prenait une nouvelle direction. Avec Nacer à mes côtés, j'étais prête à affronter les défis et à célébrer les joies de cette aventure imprévisible qu'est la vie.

Cependant, malgré toute cette joie, je ne pouvais pas ignorer les tensions qui commençaient à apparaître au sein de ma famille. Un soir, alors que nous étions tous réunis dans le salon, mon père aborda le sujet de manière inattendue.

"Soumia, je voulais te parler de Nacer," commença-t-il, son regard sérieux fixé sur moi. "C'est un garçon gentil, mais je me demande si tu réfléchis bien à cette amitié."

"Qu'est-ce que tu veux dire, Papa?" demandai-je, sentant une boule d'angoisse se former dans mon estomac.

"Je sais que tu es adulte et que tu peux faire tes propres choix," répondit-il. "Mais notre culture et nos traditions sont importantes. Nous avons toujours valorisé le fait de rester entre nous, tu comprends?"

"Papa, je comprends tes préoccupations," dis-je doucement. "Mais Nacer est quelqu'un de bien. Il respecte nos valeurs et notre culture."

"Ce n'est pas seulement une question de respect, Soumia," intervint Lotfi. "Il s'agit de nos traditions et de notre héritage. Le métissage n'a jamais été bien vu dans notre famille."

"Peut-être que c'est le moment de changer les choses," répondis-je, me sentant de plus en plus déterminée à défendre Nacer et notre amitié.

"Nous ne disons pas que Nacer est une mauvaise personne," ajouta Ylies, essayant d'apaiser la situation. "Mais tu dois comprendre les implications de cette amitié sur le long terme."

Les paroles de ma famille étaient lourdes de stéréotypes et de préjugés, et je réalisais combien il serait difficile de les convaincre de voir Nacer autrement que par le prisme de leurs craintes et de leurs traditions.

Après cette conversation tendue, je me réfugiai dans ma chambre, le cœur lourd. Je savais que j'avais un long chemin à parcourir pour faire accepter Nacer à ma famille, mais j'étais prête à me battre pour cette amitié et pour les sentiments naissants que je ressentais pour lui.

Je pris mon téléphone et envoyai un message à Nacer : "On doit parler. Peux-tu me retrouver au parc demain?"

Le lendemain, alors que nous nous retrouvions dans notre endroit habituel, je lui racontai tout. Nacer écouta attentivement, son visage exprimant tour à tour compréhension et inquiétude.

"Je savais que ce ne serait pas facile," dit-il doucement. "Mais je suis prêt à tout affronter avec toi, Soumia. Nous devons juste prendre notre temps et espérer que ta famille finira par comprendre."

Je lui souris, reconnaissante de son soutien. "Merci, Nacer. Je sais que ce ne sera pas simple, mais je crois en nous. Ensemble, nous pouvons surmonter ces obstacles."

Alors que nous marchions main dans la main dans le parc, je réalisai que, malgré les défis, j'étais prête à me battre pour ce que je ressentais. L'amour et l'amitié ne connaissent pas de frontières, et avec Nacer à mes côtés, je savais que j'avais trouvé quelqu'un de spécial, prêt à affronter le monde avec moi.

Soumia & NacerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant