XI - Les raisons d'intervenir

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Les jours suivants, Marinette partagea ses journées entre la distribution de tracts sur les marchés et la restauration des bijoux qu'elle avait achetés aux Puces pour devenir de nouveaux Miraculous. Elle nettoya ses acquisitions, les polit, leur appliqua une couche de produit protecteur et entreprit de compléter celles à qui il manquait des éléments. Une virée dans le treizième arrondissement permit à la jeune fille d'acquérir une vingtaine de boîtes semblables à celles qui avaient abrité les Miraculous du temps de maître Fu.

Les kwamis suivaient son avancée avec intérêt, se réjouissant à l'avance de ne plus avoir à se confiner dans les bagues détestées. Ils exprimaient par des pirouettes aériennes leur joie de bientôt habiter les supports créés à leur intention par une gardienne qu'ils appréciaient particulièrement.

*

Trois jours avant les élections, Adrien, Alix et Marinette se retrouvèrent dans un quartier huppé de la capitale. Ils n'étaient qu'eux trois, Sabrina étant de repos ce jour-là. L'atmosphère y était moins bon enfant que sur les marchés qu'ils avaient fréquentés les jours précédents. Ils n'en furent pas étonnés, car leurs amis les avaient prévenus. Il était assez difficile d'arrêter les passants, et ceux-ci étaient moins réceptifs que d'habitude à leurs arguments. Ils ne se décourageaient cependant pas, désireux de donner le maximum de chances à Caline Bustier.

Ils virent arriver, à l'autre bout du marché, un groupe portant des t-shirts qui les identifiaient comme des supports d'Armand d'Argencourt. Ce n'était pas la première fois qu'ils croisaient l'autre équipe de campagne, et ils s'étaient ignorés lors des occasions précédentes. Ils ne furent donc pas inquiets quand ils virent deux membres du groupe venir à leur rencontre.

— Bonjour, leur lança poliment Marinette quand ils furent à portée de voix.

— Les mômes, fini de jouer, lança l'un d'eux. Vous remballez et vous rentrez chez vous.

— Pardon ? s'étonna la jeune fille estomaquée.

— Tu m'as bien entendu. La politique, c'est sérieux, on n'a pas besoin d'avoir des gamins comme vous dans les jambes.

— Écoutez, le marché est grand, nous pouvons faire nos distributions tranquillement, sans nous gêner, intervint Adrien. Les gens d'ici ont le droit d'avoir accès aux tracts des deux candidats.

— La ferme, toi. Tu prends tes cliques et tes claques, et tu dégages ! Compris ?

— Et si je ne le fais pas ? demanda Adrien sans bouger d'un pouce.

Marinette repéra deux autres militants du même groupe venant dans leur direction. Ils allaient se trouver en infériorité numérique, sans compter que leurs adversaires étaient tous plus grands et plus musclés qu'eux. La situation se présentait plutôt mal. Elle balaya les alentours et évalua les possibilités qui s'offraient à eux.

— Alix, dit-elle calmement, prends les tracts et mets-les à l'abri. Le passage est libre entre l'étal du fromager et celui du marchand de poisson.

— D'accord, répondit sa camarade suivant ses instructions.

— Adrien, continua Marinette, recule et...

Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase. L'un des malabars était en train de foncer vers eux. Par réflexe, elle s'écarta, avant de se tourner pour vérifier si Adrien avait besoin d'aide. Celui-ci avait souplement évité son propre assaillant et lui faisait face, brandissant un concombre qu'il avait récupéré sur un étal.

Marinette n'était pas sortie d'affaire. Son adversaire était sur le point de l'attraper. Elle sauta de côté, s'empara d'une cagette remplie de cerises gâtées qui avait été mise de côté et la jeta dans les jambes de son agresseur. Celui-ci se prit les pieds dedans et glissa sur la bouillie de fruits qui s'était répandue sur la chaussée.

Lis dans mon cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant