Épilogue

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Six semaines après sa disparition, le décès de Gabriel Agreste fut officiellement déclaré par un tribunal. Cela sembla beaucoup soulager Nathalie.

— Il faut encore que nous obtenions une décision de justice pour que je sois la mandataire de tes biens, indiqua Amélie à Adrien. Nathalie et moi les administrerons jusqu'à ta majorité. Comme tu le sais, nous tentons de maintenir tout ce qui peut l'être.

— Nous en avons parlé l'autre jour, se souvint Adrien. Vous voulez faire travailler des stylistes pour sortir des collections et continuer à vendre des objets de luxe sous notre marque. Nathalie m'a montré ce qui allait être présenté lors de la Fashion Week. Je ne lui ai pas encore dit si je voulais défiler, avoua-t-il, encore incertain sur ce qu'il devait faire.

— Nous ne voulons pas que ce soit une pression pour toi, dit doucement Amélie. Si tu le fais, ce doit être pour ton plaisir, pas un hommage ou une obligation morale. Tu n'as pas à nous prouver que tu es un bon fils. Nous savons que tu l'es et que tu as de la peine d'avoir perdu ton père. C'est à ta vie que tu dois penser, maintenant, et faire tes choix en fonction de tes aspirations, pas en sa mémoire ou pour son honneur. Ses collections sont là pour cela, quelles que soient les personnes qui les porteront.

— J'ai peur de le regretter un jour, si je ne participe pas à la dernière collection de mon père.

— Je sais que c'est dur et que Gabriel te manque. Mais, en tant que mère, je peux t'assurer que je ne voudrais pas que mon fils se morfonde si je devais le quitter prématurément. Je sais aussi que ma sœur voulait ton bonheur. Épanouis-toi. C'est le plus beau cadeau que tu puisses leur faire.

— Tout va bien pour moi, Amélie. Je suis très reconnaissant de tout ce que vous faites pour moi, avec Nathalie.

— Ce n'est rien. Nous sommes heureuses de voir que tu tiens le coup et que tu es soutenu par tes amis. Cela profite à Félix, aussi, ce dont je te remercie du fond du cœur. Je sais que c'est compliqué entre vous, qu'il a des torts, mais il sera toujours de ton côté, Adrien, sois-en persuadé.

— Il a beaucoup changé, reconnut Adrien. Et il s'entend bien avec mes amis, analysa-t-il pour être un peu plus positif.

— C'est en partie grâce à toi. Tu aurais pu les mettre en garde contre lui, mais tu ne l'as pas fait.

— J'ai une petite amie qui pense que tout le monde a le droit à une seconde chance, répondit Adrien, qui était conscient de l'influence que Marinette avait eue sur lui.

— C'est une jeune fille extraordinaire, approuva Amélie.

— Oh oui, confirma Adrien avec un sourire ravi.

— Que penses-tu faire, d'ici la rentrée ? s'enquit sa tante. Voudrais-tu partir un peu ? On peut aller à la mer, ou à la montagne, si tu préfères.

— Je ne sais pas, répondit-il peu enclin à quitter Paris et sa bien-aimée.

— En attendant que tu aies une idée, je voudrais avoir ton avis sur un aménagement. Je trouve que la cour est mal exploitée. Et ce cénotaphe pour ma sœur derrière la maison... Elle détestait les cimetières, et elle m'a toujours dit qu'elle ne voulait pas de tombe.

— C'est vrai qu'elle n'aimait pas trop les cérémonies ou les commémorations, se souvint Adrien. C'était trop sérieux pour elle. Je ne vais pas souvent voir sa statue. Il me suffit de penser à elle pour avoir l'impression qu'elle se tient près de moi, avoua-t-il en rougissant.

— Moi aussi, lui confia doucement la jumelle de sa mère. Et quand je pense à elle, j'entends sa joie de vivre, je la vois virevolter. Elle détestait rester immobile. Cette statue lui ressemble si peu... Tu... Tu aurais une objection à ce que nous la déplacions et la mettions dans un endroit plus discret ?

Lis dans mon cœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant