Chapitre 5 - De nouveau

2.2K 74 61
                                    

    Gabriel raccrocha et se maudit. Pourquoi avait-il accepté ? Parce qu'une petite voix lui avait dit que, si Jordan acceptait à son tour, alors il le reverrait ? Sûrement. Il en avait envie, même s'il le niait. Pourtant, il avait rembarré son rival, et l'avait laissé en plan dans ce local. Il aurait pu le plaquer contre le mur et l'embrasser, mais ça aurait été mal vu par le jeune militant du RN.

    Le Premier Ministre soupira et mit sa tête dans ses mains. Voilà plus d'une semaine qu'il imaginait ce genre de scénarios lorsqu'il était en sa présence, lorsqu'il le voyait, lorsqu'il l'entendait. Il le détestait, et l'appréciait un peu trop en même temps. Il avait l'impression que sa vie était faite de contradiction. D'un côté, il détestait Jordan pour son insolence, son franc-parler, et en même temps il adorait tout ça. Mais s'il commençait à éprouver des sentiments pour lui, ce n'était pas bon. Gabriel n'avait aucune envie d'être amoureux d'un homme qui n'était pas de son bord. C'était plus douloureux qu'autre chose.

    À présent, il fallait qu'il attende le vendredi soir, et heureusement, il était en déplacement toute la semaine pour visiter pleins de lieux, donc il ne penserait pas beaucoup à son ennemi.

Le vendredi soir

Le Premier Ministre n'avait pas du tout envie d'y aller. Il devait y être pour dix-neuf heures, il était dix-sept heures trente, et il n'était même pas prêt. Il avait essayé, durant quatre jours, de ne pas penser à lui, mais non. Son cerveau en avait décidé autrement, peu importe ce qu'il faisait et où il était, il ne pensait qu'à Jordan. Quelqu'un mangeait ? Il pensait à Jordan. Un homme en costard de dos ? Il pensait à Jordan. Un homme le draguait – parce que oui, il y en avait qui ne se gênaient pas –, il les éconduisait parce qu'il ne pensait qu'à Jordan. Et il se détestait pour ça, parce que ce soir, il allait le revoir, et il n'était pas prêt à ça. Mais il avait un engagement à tenir, et loin de lui l'idée de poser un lapin à la journaliste qu'il appréciait.

Gabriel se leva, se prépara, et partit à dix-huit heures. Il serait un peu en avance, une chance alors puisqu'il ne verrait sûrement pas le jeune homme de sept ans son cadet.

Enfin dans sa loge. Il se fit maquiller, se fit coiffer, et il fut prêt. Il ne l'avait pas croisé, et son ventre se tordit à l'idée de le revoir. Que Gabriel détestait ce sentiment... l'amour ? Était-ce de l'amour ? Il ne savait même plus. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait plus ressenti ça. Depuis son ex-compagnon, Stéphane Sejourné, il n'avait plus eu d'aventures. Même d'un soir. Il était focalisé sur son travail, faisant des voyages dans la France, ayant des réunions avec le président, visitant les départements, les régions, pour en savoir plus sur le peuple, pour savoir ce dont ils avaient besoin.

— Monsieur Attal, ça va être à vous, le prévint une jeune femme.

Gabriel lui lança un regard et acquiesça, se levant. Il avait les jambes tremblantes et les mains moites. Il allait passer un mauvais moment, il le savait, mais il devait se concentrer sur le programme, et c'est tout ce qui était important ce soir.

Il suivit la jeune femme qui l'emmena sur le plateau. Là, était déjà installé Jordan Bardella. Son cœur se réchauffa mais son visage resta fermé. Il le revoyait enfin après quatre jours. Il ne le suivait pas sur les réseaux, sinon ça aurait été bizarre, et il ne regardait jamais ses posts. Il avait peur de sombrer dans la folie, et pourtant, il avait l'impression que c'était déjà le cas.

— Monsieur Attal, le salua Jordan.
— Monsieur Bardella, répondit Gabriel faiblement.

Anne-Sophie Lapix les accueillit alors, et le débat pu commencer.

Gabriel avait le visage fermé, tandis que Jordan lui lançait des petits sourires en coin, et ses yeux se plissaient, amusés. Ils débattaient, se lançaient des piques, comme d'habitude, mais Gabriel tentait de ne pas sourire, de ne pas répondre aux provocations, de ne pas le laisser entrevoir ses émotions. Mais ce fut dur. Le regard du Premier Ministre ne quittait pas celui de Bardella, et inversement. Ils avaient l'impression d'être dans leur bulle, de répondre machinalement. Tout ce qu'ils voulaient, même s'ils le nieraient, c'était d'être ensemble. De se retrouver.

— Merci pour ce débat, monsieur Bardella, monsieur Attal, dit alors Madame Lapix.

Leur bulle éclata, et ils pensèrent « déjà ? ». Ils se regardèrent, Jordan un sourcil haussé, et Gabriel le regard perdu.

— Ce fut un plaisir, Madame Lapix, répondit Jordan, sans lâcher Gabriel des yeux.
— De même, souffla Gabriel.

Oh, il imaginait déjà les montages le lendemain, mais il s'en fichait. Là, tout de suite, ce qu'il voulait, c'était se rapprocher de Jordan Bardella. Au diable ce qu'il lui avait dit quelques jours plus tôt. Le débat, ce soir, avait été... plaisant. Ils s'étaient écoutés, avaient échangé dans le respect, et il savait que son rival avait fait exprès. Son petit sourire en coin, tout au long de ses monologues, l'avait déstabilisé. Jordan savait ce qu'il faisait. Et le pire, c'est qu'il le faisait bien.

Une fois dans sa loge, il respira un grand coup et se prit les cheveux dans les mains. Il fallait qu'il parte d'ici avant qu'il fasse une bêtise. Gabriel se dépêcha de rassembler ses affaires, et il sortit du bâtiment. Il prit un taxi qui le ramena chez lui, et une fois dans son domicile, il put enfin respirer tranquillement. Il était à présent loin de Jordan, et il avait évité le pire. Il alla sur les réseaux sociaux, mais eut envie de jeter son téléphone lorsqu'il vit sa tête et celle de Bardella sur Tik Tok. Ils allaient vite, ces monteurs.

Il entendit son téléphone vibrer deux fois. Il redouta l'expéditeur. Mais heureusement, c'était deux messages du président.

De : E. Macron
Bonsoir Gabriel, très bon débat ce soir, vous avez été superbe. Bonne soirée à vous.

J'oubliais, mais lundi matin nous avons réunion à 9h30. N'oubliez pas. Bon week-end.

Une réunion... sûrement à propos des législatives qui arrivaient déjà à grands pas. C'était déjà la semaine prochaine. Le cœur de Gabriel s'emballa. Si le RN passait, qu'allait-il devenir ? Et si Renaissance passait, est-ce que Macron l'embaucherait de nouveau ? C'était compliqué de se dire qu'il avait seulement travaillé six mois pour Macron. Son téléphone vibra une nouvelle fois, et, pensant que c'était le président de nouveau, il regarda. Mais ses yeux s'écarquillèrent en voyant le message et son destinataire.

De : J. Bardella
Déçu que tu sois parti si vite. Tu ne veux toujours pas me voir ?

Gabriel contracta sa mâchoire. Non, il n'avait pas envie de le voir. Il n'avait pas envie de s'attacher à lui alors qu'il allait probablement lui voler sa place dans deux semaines. Il ne voulait pas ça.

À : J. Bardella
Non.

Il se changea et se mit dans son lit. Il espérait ne plus jamais le revoir.

——————

Petit Gaby est perdu :(
Chapitre tranquillou, parce que le meilleur arrive hihi. Merci les médias pour les débats que vous organisez, c'est un plaisir à chaque fois mdrr
Le prochain chapitre arrive juste après celui-là, parce que c'est bientôt les législatives et j'ai envie de vous faire plaisir avant qu'on n'est plus de croustillant à se mettre sous la dent !
Des bisous 😘

Apprends-moi [Bardella x Attal]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant