Les interviews avec France Bleu et TF1 s'étaient bien passées. Après la dernière, la boule au ventre, Gabriel fut conduit jusqu'à l'Élysée, où l'attendait Emmanuel Macron. Ses mains étaient moites et tremblaient, et avant de lui serrer la main, il les essuya discrètement sur son pantalon.
— Bonjour Gabriel.
— Monsieur le Président.Toujours les mêmes répliques. Un ton strict, un regard froid. Il ne savait pas ce qu'il se passait. Mais il avait bien peur, et un mauvais pressentiment le prit au ventre.
Ils passèrent les magnifiques couloirs du bâtiment avant de s'arrêter dans le bureau du Président. Gabriel détestait cet endroit, beaucoup trop étroit et strict.
— Bien, nous sommes à deux jours des élections législatives. Nous avons tout fait pour contrer le RN, j'espère que ça marchera, dit le Président.
— Je l'espère aussi, monsieur.
— En êtes-vous sûr ?Son regard ennuyé et ses sourcils froncés le mirent mal à l'aise. Il avait l'impression d'être jugé. Qu'avait-il fait ?
— Comment ça, monsieur ? J'ai appelé à faire barrage également, j'ai... j'ai envoyé des messages sur les réseaux, j'ai décrédibilisé Jordan... Bardella !
Il contracta la mâchoire, sous le stress et la colère, il avait bafouillé et avait failli se griller tout seul.
— En effet, en effet. Mais c'est comme tout, mon cher Premier Ministre. Les réseaux sociaux ne reflètent en rien la réalité. Où étiez-vous ce matin ? Joffrey ne vous a pas trouvé chez vous.
— Je m'occupais de mon petit frère avant de partir à la radio, expliqua Gabriel, d'un ton sans appel.Emmanuel Macron le dévisagea une nouvelle fois, et Gabriel sentit l'agacement monter. Le président fouilla dans un de ses tiroirs et en sortit une photo.
— J'ai reçu cela, ce matin.
Oh non. Trois images. Une où l'on voyait Gabriel se diriger vers une Audi noire, une où on le voyait s'engouffrer dans la voiture, et une dernière où on voyait clairement que le conducteur était Jordan Bardella. Le Premier Ministre déglutit difficilement.
— Vous allez me dire que c'était pour un débat en tête à tête, cette fois ? demanda Macron d'un ton réthorique. Je comprends mieux pourquoi vous sembliez ailleurs, ces derniers temps.
Tout s'était passé si vite. En quinze jours, Jordan et lui s'étaient rapprochés, s'étaient détestés, s'étaient pardonnés...
Gabriel garda le silence, sentant son cœur pulser à travers tout son corps, ses oreilles bourdonnant. Est-ce que si la France entière savait, Jordan resterait ? Ou nierait-il ? Voire pire : le quitterait-il ?
— Je ne sais pas qui vous a dans le viseur, mon cher Gabriel, mais il a réussi à déceler ce que tout le monde voulait savoir : votre relation ambiguë avec le président du Rassemblement National. Le président ! s'exclama-t-il, perdant son sang froid.
Il tapa du poing sur la table et Gabriel sursauta. Il gardait cependant la face. S'il avait réussi à le faire devant celui qui faisait battre son cœur durant les débats, il pouvait le faire devant le Président.
— Ça ne pouvait pas être quelqu'un d'autre que notre ennemi ?! s'emporta Macron, sondant Gabriel de ses yeux furieux. Je comprends mieux certaines choses... tous ces édits qui, je pensais, n'étaient que l'imagination débordante des français, ou vos pensées qui étaient ailleurs...
Gabriel ne dit toujours rien, attendant la sentence. Ces photos, qu'allaient-elles devenir ? La personne qui les avait envoyées ne l'avait pas fait pour rigoler.
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Apprends-moi [Bardella x Attal]
Fiksi PenggemarJordan Bardella va peut-être devenir le nouveau premier ministre. Cependant, il n'y connaît pas grand-chose. Alors il va demander à son rival de l'aider : Gabriel Attal.