Chapitre 1 - La dissolution de l'Assemblée Nationale

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— Après avoir procédé aux consultations prévues à l'article 12 de notre constitution, j'ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote. Je dissous donc ce soir l'Assemblée Nationale.

Le choc pour près de 66 millions de français. Il allait falloir revoter, il allait falloir relire les programmes, se coltiner toutes les vidéos, les interviews, tous les reportages, pour savoir pour qui voter le 30 juin et le 7 juillet prochain.

    Jordan, entouré de Marine, sa tante, ainsi que de ses collègues, avait un léger sourire aux lèvres. Macron avait cédé : il avait dissout l'assemblée. Il s'en doutait, mais l'annonce lui avait fait quelque chose. Si, lors des législatives, le Rassemblement National repassait en tête, alors Jordan deviendrait Premier Ministre, à la place de Gabriel Attal.

    Le jeune homme fronça brièvement les sourcils. Il allait prendre la place de Gabriel Attal. Mince, il ne pensait pas que ça lui ferait autant plaisir. Une victoire. Il espérait en avoir une de plus le 7 juillet.

— Eh bien, Jordan, je suis fière de toi ! s'exclama Marine en le prenant dans ses bras.
— Merci, dit Jordan en lui souriant.
— Espérons que tu sois premier ministre, ça changerait beaucoup de choses.

    Il ne répondit pas. Son ventre se noua. Il aimerait être un bon premier ministre. Il était bon oralement, il savait ce qu'il faisait, même si beaucoup de gens étaient contre lui, les chiffres ne mentaient pas : ils avaient voté pour lui. Mais être à la tête d'un pays, c'était énorme. Enfin, à la tête... il se comprenait. Ces derniers jours, il avait plus vu Gabriel Attal à la télévision qu'Emmanuel Macron. Ce qui, étrangement, ne lui déplaisait pas. La voix d'Attal lui plaisait, même s'il détestait ses idées, il fallait admettre que le jeune homme, de sept ans son aîné, était doué en débat. Lors de celui de France 2, Jordan s'était régalé. Cependant, une fois l'émission finie, les deux hommes ne s'étaient pas adressés la parole et s'étaient perdus de vue, dans les locaux.

— Allez tout le monde, c'est une victoire pour nous ! dit Marine, heureuse. Allons fêter ça !

    Jordan grimaça. Ils allaient boire des coups, et il n'était pas d'humeur à la fête, même s'il était bien content d'avoir eu la majorité aux européennes.

— Sans moi, merci, lâcha-t-il.
— Qu'est-ce qui t'arrives Jojo ? demanda Marine, inquiète.
— Rien, je suis fatigué, c'est tout. Et si je dois devenir Premier Ministre, il vaut mieux que je sois en forme pour demain et que j'aie beaucoup d'idées.
— Tu as bien raison, approuva la blonde. Dors bien.

    Jordan salua ses compères et se dirigea en-dehors des locaux. Une fois à l'extérieur, il leva la tête vers la lune. Elle était couverte par les nuages. L'air frais lui fit cependant du bien. Les mains dans les poches, il resta là un petit moment.

— Comment puis-je devenir un bon Premier Ministre ? soupira-t-il.

    C'était une de ses peurs récentes. S'il devenait Premier Ministre, il aurait beaucoup de choses à faire, beaucoup de choses à s'occuper, à penser. Les déplacements, les rendez-vous, les prises de paroles, les assemblées... il se passa une main dans les cheveux. Il était bien content, d'être ici, à cette place, et évoluer lui ferait du bien. Mais à quel prix ? Sera-t-il à la hauteur des attentes ?

    Bouleversé, il monta dans sa voiture et se dirigea chez lui. Tout en conduisant, il réfléchit. Il n'y avait pas de tutos, ou de TikTok pour apprendre. Il eut alors une idée, mais elle n'était pas brillante. Et il y avait une chance sur deux qu'elle marche.

    Arrivé chez lui, Jordan sortit son téléphone de sa poche arrière et alla dans ses contacts. Il appuya sur l'un d'eux et ouvrit la messagerie. Il se passa une nouvelle fois une main dans les cheveux et souffla un coup. Si quelqu'un apprenait ce qu'il allait faire... c'était risqué, pour les rumeurs, les médias, si sa tante savait ce qu'il allait faire... il ne préférait pas y penser.

À : G. Attal
Bonjour,
est-ce possible de se parler en privé ? Je souhaiterais te demander quelque chose. Il faudrait que personne ne soit au courant.
Merci,
J. Bardella.

    Lorsqu'il appuya sur « envoyer » il regretta instantanément. Quelle idée de merde. Mais Gabriel ne décevait jamais personne, même s'il y avait des rumeurs entre le président et lui, cela ne regardait en aucun cas Jordan, et il n'y croyait pas, tout simplement. Faisant les cent pas dans son salon, Jordan attendit une réponse. C'était impossible qu'il dorme, à cette heure-ci. Surtout avec ce qu'il venait de se passer. L'heure était grave, pour l'équipe d'Emmanuel Macron.

    Son téléphone vibra, et le cœur du politique rata un battement. Il regarda son téléphone. Il avait répondu.

De : G. Attal
Bonjour, on se tutoie maintenant ? De quoi veux-tu me parler ? Et où veux-tu m'en parler ?

    Eh bien, lui qui avait formulé ses phrases de façon correcte, Gabriel ne sembla pas se soucier de la forme de ses messages. Il décida de l'appeler, tout simplement. Ça irait plus vite, et il avait la flemme de sortir maintenant.

    A la quatrième sonnerie, ça décrocha.

« Eh bien, tu en as mis du temps, dit Jordan.
— J'ai hésité à prendre ton appel, avoua Gabriel, sincère.
— Je m'en doute, marmonna-t-il.
— Bon, de quoi tu veux me parler ? Et pourquoi faut-il que ce soit secret ? » demanda le Premier Ministre.

    Son impatience fit sourire le brun. Sa voix calme et posée lui avait manqué.

« C'est délicat, grimaça Jordan.
— Tu as peur ou je rêve ? plaisanta Gabriel, un sourire dans la voix.
— Non, répondit sèchement Jordan. Est-ce que tu pourrais m'aider à devenir un bon Premier Ministre ? »

    Il y eut un long blanc, et Jordan se demanda si son interlocuteur n'avait pas raccroché.

« Pardon ? reprit Gabriel après quelques secondes.
— Je vais peut-être, je dis bien peut-être devenir Premier Ministre le mois prochain. J'aimerais des conseils. »

    Il se sentit rougir, et il se sentit ridicule sur le moment. Un tel acte de faiblesse...

« Eh bien, c'est inattendu, souffla Gabriel. Tu fais un pacte avec l'ennemi, tu n'as peur de rien.
— N'abuse pas. Je me prépare à te voler ta place, je te signale.
— On verra ça le mois prochain. Si tu perds, on aura fait tout ça pour rien.
— J'aurais appris, c'est l'essentiel, renchérit Jordan en serrant la mâchoire.
— Au moment où tu perdras, j'espère être là pour voir ça.
— Bon, c'est d'accord ou pas ? s'impatienta le plus jeune.
— Oui, je me ravis de te voir perdre, répondit Gabriel avec un rire mesquin.
— Tu acceptes vraiment ? s'étonna Jordan.
— Oui, après tout ne dit-on pas qu'il faut être proche de ses amis, mais encore plus de ses ennemis ? »

Jordan haussa les sourcils, mais un sourire sincère naquit sur ses lèvres.

« Super. Je te donne mon adresse, on se donne rendez-vous demain à 17h.
— Parfait. À demain. »

    Et il raccrocha. Ils s'étaient peut-être un peu emportés, il n'empêche qu'Attal avait accepté. Un sourire victorieux vint prendre place sur le visage de Jordan. Il avait déjà hâte d'être demain.

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Boom le premier chapitre ! Il y a forcément des erreurs mais ce sont des facilités scénaristiques, hein ! Je me doute bien qu'Attal et Bardella n'ont besoin de personne mdrrr
Allez, bisous les loulous 🫶🏻

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