Creepy Soulmate

4 - ROSE-MARY

« Les pires douleurs sont celles procurées par la familles. »
Inconnu.

ROSE-MARY

— Tu l'as déjà annoncé à tes parents ? Me demande Alice.

Mes parents.

Quand elle me pose cette question, je sens mon cœur qui commence à battre assez vite. Je sens que le malaise s'installe en moi et j'ai du mal à contenir les signes de celui-ci.

Je me suis crispé instantanément et j'ai commencé à jouer avec ma paille et ma tranche d'orange en la fixant.

Le problème c'est que je ne sais pas comment leur annoncer sans que ça devienne une affaire d'Etat.

Ils vont être horribles avec toi.

Il est assez compliqué d'avoir une conversation avec eux sur mon mode de vie actuel. Lorsque je leur ai annoncé que je quittais le domicile familial, j'ai cru qu'ils allaient s'effondrer sur place, tous les deux en même temps. Depuis, je ne suis jamais plus revenue.

Mes parents sont très pratiquants, mais pas comme on pourrait l'imaginer. Leur foi va au-delà des simples rituels religieux, imprégnant chaque aspect de notre vie de manière stricte. Depuis notre plus jeune âge, ils nous ont inculquées que le plaisir est un péché.

« Restes chaste avant le mariage, c'est important pour dieu. »

En tant que fervents croyants, ils ont six enfants. Je suis la deuxième de la famille. J'ai un grand frère et le dernier est un garçon. Les autres sont des filles, ce qui fait de moi la plus grande des filles. Ce n'est pas de tout repos.

Leur dévotion religieuse est omniprésente, mais il y a toujours eu des choses que nous, les enfants, ne comprenions pas entièrement. Il y avait des silences lourds de sens qui planaient après certaines discussions entre adultes. Leurs pratiques sont entourées de non-dits, des traditions familiales qui semblent ne jamais être complètement expliquées.

Vivre sous leur toit signifiait suivre des règles strictes qui, pour eux, étaient une évidence. Mais pour moi, cette ambiance pesante incessante a été le catalyseur de mon besoin de partir, de découvrir le monde par moi-même, loin de cette ombre intrigante qui plane sur notre famille.

Parce que le pire, c'est que ça m'attirait et je n'avais pas envie d'être attirée par ça.

— Non pas encore, j'attends encore un peu. Ma mère a déjà du mal avec le fait que je sois partie de la maison. Dis-je en sirotant mon verre.

Mes parents m'ont toujours fait comprendre que j'étais un peu le vilain petit canard de la famille, car je ne suivais pas les règles. Je ne rentrais pas dans leurs codes. En même temps, quelqu'un de sain d'esprit ne devrait pas rentrer dans leurs codes.

Je les vois déjà me sermonner sur le fait qu'il ne soit pas pratiquant.

C'est fatigant.

— Tu vas devoir leur dire à un moment donné. Me lance Sam.

— Bientôt, de toute façon, je sais très bien leurs réactions. Ils n'ont jamais voulu que je me marie avec un homme qui n'est pas comme eux. Puis c'est pour ça qu'on est parties de là-bas...

Sam me regarde et ne sait pas si elle doit renchérir ou passer à autre chose. Finalement, elle s'abstient et vient finir son verre de Spritz. Les heures s'enchaînent et les conversations avec les filles aussi. Sam se plaint de la façon dont son professeur de son prof de Génétique.