7 - ROSE-MARY

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ROSE-MARY









18h45
Appartement Rose-Mary.





Après avoir pris ma douche dans un état second. Je sors de la salle de bain, les cheveux encore humides, et me dirige vers la cuisine. L'appartement est silencieux, une atmosphère pesante que même la lumière chaude des lampes ne parvient pas à dissiper.

J'ouvre le réfrigérateur, cherchant quelque chose à me préparer, mais rien ne semble appétissant. Mon estomac se tord de culpabilité, l'image du sans abris et de l'homme me hantant sans cesse.

Comment est-ce que je peux penser à manger après ce que j'ai vu ?

Je sors quelques ingrédients par habitude – des œufs, des légumes – mais mes mains tremblent légèrement.

Ne commence pas.

Je commence à couper des tomates, mais chaque coup de couteau résonne étrangement, me rappelant le son horrible de cette nuit. Mes pensées se brouillent et une sensation de nausée monte en moi.

J'aurais dû faire quelque chose.

Pourquoi je n'ai rien fait ?

Je pose le couteau, mes doigts se serrant autour du bord du comptoir pour me stabiliser. Les larmes montent à nouveau, et je sens ma respiration devenir irrégulière. Les images défilent devant mes yeux fermés, et la culpabilité pèse lourdement sur mes épaules.

Il est mort, et moi, je suis là, à essayer de faire une omelette.

Quelle égoïste... c'est pathétique...

Je laisse tomber les tomates dans l'évier et m'appuie contre le mur, prenant de profondes respirations pour me calmer. Le bourdonnement du réfrigérateur est le seul bruit qui remplit l'air.

C'est effrayant.

Je prends mon téléphone et hésite un moment.

Dénoncer le meurtre. Oui, bien sûr.

Et comment tu vas t'y prendre ?

Je ferme les yeux, imaginant la scène dans ma tête, me parlant toute seule comme pour essayer de rendre ça plus concret.

Bonjour, je voudrais signaler un meurtre que j'ai vu il y a quelques jours. Dis-je en regardant le téléphone sans rien taper.

Je secoue la tête, me moquant de moi-même.

Bonjour, je voudrais signaler un meurtre d'un sans-abri dans une ruelle, mais je n'ai pas vu le visage du tueur.

Ouais, super début. Comme si ça allait les convaincre.

Je prends une grande inspiration et continue mon dialogue, essayant de m'encourager.

J'ai vu un homme poignarder quelqu'un. C'était terrifiant.

On dirait une gamine.

Je fais une pause, imaginant la réaction de l'agent de police.

Et vous l'avez signalé immédiatement ? Dis-je en prenant une autre voix.

Je me crois dans une pièce de théâtre. Je fronce les sourcils, sachant que c'est là que ça coince.

Non... En fait, je suis une grosse mauviette, j'ai paniqué et je suis partie en courant. Enfin, non, j'ai regardé puis je suis partie en courant.

Creepy SoulmateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant