Partie 5

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Je me demande pourquoi il n'aime pas ses parents et ça m'angoisse un peu. Qu'est-ce qui a pu faire que Loan, pourtant si gentil, ne les aime pas? Ce dernier presse ma main.

« Mon cygne, il y a deux ou trois choses que tu dois savoir avant d'arriver. D'abord, ne parle pas de ma sœur, mes parents l'ont renié et ne la considère plus comme leur fille, commence-t-il. Ensuite, je veux t'avertir d'avance, ils sont superficiels, très superficiels. Ils vont sans doute te juger, si jamais c'est trop dur pour toi, fais-moi signe et on s'en va. On ne reste qu'une demie-heure, d'accord? »

Comme toute réponse, j'hoche la tête. On marche en silence jusqu'à la maison de ses parents. Là-bas, c'est silencieux. On entend les oiseaux chanter et le vent souffler. Le gazon est vert partout et extrêmement bien entretenu. Je ne vois pas un seul pissenlit.

C'est triste, en même temps, parce que les mauvaises herbes, comme on les appelle, font partis de la nature. Et puis, je trouve que c'est beau les pissenlits. Pareil pour les trèfles. J'adorais essayer de trouver un trèfle à quatre feuilles quand j'étais jeune (ce que je n'ai jamais réussi) et souffler sur les pissenlits. Nous arrivons devant une maison faite de briques grises, identique à toutes celles que l'on vient de passer.

« C'est là, m'annonce Loan. »

Ma respiration s'accélère et j'essaie de cacher mes mains tremblantes. Je n'avais même pas remarqué qu'elles tremblaient! Loan ouvre la porte.

« Maman? Papa?

-    Loan! Disent ceux-ci en s'approchant de nous.

-    Je vous présente, Melody, ma petite-amie. »

Ça fait bizarre de l'entre m'appeler sa petite-amie. Les parents de mon « petit-ami » me sourient sèchement avant de me dire un hypocrite enchanté. Les mains tremblantes dans celles de Loan, je leur réponds la même chose, d'une voix particulièrement basse.

Nous passons devons eux pour rejoindre la salle à manger et je regarde autour de moi. La maison est propre, tellement que j'ai l'impression de la salir en étant là. Quelques fausses plantes traînent sur les meubles, mais ce sont les seules décorations dans la maison. L'habitat dégage une froideur et une indifférence qui font battre mon cœur à une vitesse effroyable. Je sers la main de Loan tellement fort que mes jointures sont blanches. Je ne me sens pas à l'aise. Ses parents me jugent et j'ai l'impression que quoique ce soit je fais, j'aurai l'air d'une empotée. C'est justement pour ces sentiments que j'évite de rencontrer de nouvelles personnes habituellement. Mais je voulais tellement faire plaisir à Loan... je ne ferai que l'embarrasser au final. La salle à manger est identique au reste de la maison : hostile et sans vie. À la table en bois franc se trouve celui que je présume être Adam, le frère de Loan. Celui-ci se lève, un grand sourire au lèvres.

« Alors, c'est toi qui as gagné le cœur de mon frère! S'exclame-t-il d'un ton joyeux, moi qui croyais qu'il allait rester célibataire toute sa vie! »

Sa présence soulage mon anxiété un peu. Il est chaleureux et drôle, j'aurais aimé que le reste de sa famille le soit aussi. Loan embrasse le haut de ma tête et m'invite à m'asseoir à côté de lui.

« Et toi, tu es en couple, peut-être? Réplique Loan, ce qui me fait rire délicatement.

-    Non, mais...

-    C'est ça que je pensais. »

Les deux frères continuent à se chamailler tandis que je les observe en riant. J'aurais aimé avoir un frère ou une sœur pour avoir une relation comme ils ont. Les parents des garçons arrivent, amenant avec eux une salade et des vinaigrettes. La nourriture a l'air particulièrement délicieuse, mais le stress m'a coupé toute trace d'appétit.

Chacun se sert et attendent tous quelque chose. Perdue, je regarde avec interrogation Loan. Ce dernier prend ma main en dessous de la table et me murmure à l'oreille qu'il faut attendre que son père commence à manger. Son souffle chaud contre ma nuque réveille des sensations inconnues dans mon ventre, me faisant oublier ce qu'il venait tout juste de dire. À la première bouchée du père, tout le monde prenne leurs ustensiles et commencent à manger. J'en fait pareil, ma main toujours accrochée à celle de Loan.

« Alors, me demande celui qui semble être le maître de la maison, comment vous êtes-vous rencontrés vous deux?

-    On s'est rencontré au piano public, raconte celui qui fait battre mon cœur en déposant sa main sur ma cuisse pour laisser mes deux mains libres, elle chantait incroyablement bien.

-    De ce que je comprends, tu es musicienne? Me demande la mère, un rictus de dégoût collé à son visage.

-    Hum... euh... pas... vraiment... mais... euh... j'aime bien la musique. »

J'essaie de ne pas bégayer, mais mes insécurités étant revenues en force, j'ai du mal à parler. La caresse de la main de Loan sur ma cuisse me donne toutefois le courage nécessaire.

« En fait, hum... je viens d'être embauchée dans un magasin de musique au centre-ville aujourd'hui. »

Les réactions sont diverses. Les parents de Loan sont horrifiés, Adam me dit que c'est super cool comme boulot et Loan s'étouffe avec sa nourriture. J'avais oublié que je ne lui en avais pas parlé.

« Oh. J'imagine que tu vas à l'université, donc. En quoi étudies-tu?

-    Euh...

-    Melody ne va pas à l'université, me sauve Loan, mais ce n'est pas ça l'important, je me trompe? »

Sa voix est menaçante et accusatrice. Je comprends que c'est un sujet de dispute régulier chez eux.

« Eh bien, réplique son père, je trouve que c'est plutôt important de ma part. Tu ne peux pas être le seul à subvenir à votre vie, ce n'est pas très juste. »

Loan fulmine de colère et pour ma part, je me sens extrêmement mal. Ce n'est pas faux ce que dis le père de Loan, je ne l'aide pas du tout à payer les dépenses de notre cohabitation.

« Je ne suis pas le seul. Comme Melody vient de le dire, elle travaille dans un magasin de musique et subvient autant que moi aux dépenses.

-    Elle fait quoi, le salaire minimum? Elle n'est pas faite pour toi, Loan. »

Mon cœur se serre. Je ne pensais pas qu'il m'accepterait, mais j'avais quand même un tout petit espoir de rien du tout. Et se faire dire en pleine face que je ne suis pas à la hauteur fait toujours mal, peu importe si tu t'y attendais ou non. Les larmes aux yeux, je fais mon possible pour ne pas les laisser couler. Je n'ai jamais été acceptée dans la vie, pourquoi je croyais que cette fois-ci serait différente? Loan se lève brusquement, les yeux lançant des éclairs. J'aurais moi-même peur de lui si j'étais à la place de ses parents.

« Je ne permets pas que vous parliez de ma petite-amie ainsi. Je l'ai choisi, j'aurais espéré que vous fassiez de même. Viens, on s'en va, Mely. »

Après cette tirade prononcée d'une voix sèche et irritée, Loan prend ma main et me dirige hors de la maison. Ses parents et son frère nous suivent, silencieux et sous le choque. Au bord de la porte, son père reprend la parole.

« Tu peux sortir avec cette pute si tu veux, mais viens pas nous quémander quoique ce soit. »

***
Coucou!

Je ne sais pas vous, mais moi, je déteste les parents de Loan, ouach! Le prochain chapitre arrive dimanche sans faute. Je sais que je suis un peu en retard pour ce chapitre... ok, un peu beaucoup, mais je ne le serai plus, promis.

Passez une belle journée!

Lexa

Piano publicOù les histoires vivent. Découvrez maintenant