Partie 4

78 8 9
                                    

Je suis émerveillée. Je ne peux pas quitter le paysage de mes yeux. C'est tellement beau. Je n'ai jamais vu rien de semblable. On dirait une peinture, tout est trop parfait. Ça ne peut pas être réel.

Je reste ébahie devant ce chef-d'œuvre pendant que Loan me regarde souriant. Je ne peux pas bouger. Je ne mérite pas de toucher cette merveille. J'ai l'impression que si je ne faisais que le frôler de la pointe de mes doigts, tout se fissurerait et disparaîtrait.

Devant moi se trouve un champ. Un champ de coquelicots. Les pétales rouges par terre ont l'air de faire des kilomètres de long. Jamais je n'ai vu autant de coquelicots réunis à un seul endroit. Si je pouvais, je resterais toute ma vie, là, à contempler cette merveille. Jamais je ne me tannerai d'observer ce trésor incomparable.

« Tu viens? »

Je sursaute, me rappelant que je ne suis pas seule. Loan me tend la main, le sourire aux lèvres. Il semble lui aussi émerveillé, mais pas par les fleurs. Je lui fais un grand sourire, heureuse et reconnaissante pour l'une des premières fois de ma vie. Je n'ai jamais rien senti de semblable. Je prends sa main et nous nous dirigeons paisiblement dans le champ de coquelicots.

Arrivés proche du début du champ, je m'accroupis devant les feuilles et frôle leurs pétales du bout de mes doigts. Loan s'assoit à côté de moi doucement.

« Tu peux les toucher, tu sais? Elle ne vont pas mourir si tu les touche. »

Je lui souris et les touche avec moins d'inquiétude. Pas trop quand même. Elles sont si fragiles. Mais si fortes en même temps.

Depuis que je suis toute petite j'adore les coquelicots. Ils ont une signification particulière pour moi. Je sais ce que représente cette fleur, bien évidemment, mais je n'associe pas le coquelicot à sa signification, mais plus à comment je l'ai découvert.

J'avais quatre ans à cette époque. Je vivais avec ma maman dans la campagne. Une journée, on était allée magasiner ma mère et moi et elle m'a acheté un pot de coquelicots rouges. Les semaines suivantes, j'ai pris soin de mes coquelicots et leur ai donné beaucoup d'amour, cela avec l'aide de ma mère. Seulement, ma maman a fini par quitter ce monde quelques temps après et ce souvenir est le seul qu'il me reste de cette merveilleuse époque. Je m'ennuie souvent d'elle, mais les coquelicots me la rappellement et me permettent de ne plus sombrer.

Malheureusement, je n'ai jamais eu un pot chez moi depuis, car je ne peux pas en acheter un, ce serait une dépense inutile et irréfléchie.

« Tiens, me dit Loan, une fleur dans la main, elle est magnifique, comme tu l'es.

Il approche sa main de moi et dépose le coquelicot derrière mon oreille. Je lui souris, les joues en feu, mais touchée. Comment peut-il être aussi mignon et gentil? Mes yeux se perdent dans les siens. Je me sens tellement bien en ce moment. J'ai l'impression d'être au paradis. En une semaine seulement, il est devenu mon tout. Je n'imagine même pas ma vie sans lui, sans cette étincelle de joie qui m'habite lors de chacune de nos interactions. Il est le seul à réussir à me faire rire et profiter du moment présent.

Je me sens si bien avec lui, je ne me sens plus brisée et morte, je redeviens vivante.

Je ne fais pas de crise de panique quand il est là.

Je ne veux plus mourir quand il est là.

Je suis juste vivante.

« Tu as faim? Dit-il en me tendant un sandwich. »

Je lui souris et prend le sandwich. Je meurs de faim. Loan sort les crudités et me donne ma boisson. Nous mangeons d'abord en silence, puis la conversation démarre. On parle de tout et de rien et on rit.

« Donc j'étais là, tout dégoulinant de boue, et elle m'a sauté dans les bras, en disant qu'elle avait eu peur pour moi! Elle a sauté dans mes bras remplie de boue! C'était vraiment drôle, raconte-t-il pendant que je ris, elle regrettait tellement après que je lui aille dit que j'étais juste parti chez un ami. »

-    Elle a l'air cool, ta sœur.

-    Oui, elle l'est vraiment. Et toi, tu as des frères ou sœurs?

-    Non, je suis enfant unique. »

Quand j'étais jeune, je rêvais d'avoir un frère et une sœur pour jouer avec eux quand j'étais toute seule, puisque ma mère était très occupée. Cette envie s'est faite plus présente encore quand je suis partie vivre chez mon père. Avec du recul, par contre, je me rends compte que c'était peut-être mieux pour tout le monde que je sois enfant unique.

Une fois que l'on a finit de souper, nous ramassons et je cueille quelques fleurs pour en faire un bouquet que je dépose ensuite dans mon sac. Loan se relève et me tend la main. Ensemble, main dans la main, nous nous avançons doucement dans le champ. Sa main est douce et chaude. Les fleurs caressent mes jambes nues. Ma robe vole dans le vent, qui, lui, souffle dans mon visage et fait voleter mes cheveux libres. Le soleil couchant rend le champ encore plus féerique qu'il l'était déjà.

Je commence à rire de bonheur et je tourne sur moi-même, les bras dans les airs, appréciant cette liberté et cette sérénité. Loan me rejoint et nous dansons au milieu des fleurs. À voix basse, je me mets à chanter une douce mélodie que me chantait ma mère quand on se promenait que toutes les deux. Ma voix devient plus confiante et elle envahit le champ. Je me sens libre, comme si j'étais un petit oiseau qui prenait son tout premier envole pour le vrai monde.

À bout de souffle, je tourne sur moi-même une dernière fois et je me laisse tomber au sol. Loan s'assoit à côté de moi et, prise d'une soudaine gratitude, je l'enlace de mes bras. J'enfonce ma tête dans son cou et je me mets à pleurer. Je suis tant reconnaissante et heureuse.



« Merci, merci pour tout, Loan.




-    Merci à toi... mon cygne. »





***

Merci, merci, merci! J'ai presque atteint les 200 vues!! Et ça, c'est grâce à vous! Alors, je vous remercie vraiment beaucoup.

Je tiens à remercier ma première abonnée:Xella33720 Je vous invite à aller voir son histoire, elle est super.

Merci à ViVi_I3 ma deuxième abonnée.

Et finalement, merci à tous les lecteurs qui lisent mon histoire.

À la semaine prochaine,

Lexa

Piano publicOù les histoires vivent. Découvrez maintenant