Partie 2

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Je le déteste. Je le déteste tellement. Tous mes traumatismes, tous mes enjeux, toute ma vie a été détruite par lui. Pourtant, malgré ma haine envers lui, il reste une toute, toute, petite partie de moi qui reste attaché à lui, au peu de moments joyeux que j'ai vécu en sa compagnie.

Ça reste que j'aurais tellement voulu aller à l'université. Rien que pour savoir ce que ça fait. Je me force à continuer ma route, les yeux rivés par-terre. Ça me prend environ une heure de marche pour me rendre au centre principal de l'organisme. De chez moi, c'était seulement quelques minutes de marche.

J'aurais pu demander à Loan d'y aller avec moi en métro ou en bus, mais je ne voulais pas pour deux raisons, la première étant de ne pas lui prendre de l'argent encore. La deuxième, la principale, est de ne pas vouloir lui expliquer pourquoi. Je sais que je devrais lui raconter mon passé, mais à chaque fois que je me dis que je suis capable et que je me sens prête, je renonce. J'ai trop peur. J'ai trop peur de sa réaction. De ma réaction.

Je passe devant le centre-ville, bondé de passants profitant de leur fin de semaine ensoleillée. J'aurais faire comme eux, mais je n'arrive pas à être entourée d'inconnus lorsque Loan n'est pas avec moi. Techniquement, il devrait être avec moi, là, en ce moment, comme tous les autres dimanches, mais il a commencé un stage il y a quelques jours. Il le fait dans une clinique de santé mentale proche du centre-ville. Sa journée finie en milieu d'après-midi et après, il est supposé venir me rejoindre au piano public.

Je décide de m'arrêter devant le petit magasin de musique. J'y vais plutôt souvent, simplement pour observer ces merveilles. J'entre dans le magasin et me promène tranquillement en regardant autour de moi. Mes pas m'amène au majestueux piano qui semble le roi du magasin. Je caresse l'instrument du bout de mes doigts, émerveillée.

« Puis-je vous aider? me dit une voix féminine en me faisant sursauter. »

Je me retourne et je sursaute une fois de plus à la vue d'Amira, l'amie de Loan. Cette dernière semble elle aussi très surprise de me voir.

« Oh Melody! Je ne t'avais pas reconnue de dos. Comment vas-tu?

- Bien, merci, je lui dis en rougissant. »

Elle continue à me parler en me montrant différentes pièces que je n'ai jamais vu. On entre dans une grande pièce et elle m'explique que son patron l'utilise comme salle de classe. Amira m'explique qu'elle prenait des cours ici quand elle était plus jeune avec la femme de son patron et c'est pour ça qu'elle travaille désormais là.

« Malheureusement, je vais bientôt commencer un stage et je ne pourrai plus travailler ici. D'après-moi, ça va bientôt fermer ou être vendu, ce qui m'attriste énormément. Mme Oumarou était tellement gentille! J'étais dévastée quand j'ai appris son décès. Pauvre M. Oumarou, il est tout seul et commence à devenir vieux pour s'occuper d'une boutique comme celle-ci tout seul.

- Mais qu'est-ce que tu racontes, Amira? Dit une voix grave et cassée. »

Je me retourne vers cette voix et reconnais l'homme auquelle elle appartient. J'ai l'ai souvent vu au piano public à écouter les gens jouer.

« Je suis tout à fait apte à m'occuper de ma petite boutique. Cesse de raconter des bêtises et va chercher des biscuits pour notre invitée. Et vous, chère invitée, venez vous installez dans un endroit plus chaleureux. »

Amira me fait un petit sourire et lance un regard bienveillant sur l'homme avant de partir par une petite porte. Je suis le vieil homme jusqu'à une petite pièce toute mignonne. Il m'invite à m'assoir sur un sofa tout doux et rempli de coussins colorés. M. Oumarou est petit, le dos courbé, la peau foncée et le visage rempli de vécu. La peine de la perte de sa femme est marquée sur son visage, même si je pense peut-être ça, puisque je sais qu'il l'a perdue. Ça reste que son histoire est marquée sur son visage, histoire que je rêve de savoir, sans trop savoir pourquoi.

Il s'assoit difficilement sur un autre canapé et je me dis que ce qu'Amira m'avait dit est probablement vrai. Comment fait-il pour gérer cette boutique à son âge? Il commence à tousser et je me pétrifie, inquiète. Amira arrive quelques secondes après et lui donne une tasse de thé.

« M. Oumarou, êtes-vous correct? Ne venez pas me dire que je n'ai pas raison! Vous avez besoin d'aide pour gérer cette boutique! Qu'allez-vous faire sans moi, M. Oumarou? Je ne peux pas vous laisser tout seul.

- Amira, ma petite, cessez de vous inquiétez pour moi. Vivez votre vie et ne vous en faites pas pour moi. Vous en avez fait bien assez.

- Je trouverai quelqu'un pour me remplacer, soyez-en certain.

- Hum, je commence incertaine, j'aimerais bien... je veux dire... je suis disponible pour aider, monsieur, si vous cherchez quelqu'un. Et, hum... je m'y connais bien en musique... »

Une fois proposée, je regrette tout de suite mon offre. Comme s'il allait m'embaucher, alors que mes seules compétences en musique sont celles que j'ai apprise moi-même. Sauf qu'étonnement, le vieil homme me sourit et ses yeux s'illuminent.

« Bonne idée! s'exclame Amira en tapant dans ses mains. Melody serait parfaite pour ce travail. Elle est super gentille et excellente musicienne d'après mon meilleur ami. »

Je rougis à l'idée que Loan ait parlé de mon piano à Amira. Cette dernière me fait un clin d'œil et M. Oumarou semble encore plus enthousiaste.

« Je le sais, ma petite Amira, je l'ai déjà vu jouer au piano public. D'ailleurs, Melody, saviez-vous que le concept du piano public a été créé par ma femme? Elle est malheureusement décédée avant de pouvoir rendre son projet réel, donc je me suis chargé de le faire à sa place, me raconte-t-il avec émotion. Je suis sûr qu'elle serait contente de voir des talentueuses artistes comme vous jouer dessus. Les artistes qu'elle préférait était toujours ceux qui démontraient leurs émotions à travers leur musique. Je radote, excusez-moi. Mais bien sûr, je serais heureux de vous engager en tant qu'employée. Donnez-moi votre numéro et je vous rappellerai pour vous dire quand commencer. »

Je n'en reviens pas. Ça fait des jours que je cherche un travail et là, sous le coup du hasard, j'ai mon métier de rêve? Tout ce que je veux présentement, c'est de le dire à Loan. Mon bonheur se voit sans doute sur mon visage, car Amira vient me prendre dans ses bras et M. Oumarou me sourit gentiment.

***
Hello!

Comment allez-vous?

J'ai l'impression que ça fait mille ans que je n'ai pas publié! Je m'ennuie de quand je publiais toutes les fins de semaine, mais je suis tellement occupée que c'est mieux comme ça.

Passez une belle semaine!

Lexa

Piano publicOù les histoires vivent. Découvrez maintenant