Shamsi

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"Ce n'est pas la destination qui compte, mais le voyage."
~ Ralph Waldo Emerson ~






                                     Sépia.





DAHAB, ÉGYPTE
24 AVRIL 2006


Le sol tremble et se dérobe sous mes pas. En face de moi, cet homme si familier qui m'a donner naissance. Cet homme si doux et tendre qui s'arme d'un fusil. Cet homme si courageux qui détient au creux de ces mains tremblantes, la mort. Cette dualité entre l'homme tendre et doux qui m'appelle « shamsi » et cet objet qui est le prolongement de la mort.

L'homme qui m'a élevée, éduquée, forgée, aimée. Il est réduit à la peur car oui. Malgré les apparences d'homme courageux, fort, se trouve un être humain qui vie, ressent. Un être humain qui mesure la menace qui plane sur sa famille.

Car cet être humain qui semble si apeuré se lève. Ma mère pose sa délicate main sur le sommet de mon crâne et le caresse. En bas, il y a des cris et des coup de feu. Tout c'est dérouler tellement vite. On a pas eu le temps de penser ou de dire quoi que ce soit qu'on était mort. Qu'on était de vulgaire dommage collatéraux.

Parce que c'est comme ça la vie.

Les puissants s'imposent.

Les faibles subissent.

Et personne ne bouleversera l'ordre des choses.

Mais moi, quand je serais grande je me battrais. Je combattrais ceux qui ose causer du trouble à ma famille, ceux qui ose me prendre pour une faible. Ceux qui m'ont opprimer. Pour qu'enfin l'opprimer devienne l'oppresseur. Pour qu'enfin, cette lueur de désespoir dans le regard de mon père, s'évanouisse. Pour qu'enfin je redevienne son soleil. Pour que j'illumine sa vie comme il illumine la mienne.

Il baisse alors son regard vers nous, ma mère et moi, au sol, apeurées. Désespérée. Mais son regard nous implore. Il nous implore... d'espérer. Du désespoir à l'espoir. Il n'y a qu'un pas. Il fait un pas vers nous, puis il s'approche plus rapidement. Il se baisse à notre niveau. Sa première paume se pose sur ma joue, son regard est tendre. Aimant. Puis sa deuxième paume se pose sur la joue de ma mère. Il l'a regarde amoureusement, fièrement. C'est un regard amoureux qu'il lui lance. Un regard chanceux. Puis il se tourne de nouveau vers moi. Son pouce caresse doucement mon visage.

Un bruit sourd se fait entendre. Nous nous cachons de nos bras tandis que mon père se jette sur nous. Son poids nous protège tandis que des débris de plafond s'échouent sur nos corps endoloris. Le bruit passé fait relever mon père. Il nous regarde de nouveau et j'écarquille les yeux lorsque ses joues s'humidifient. C'est une nouvelle facette de mon père que je découvre alors. Celle d'un homme qui a peur. Celle d'un homme qui n'est plus si impénétrable qu'il ne le fait paraître.

Sa paume se pose chaleureusement de nouveau sur ma joue tandis que des pas se font entendre dans notre maison. Dehors, des cris, des tirs. Du sang. Du rouge. Encore ce rouge. Puis de nouveau le visage douloureux de mon père. Et ses traits bronzés qui se balade sur nos deux visages. Puis il me murmure:

- Ça va aller, shamsi (mon soleil).

La porte s'ouvre brutalement sur des monstres cagoulés, notre calvaire commence...

DaliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant