17 décembre 1943 à Paris
Eliott,
Je pense qu'espacer nos lettres est une bonne idée, même si je serais plutôt d'avis d'arrêter pendant un petit moment, du fait que tu es surveillé. C'est pour ça que j'ai mis du temps pour cette lettre, je ne veux pas que tu sois en danger mon Eliott. Pour ce qui est de mon corbeau, je ne suis pas sûr qu'envoyer le Noir soit une bonne idée, il est assez agressif, et je ne suis pas sur que ton père te croit encore si tu lui dis que ta jeune amoureuse t'envoie des lettres parfumées à la rose, portée par un gros oiseau de malheur qui croasse aussi fort qu'un chat au bord de l'agonie. Si jamais j'ai besoin d'une réponse rapide, je viendrais directement chez toi, je n'ai pas encore oublié le chemin.
Je suis désolé pour Mia, si je pouvais je viendrais la serrer moi-même dans mes bras pour la consoler. J'ai toujours adoré ta sœur... Pauvre enfant emportée dans les camps... Il faut que nous prenions nos précautions Eliott, je refuse de te voir devenir une créature inhumaine, poussiéreuse, qui, à force de travailler, ne tiens pas même sur ses genoux, et qui n'est bonne qu'à être envoyée à la mort. C'est horrible n'est-ce pas ? C'est comme ça qu'un nazi décrivais une jeune femme juive qu'il avait mené à la mort dans la matinée. Il en riait bien ce carnassier, et je ne pouvais que serrer les dents et les poings et passer mon chemin. Quelle barbarie ensevelie notre pays Eliott, qu'avons-nous fait pour que Dieu nous punisse de cette horrible façon ? Je crois que je vais rejoindre ton frère George, dans la Résistance. Je suis jeune et en bonne condition, et j'ai une raison de me battre ! Je me bats pour nous Eliott, un jour peu être nous ne serons plus vus comme des monstres aux yeux du peuple, nous serons à nouveaux des humains comme les autres et nous pourrons sortir dans la rue, main dans la main, sans être criblés de regards dégoutés et répertoriés grâce à un petit triangle rose accrochés à nos vêtements. Tu vas sans doute penser que c'est une mauvaise idée, et mes parents feront tout pour te donner raison, sans savoir qui tu es, mais je dois le faire, je dois me battre. George sera d'accord avec moi, lui !
Pour ce qui est du prénom, et bien.. D'accord, va pour Angelina mon cher Marc, même si ton arrogance de te trouver plus masculin que moi me déplait !
J'utilise mon prénom une dernière fois, au revoir mon Eliott,
Ruben.
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Correspondance épistolaire interdite entre deux adolescents normaux.
RomanceRuben et Eliott sont amoureux. Mais s'aimer alors qu'on est du même sexe, en 1943, c'est dangereux. Voila pourquoi Rubis, la tourterelle d'Eliott, voyage si souvent pour que les deux jeunes hommes puissent avoir une relation, même si elle n'est qu'é...