12 Janvier 1944 à Paris

Angelina,

Je m'excuse de ma précédente lettre : j'étais paniqué et j'ai tenu des propos déraisonnables. Je crains par contre que Maman n'ai pas changé d'idée, et que les préparatifs de notre voyage soient en cours. Elle ne m'en a pas reparlé, mais elle n'a que de cesse de m'envoyer des regards interrogatifs et profonds, comme si elle m'accusait de je ne sais quelle bêtise que j'avais commis. Bien sur, elle attend une réponse. Mais je ne sais pas si je dois lui dire oui... D'un côté, tu as raison, elle risquerait de parler à mon père si je refusait, mais de l'autre... Partir avec elle serait sans doute un danger que je pourrais m'éviter. Je doute encore, et il me faudra sans doute encore un peu de temps pour m'y faire.

Parlons de choses plus joyeuses ! Le mois de janvier est un mois que j'aime beaucoup ! Le treize janvier, nous fêterons les treize ans de ma chère petite sœur ! Le dix-huit, c'est l'anniversaire de George, et le vingt, le mien !

Maman dit toujours que le mois de janvier est son mois, celui ou elle a eu ses enfants, le plus beau mois de l'année ! Avec un peu de chance, George sera à la maison pour ses vingt-et-un ans, et il restera pour mes seize ans !

Je tenais d'ailleurs à te remercier, grâce à toi j'ai pu acheter un cadeau pour Mia ! Une jolie robe bleue qui lui ira à merveille, et qui, je l'espère, la fera pleurer de joie ! Quand nous étions petits, j'adorais offrir des cadeaux à Mia car elle pleurait tout le temps de joie, me prenait dans ses bras et souriait jusqu'aux oreilles ! Maintenant, ma sœur est devenue quelqu'un de bien triste, elle pleure souvent, mais pas de joie, et cela assombrit mes pensées. J'aime penser à Mia en imaginant une fillette joviale et heureuse qui gambade non loin de Maman tandis que George et moi partons à l'aventure dans le jardin ! Je me souviens même que, étant petit, nous avions un vieux chien appelé Chef, et mon père nous posait sur son dos et le faisait trotter dans la cour... Mon père à bien changé, comme nous tous...

A bientôt ma chérie, Marc.

Correspondance épistolaire interdite entre deux adolescents normaux.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant