CHAPITRE 26 - ILLUSION ?

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Kim Taehyung, 24 ans,

Juillet 2024, Seoul.


Le cœur lourd, les palpitations suivant le rythme de ma respiration effrénée. Dire que ces mots ne me coûtent pas serait un mensonge, j'ai honte de les avoir prononcés, comme s'ils me définissaient maintenant. Ils font partie de ce que je suis devenu, l'une des pierres constituant l'édifice de ma vie, même si je ne l'ai pas choisie. On prend tous des directions différentes, les chemins sont nombreux et celui que j'ai malencontreusement emprunté est semé d'embûches en tout genre. Je ne suis pas fier de toutes ces fioritures, pourtant je ne peux pas les retirer, elles sont comme un tatouage gravé dans ma peau. Si je les enlève, j'ignore aujourd'hui qui pourrait se cacher en dessous, je ne suis plus personne sans elles.

Je n'ai peut-être prononcé ces mots que dans ma tête et il ne les a pas entendus. Le silence m'accueille, brisant l'espoir d'avoir rêvé mes paroles. Timidement, mes yeux remontent de ses jambes à son torse bercé par le mouvement de son souffle, puis à son visage figé dans le vide. Ses prunelles sont perdues dans le vague, préférant le mur derrière moi aux miennes. Ses lèvres sont toujours gonflées et rouges, contrastant avec la pâleur de ses joues qui ne marquent aucun trait rieur. Il n'a pas seulement retranché ses émotions dans un coin de son esprit, il s'est déconnecté, n'exprimant plus rien d'autre qu'une expression neutre et lisse. Même les cheveux qui lui entravent la vue ne le perturbent pas, il reste immobile, glacé par mes mots.

Je ne sais pas si je dois continuer de parler, lui raconter ce qui s'est passé, si je le veux, s'il est prêt à l'entendre, si je serais capable de le dire à voix haute. Je n'ai jamais évoqué ce sujet avec qui que ce soit, j'ai appris à intérioriser, à conserver toutes ces secousses qui saisissent mon être et finissent par me coller telles une seconde peau.

— C'était à un événement, le lancement d'une nouvelle collection, commencé-je en triturant mes doigts qui attirent soudainement mon attention. Tu sais, c'était celle de l'entreprise qui venait d'ouvrir leur première boutique physique à Seoul ? Ils ne font que des costumes très chics.

Il se fiche probablement de ces détails qui n'importent peu, mais ils m'aident à structurer mon discours, à aborder le sujet en douceur, en espérant que je ne me braque pas. Ce n'est pas une histoire de confiance parce que je lui confirais ma vie. Cette discussion, ce courage, cela se passe entre moi et moi-même.

— Je me rappelle de ce que je portais, c'était un costume cintré dans les tons beiges. Je m'étais dit en me regardant dans le miroir qu'il me donnait des allures de Vincenzo*, tenté-je de rire. Il y avait de nombreux invités dans la boutique, le champagne coulait à flot et les amuses bouches étaient excellents. Je passais une bonne soirée.

Avant ce jour-là, je n'appréhendais pas les fêtes, j'éprouvais même de l'excitation à rencontrer de nouvelles personnes, à me sociabiliser. Je n'ai jamais eu de difficulté à faire connaissance, à me sentir à l'aise en société. C'est ce qui m'a valu de nombreux commentaires de la part des Dumiz disant que j'étais toujours celui qui allait vers les autres.

EODUM - Bedmates [TAEKOOK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant