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1. TW : Perte de repère, dépression, suicide.

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EZIA.

6 mois plus tard.

Comme tous les matins depuis bientôt un an, le réveil aux alentours de six heures du matin ne me réussi pas. Malheureusement, je n'ai pas le choix. Depuis que papa n'est plus là, je suis la seule capable de m'occuper des corvées difficiles en dehors de Skylar. Alors je m'habille sans broncher et me dirige d'un pas mécanique vers les écuries. J'ai de la chance : tous les bâtiments liés à notre exploitation sont regroupés sur un seul et même terrain, celui où se situe notre résidence principale. Je n'ai donc pas longtemps à marcher pour atteindre mon objectif.

Un mauvais frisson parcourt mon corps. Ce matin, il fait un froid de canard alors je remonte la fermeture éclair de mon manteau et enfonce le plus possible ma tête dans le col polaire. Bientôt, la neige recouvrira toutes les feuilles mortes que je n'ai pas eu la force de nettoyer. Elle effacera toutes les traces de l'automne pour donner vie à l'hiver, la période la plus compliquée de l'année. Ici, à Whichina, il n'est pas rare que la neige tombe en grande quantité malgré ce que pensent les étrangers. Pour eux, le Texas rime forcément avec chaleur et soleil alors que la réalité est tout autre, surtout dans les terres situées au nord.

Styx sur les talons, je me dirige vers la grange d'un pas rapide. C'est ici, sous cette vielle bâtisse rouge que se situent les écuries. L'hiver, tous nos animaux dorment à l'abri du froid et les chevaux, autant que les poules ne font pas exception à la règle. Chacun d'eux possèdent son propre boxe, où ils peuvent manger, boire et se reposer. Ma brouette en main, je distribue les rations à nos protégés tout en veillant à ce que chacun d'eux ne manque de rien.

Les petits hennissements de bonheur qu'ils me lancent à chaque portion de nourriture distribuée me remonte le moral. J'adresse des caresses à chaque cheval qui passe son nez par dessus sa porte pour me saluer. Tous ont l'habitude de me quémander quelques petites attentions. Tous, sauf Cyrion, le vieux Quarter Horse de mon père. Depuis son décès, il ne s'approche plus de la porte de son boxe, il n'hennit plus lorsqu'il me voit arriver. C'est comme si, ce jour-là, le cheval était mort avec lui. Complètement surréaliste, je sais. Cela n'empêche que les animaux savent parfaitement quand les choses changent. Ils savent mieux que personne comment interpréter nos gestes, nos mots. Cyrion sait que son maître est parti et qu'il ne reviendra pas, tout comme Styx, notre Berger Allemand. À la différence que lui, il ne se laisse pas mourir à petit feu.

- Tu devrais manger – lance-je au cheval en me penchant par dessus la porte de son boxe.

Il ne réagit pas, même pas une oreille. Ma gorge se noue. Je déteste le sentiment d'être impuissante lorsqu'un événement m'échappe. C'est douloureux et ça me rappelle à quel point les choses ne sont plus comme avant. Pouvais-je réellement m'attendre à autre chose ?

- Je vais te remettre de l'eau. Ça va aller.

Je quitte Cyrion pour me diriger vers le point d'eau principal de la grande : une sorte de robinet posé à même le mur grâce auquel je peux remplir toutes sortes de récipients tels que des bidons ou encore les arrosoirs qui me permettent de noyer les pauvres balconnières de ma mère. Je place un sceau sous le robinet avant de l'ouvrir. Enfin, j'essaie, plutôt. L'extrémité du robinet est complètement gelé et ce n'est clairement pas avec le peu d'énergie que j'accumule depuis mon réveil que je vais parvenir à mes fins. Mais Cyrion a besoin de boire. Il faut qu'il boive, ce n'est plus un besoin, c'est une nécessité vitale pour sa santé. Alors je force, encore et encore, jusqu'à ce que le robinet cède. Manque de bol pour moi, une fois complètement dégelé, le mécanisme tourne à fond. Un immense jet d'eau glacé immerge du tuyau, arrosant littéralement tout sur son passage. Je me retrouve trempée jusqu'aux os, complètement dépitée.

Butterfly EffectOù les histoires vivent. Découvrez maintenant