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TW : Harcèlement, violences physiques et psychologiques.

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EZIA.

Cher journal,

Cette nuit, c'est encore arrivé. J'ai rêvé de lui.

J'espérais que les médicaments donnés par la pharmacienne m'aideraient à effacer mes rêves.

J'espère pouvoir dormir sans me réveiller à cause de ce cauchemar infini,

Mais ce n'est pas le cas.

Mon rêve s'est empiré.

Cette fois-ci, je suis parvenue à rattraper mon père sur le haut de la colline. Mais quand j'ai réussi à lui prendre la main, son visage jusqu'alors si paisible, s'est décomposé devant moi. Le temps a tourné à l'orage, la foudre s'est abattu sur le saule pleureur.

J'ai reçu des morceaux de sa peau sur ma robe.

Son sang a giclé sur mes joues.

Je n'ai jamais autant hurlé que cette nui-là.

Je pensais pouvoir passer un cap grâce à ces pilules mais ce n'est pas le cas. Je suis condamnée à vivre avec ce cauchemar pour le restant de mes jours.

- - - - 🦋  - - - -

Je ferme mon vieux journal en l'enroulant dans sa ficelle avant de le fourrer au fond de mon sac. Les yeux rivés sur le paysage qui défile à grande envergure, je pique plusieurs fois du nez avant d'arriver jusqu'au lycée. Je ne me suis jamais sentie aussi mal depuis que je fais ce rêve. Et me dire que ce n'est pas prêt de s'améliorer me fou littéralement le moral dans les chaussettes.

La matinée s'est déroulée comme toutes les précédentes. Lentement, de manière cruelle, trop cruelle pour ma pauvre santé mentale déjà bien entachée. Cette semaine, c'est la deuxième fois que je me prends un avertissement par ma professeure de science car je somnole dans son cours. Mais nous sommes déjà en novembre, pourquoi s'y prend t-elle maintenant pour me pourrir la vie ? Cette vieille pot à un train de retard me concernant. Et si elle pense que ma mère va me sermonner à propos du fait que je pique un somme durant les heures scolaires, elle se fourre le doigt dans l'œil. Ma mère ne sait même pas ce que je fais, ni ce que je deviens, depuis pratiquement neuf mois.

- Ezia !

Je claque rageusement la porte de mon casier tandis que Judith se rapproche de moi. Adossée contre le métal, j'attends patiemment le retour de ma meilleure amie, les sens en alerte. Et ça ne manque pas : arrivée à mon niveau, Judith se jette dans mes bras.

- Oh Ezia, tu m'as tellement manqué ! - me lance t-elle d'une voix douce en caressant les pointes de mes cheveux, toujours attachés en queue de cheval.

Un léger sourire se dessine aux coins de mes lèvres.

- On s'est quitté il y a une heure, Judy.

Elle s'écarte et feint un malaise, la main sur son cœur.

- C'était la minute de trop !

Je secoue doucement la tête, hilare. Plus tard, je me retrouve à l'observer tandis qu'elle me raconte comment s'est déroulé son cours de mathématique. Judith est une fille intelligente vouée à faire de grande étude. Douée dans pratiquement toutes les matières, dont les sciences, nul doute qu'elle sera accepté dans toutes les universités qu'elle désire. Tout mon contraire. Déjà parce que je déteste les sciences mais en plus parce que je ne partirais pas. Jamais. Qui s'occupera du ranch si je venais à quitter la ville ? L'idée que la propriété se retrouve sur le marché de la vente me donne la nausée.

Butterfly EffectOù les histoires vivent. Découvrez maintenant