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TW : Dépression, harcèlement, homicide volontaire.

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EZIA.

- Deux avertissements par Mme Mayfield pour somnolence cette semaine.. et une bagarre dans la cafétéria. Sans parler de vos résultats qui sont en chute libre depuis l'année dernière..

Les yeux rivés sur l'extérieur, j'observe les gouttes de pluie glisser le long de la vitre, le visage figé. À l'extérieur, l'orage gronde. Les éclairs illuminent la pièce, le son colérique du tonnerre fait trembler les murs, l'eau coule en abondance. Quant est-il de l'intérieur ?

Le regard méprisant lancé par Skylar ne quitte pas mon esprit. Depuis que j'ai mis les pieds dans le bureau de la surveillante, un nouveau sentiment est associé à son nom. Celui de la trahison pure et simple. Elle s'ajoute à un mélange mélancolique guidée par cette tristesse infinie, celle liée au fait de l'avoir perdu pour de bon. En s'associant à Mona – de manière plus intime parlant – Skylar a donné son âme au diable. Il sait à quel point cette fille me fait souffrir depuis mon entrée au lycée. Comment peut-il concevoir qu'elle est plus méritante que moi, sa sœur adorée ? 

Sans parler que ça fait des mois que je n'ai pas eu de ses nouvelles.. c'est la goutte d'eau qui fait déborder un vase déjà plein. 

- Si tu continues sur cette lancée, tu n'auras plus aucune perspective d'avenir. Tu comprends, Ezia ?

Jusqu'à présent, la surveillante en cheffe ne m'apprend rien de ce que je sais déjà. Elle, en revanche, ne sait pas que j'ai décidé d'arrêter mes études après le lycée. De toute manière vu mes piètres résultats dans les matières scientifiques mon rêve de devenir vétérinaire me passe aisément sous le nez. Hors c'est le métier que j'ai toujours souhaiter exercer. C'était aussi son rêve à lui, quand il était gamin. Je me souviens encore du jour où je lui ai annoncé que j'aimais trop les animaux pour faire autre chose de ma vie. Il était tellement fier de moi. 

Je réprime un sanglot incontrôlé rien qu'en y repensant. Ce n'est pas le moment de craquer. Pas maintenant. Pas alors que je suis dans ce putain de bureau, à écouter Mme Finley me réprimander comme devrait le faire ma mère. 

- Je sais que c'est compliqué pour toi depuis..

Piquée à vif, je repose mes yeux sur elle en sursautant. Un nouvel éclair jaillit dans la pièce plongée dans une pénombre dominante. Mme Finley m'observe me relever sans piquer mot, clairement surprise par mon élan qui pourrait s'apparenter à de la fuite. Est-ce de la fuite ? On dirait bien que oui. Vous le savez aussi bien que moi, la fuite est toujours la solution la plus appropriée dans ce genre de situation. 

Mme Finley ne représente rien à mes yeux. Elle n'est qu'une forme d'autorité parmi tant d'autre. Je ne veux pas de sa culpabilité, encore moins de sa pitié. 

- Non – la coupe-je en attrapant mon sac à dos souillé - Vous ne savez rien [...] Vous êtes comme tous les autres, vous ne pouvez pas comprendre.

Tout le monde croit savoir ce que je ressens mais personne n'en est capable. 

Personne n'est en mesure de me comprendre,

Ou bien en mesure de m'aider. 

Ils ne sont pas à ma place. Personne ne l'est. 

Et personne ne le devrait. 

La surveillante, nullement blessée par mes propos, pousse un petit soupir tandis que je lui tends ma main. Elle finit par glisser mon carnet de correspondance le long de son bureau en chêne massif. 

Butterfly EffectOù les histoires vivent. Découvrez maintenant