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TW : Trouble du comportement,  folie, psychose, homicide volontaire.

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CÔME.

- Votre problème n'est pas un problème. Le problème c'est votre attitude vis-à-vis de votre problème. Vous comprenez la nuance M. Torrance ?

Nonchalamment installé sur ma chaise, les pieds posés sur la table, j'observe maître Stevenson exécuter des allers-retours incessants, amusé. Je me demande comment cet homme fait pour avoir autant d'énergie : du haut de son mètre cinquante, ses forces devraient le quitter plus rapidement vous ne pensez pas ? À moins qu'il puise directement ses ressources dans la terre vu qu'il est plus proche du sol que la plupart des terriens. C'est une excellente question.

Mon nain préféré me jette un petit coup d'œil discret, probablement en attente d'une potentielle réponse concernant le sujet du jour : ma fête d'anniversaire qui a dérapé.

- Non j'vois pas.

Le visage de mon avocat esquisse une grimace avant d'ouvrir la bouche puis de la refermer aussitôt. En ma présence, maître Stevenson sait qu'il doit peser ses mots. Un pet de travers et je pourrais facilement devenir son pire cauchemar. Il en a pleinement conscience, c'est évident. Avant d'accepter de travailler pour moi, il a lu mon dossier. Il sait à quel point je peux vite déchanter à cause de mes nerfs taillés à vif.

- M. Torrance.. on en revient toujours au même point.

Le quarantenaire s'approche de la table en métal pour tirer une chaise afin de s'y asseoir. Il pose les mains sur la surface lisse tout en gardant les yeux rivés sur moi. Droit comme un piquet, il ressemble à un élève modèle en attente d'une récompense pour bon comportement. Heureusement que les cernes dessinées sous ses yeux gris et les quelques rides qui bordent son front lui permettent de rattraper son physique digne d'un gamin de seize ans.

Mon avocat se racle la gorge avant de se pencher dans ma direction. Son visage trahi la nervosité qui le ronge de l'intérieur. J'aperçois même une goutte de sueur qui perle le long de sa tempe. Encore plus proche et je pourrais boire l'eau de transpiration qui suinte de ses aisselles trempées.

- Est-ce que vous avez assassiné mademoiselle Fronteo ?

Un ricanement incontrôlable s'échappe de mes lèvres. Je savais qu'il allait finir par mener sa petite enquête, ce n'était qu'une question de temps. Peut-on réellement espérer plus qu'un avocat aussi impliqué que lui ? Certainement pas. Ça crève les yeux que cet homme ne vit que pour son travail. Est-il marié ? A t-il des enfants ? Une maison à trois étages avec un putain de golden retriever qui court partout ? Plus je l'observe et plus je doute qu'il incarne l'image du parfait américain.

Il suffit de voir comment ses mains tremblent à chaque mouvement qu'il exécute. Ça ressemble à une douce torture liée à un manque constant. Une addiction. M. Stevenson serait-il un adepte des alcools forts ? Ou alors du tabac ? Pire encore.. de drogue dure ? Je suis certain qu'il n'a pour compagnie que les dossiers qui s'entassent sur son bureau. Les verres de whisky qu'il enchaîne doivent certainement lui permettre de se sentir moins seul. Je suis bien placé pour le savoir, moi qui abîme mon corps depuis que je suis en âge de savoir marcher.

- Est-ce que vous pensez que c'est le cas ?

Ma réponse le trouble. Il pensait que j'allais acquiescer sans rien ajouter d'autre. Malheureusement je ne peux pas. Déjà parce que l'idée de le faire patauger me plaît au plus au point mais aussi parce que je n'en sais rien. Les souvenirs de cette soirée font flous : je suis arrivé sur les lieux en étant torché et j'ai terminé dans un état encore plus second que lorsque la fête a commencé. Je ne me souviens de rien, même pas de la présence d'Avery.

Butterfly EffectOù les histoires vivent. Découvrez maintenant