Je savais ce qu’était la faim, je savais ce que c’était d’avoir soif, de dormir le ventre vide. Je connaissais ce sentiment, le sentiment de vouloir en finir, couper court à toute cette souffrance.
Ma mère avait tout fait pour s’en sortir, s’occupant de ses enfants avec les moyens qu’elle avait en sa possession. Je la voyais se terrer dans la prière, se donner corps et âme chaque jour pour nous. Et c’est là que je me suis dis « C’est ça être une mère »
C’est cette femme qui sera là pour te prendre dans tes bras quand tu pleures, celle qui trouvera toujours les mots juste pour apaiser ton cœur, celle qui choisira toujours son enfant avant elle, au point de ne pas manger pour nourrir ses enfants et d’être rassasier seulement lorsque ses progénitures le sont. Cette femme qui se donnera corps et âme pour te soutenir et t’élever dans le droit chemin, même lorsque toutes les conditions semblent être réunies pour faire l’inverse. Celle qui sera prête à se battre pour toi jusqu’à son dernier soupir, qu’elle soit malade ou pas, dans les bons comme dans les mauvais moments.
Je serai toujours fière de la femme qui m’a élevé, celle dont le sang coule dans mes veines, celui d’une guerrière. Parce que oui, c’est ce qu’est ma tendre mère, une guerrière. Sans armure et sans épée, mais elle en possédait…tellement plus.
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Si un jour on m’avait dit que mon pays serait un jour dans cet état, j’aurais nié le contraire, j’aurais protesté farouchement, affirmé que ça n’arriverait jamais. Mais cela n'aurait été qu'illusion, malheureusement, c’était arrivé beaucoup plus vite que nous aurions pû le croire. Combien d’occasions raté ont donc eu nos dirigeants pour éviter tout ça ? Combien de personnes encore, devrions-nous perdre?
Sans même le remarquer, une larme coula sur ma joue avant d’atterrir sur la feuille devant moi. Chacun de nous devait vivre chaque jour, avec l’impression que ce sera le dernier. On devait profiter de tous les moments que l'on avait l'honneur partager avec nos proches, parce qu’on ne savait pas lequel de nous pourrait partir le premier.
Sursautant, je fus coupé dans mon écriture par un cri aigu et déchirant. Le genre de cris qui projette une douleur sans nom et qui n'a pas besoin d'être tranchant pour fissurer votre âme.
Oui, parce ce cri-là, ne pouvait provenir que du plus profond des entrailles d’une mère. Puis s’en est suivi d’autres surement le reste de la famille qui venait de recevoir le choc. Nous savions tous ce que ce cri déchirant voulait dire :
Un autre de nous était parti.
Puis il y eu un lourd silence. Cela, je l'avais compris, le silence était la seule chose qui accompagnait la douleur, la seule chose qui accompagnait la mort.
Le silence representait un dernier salut, c'était comme si on tirait une dernière révérence à un autre d'entre nous…. Qui avait quitté ce monde trop tôt.
Alors comme la plupart des fois où ces choses arrivaient, je sentais mon rythme cardiaque s’accélérer, mon souffle se faire court et je fermais les yeux pour faire une prière silencieuse.
Lorsqu’on franchit une étape et qu’on arrive à un certain moment où la douleur devient trop forte, on tente d’avoir une réponse à ses questions. On tente de trouver le problème, de trouver une solution ou pour les plus résignés: se faire une raison.
Les adultes sont beaucoup à parler, à donner leur avis, à tout décider. Mais qu’en est-il des enfants ? N’ont-ils pas leur mots à dire ?
Combien de jeunes pleins d’avenir et d’espoir devrions nous perdre encore ? Combien de femmes enceintes, et nouveau-né devraient mourir à cause du manque de soin, de l’incapacité du personnel médical ou par manque de matériel ? Combien de gens adultes comme enfants, devraient payés pour des actes qu’ils n’ont pas commis? Combien d’entre eux devraient mourir de faim, criblés de balles ou carbonisés ? Combien de mère encore devraient pleurés un enfant décédé ? Combien de cadavres nous devrions encore dénombrés ? Combien de maisons incendiées, contenant nos plus beaux souvenirs devrions-nous encore comptés ?
Un nombre. Je ne demandais pas plus, seulement UN SEUL, afin qu’on puisse savoir quand ce massacre va s’arrêter.
Parce que nous on n’en pouvions plus, on en a perdu trop, beaucoup trop. A force de pleurer nous n’avions plus de larmes. Et à force de lutter, nous sommes tombés épuisés.
Nous attendions chacun notre tour, après tout marcher dans beaucoup de rues de la capitale, c’était comme marcher en plein cœur d’un cimetière. Combien de corps avais-je du voir ? Je ne savais même plus, je ne savais plus combiens de mes compatriotes étaient tombés. Je ne savais pas précisément à quel camp ils appartenaient, mais ça faisait toujours mal de voir un jeune homme ou jeune femme, abattus dans un coin de rue. Alors qu’ils devaient surement avoir un métier et un diplôme en poche. Et qu’ils manquaient juste d’encadrement de la part de notre gouvernement.
Première inspiration
Tout irait bien
C’est là que je faisais le vide dans ma tête, laissant remonter tout mes bons souvenirs. Retournant à l’époque où les assassinats et la vie chère, n’étaient pas monnaies courantes dans nos vies.
Deuxième inspiration
Je ne devais pas abandonner
Je devais rester solide, j’avais des gens qui comptaient sur moi. J’avais des frères et sœurs sur qui veiller.
Troisième et plus longue inspiration
Tout devait aller bien
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𝕮𝖆𝖕𝖙𝖎𝖛𝖊 𝕯𝖚 𝕮𝖍𝖆𝖔𝖘 (𝚒𝚗𝚜𝚙𝚒𝚛𝚎́ 𝚍𝚎 𝚏𝚊𝚒𝚝𝚜 𝚛𝚎́𝚎𝚕𝚜)
Non-FictionSi selon le proverbe : les murs ont des oreilles, la particularité ici est que ces oreilles-là ont des armes. Nous vivons sur le qui-vive, chaque geste est compté. Chaque millième de secondes est calculée. Chaque erreur est fatale et chaque mot...