Chapitre 3

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*Athéna*

Je reprends peu à peu conscience, par flash.

Je vois d'abord Andrew se pencher pour me prendre dans ses bras et me soulever de terre pour me porter ; je me vois ensuite traverser le manoir dans les bras de mon jeune maître ; puis je me vois être portée jusqu'à la grange où je reprends entièrement conscience, pendant qu'Andrew m'enchaîne au mur.

Je le regarde emprisonner mes chevilles et mes poignets dans de gros fermoirs en acier rouillé. Ce n'est que quand il se penche sur moi, pour fermer l'entrave sur mon cou, qu'il remarque que je ne suis plus inconsciente. Il finit de m'attacher, tout en me regardant bizarrement, puis se recule et s'assoie face à moi.

Il me détaille de la tête aux pieds, en prenant conscience de mes multiples bleus et blessures. Ne supportant plus son regard, je ferme les yeux et essaie de dormir (chose assez difficile lorsque vous êtes pendu par les poignets, vous ne pouvez pas le nier). Comme il ne dit rien, je commence à compter dans ma tête les secondes.

Un...
Deux...
Trois...
Quatre...
Cinq...

Celà fait maintenant deux minutes que je compte dans ma tête et Andrew ne semble toujours rien vouloir dire.

Deux minutes passe encore et, alors que je pense qu'il est devenu muet, il murmure :

- "Ce n'était pas toi qui a saccagé la cuisine, pas vrai ?"

J'ouvre les yeux d'un coup et le regarde d'un air ironique et acerbe, en levant un sourcil.

- "Comment pouvez-vous en être aussi sûr ?"

- "Tu étais au salon avec nous pendant tout ce temps, tu n'as donc pas eu le temps d'y aller et de tout mettre dans un tel bazar. Ce n'est donc pas toi."

Incroyable, je pense amèrement, un génie !

Rah...mais pourquoi diable cherche-t-il un argument plausible pour ça ?! Il ne pourrait pas se mêler de ses affaires !? Ce n'est pas que je le déteste, au contraire c'est le plus clément avec moi (même si je ne l'ai quasiment jamais entendu parler), mais s'il continue, c'est ma sœur qui va se retrouver à ma place et je ne le veux absolument pas !

Je le regarde du coin de l'oeil, méfiante :

- "Alors ce serait qui pour la cuisine ?"

Il semble réfléchir profondément et, l'espace d'un instant, l'espoir stupide, mais stupide, qu'il comprenne que sa parfaite petite amie est enfaite un monstre sans coeur, me chatouille. Cet espoir disparaît à néant quand il dit :

- "Ta soeur peut-être ?"

Je le regarde, profondément déçue, et soupire. C'est injuste ! Pourquoi faut-il qu'il croit sur parole cette garce de Bariel et qu'il nous soupçonne Artémis et moi ?
Ahh...

- "Non ! C'est moi qui ait tout fait. Maintenant laissez moi s'il vous plaît, avant que je vous attire des ennuis", je lui lance, très dégoûtée.

Il me regarde avec cette même étincelle que je n'arrive pas à déchiffrer et fait une moue triste puis part sans se retourner, tête basse.

Abattue, je m'affale par terre, mouvement qui me fait très mal aux poignets. Je gémit de douleur, lâche un juron et me colle au mur pour essayer de dormir.

***

Des bruits suspects me réveillent en sursaut et je me lève d'un bond, en manquant de m'étrangler au passage.

Je regarde autour de moi, de tous les côtés, sans rien voir. J'attends une minute avant d'entendre à nouveau des bruits. Ils se rapprochent de plus en plus.

Serais-ce un animal sauvage, ou bien John venu m'achever cruellement en découvrant Puissance, mon poignard de secours que j'ai oublié sous mon matelas ?

Je me raidis quand une silhouette se découpe dans l'embrasure de la porte. Quand je vois que ce n'est pas une silhouette féminine mais que ce n'est quand même pas la carrure de John, je pousse un soupir de soulagement. Il/elle s'avance, tel un fantôme, doucement et sans bruit.

Soudain, quand un rayon de lune passe à travers l'un des carreaux et éclaire son visage, je vois, à ma grande surprise, un masque de tigre à dents de sabres.

Choquée, je dévisage ce masque revenu du passé.

Le tigre à dents de sabres était l'un des animaux représentés par un Félidé il y a de ça bien des années. Les Félidés sont les chefs du royaume, élus par le peuple, ils sont cinq et représentent tous un animal : le chat, le tigre, le guépard, le lion et le lynx. Derrière eux, dans la hiérarchie se trouvent les Caridés, il y en a un par caste. Enfin, il y a les Éradés. Ce sont les maires de chaque ville, le père de Bariel en est un.

Il y a longtemps, il n'y avait pas cinq Félidés mais six. Le sixième était le Tigre à Dents de Sabres. Il était chargé de l'exploration en terres inconnues. Le dernier Félidé connu s'appelait Loïs. Il était l'une des figures du pays les plus aimées. Peu de monde le détestait. Tout le monde lui faisait confiance mais il nous a trahis. Il a essayé d'assassiner les représentants du Tigre et du Lion. Personne n'a donné de détails, pas même les victimes. Loïs à directement été banni du pays, parce que le châtiment de mort a été aboli.

Juste avant de partir, à la porte Est, il s'est arrêté, à regarder la caméra, et s'est adressé au peuple pour la dernière fois. Ce sont des paroles qui font maintenant partie de notre histoire. On ne compte plus le nombre de chercheurs qui ont essayé de décrypter le message caché de ces dernières paroles :

- "Les ennemis ne sont pas forcément ceux que vous croyez."

Personne ne l'à plus jamais revu.

Des années plus tard, les félidés ont annoncé la mort de Loïs et le rôle du félidé Tigre à Dents de Sabres à été rayé de l'histoire.

Aujourd'hui, tout sujet concernant Loïs ou cette place au gouvernement est interdit.

Perdue dans mes pensées, je ne remarque pas tout de suite que l'intrus, jusque là immobile, à commencé à venir vers moi.

Je le regarde approcher, méfiante, et le dévisage.

Qui peut bien être ce fantôme qui ose défier le gouvernement en arborant un masque pareil en pleine nuit ??

Soudain un éclat argenté provenant de dans sa main me crispe et je me colle contre le mur.

Voyant mon expression et mon mouvement de recul, il s'arrête, à l'évidence perplexe. Il me dévisage, et surprend mon regard qui fixe sa main. Il semble comprendre le problème et lève sa main pour me la montrer. Il tient un petit plat en acier. Je me relâche et fais un pas vers lui.

Il me regarde d'un drôle d'air et je peux voir ses yeux. Ils sont d'un gris très profond, rempli de fierté, de tristesse et... d'amour ???

Alors que je me demande qui est cet inconnu au regard bizarre, il posé le plat et se dirige vers la porte.

J'essaie de le retenir mais mes chaînes me bloquent et je m'effondre au sol. Il se retourne, me regarde et part en courant.

L'Eden de Félixa [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant