Chapitre 4

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*Athéna*

Plusieurs fois pendant ma punition, Andrew et le fantôme sont venus me voir. Le premier venait en journée et pouvait passer des heures à me soigner ou me rendre plus présentable. Il me brossait les cheveux avec une douceur que je n'avais jamais perçue chez lui. Il recousait mes haillons et bandait mes bras.

Malgré le fait qu'il faisait bonne figure devant moi, il lui arrivait d'avoir le regard dans le vide, de soupirer et de serrer les dents comme s' il était en colère mais qu'il se retenait avec grande peine.

Quand ces moments de tristesse ou de colère lui venait, je lui demandais pourquoi il me préparait comme ça, il me répondait toujours la même chose :

- "Il faut que tu sois absolument présentable sans quelque jours."

A chaque fois je regardais mes vieux vêtements, une tunique usée à la corde et un pantalon de toile en loques à peine retenu par une cordelette qui me sert de ceinture. Je lui disais ensuite que tous ses efforts étaient inutiles puisque personne, à part lui visiblement, ne ferait attention à mon apparence une fois ma punition terminée.

Ce à quoi il me répondait que quelque chose allait se passer juste après ma punition.

Je lui demandais tout le temps des détails mais il ne voulait rien me dire. Il restait mystérieux et celà me rendait folle.

Le fantôme quant à lui, venait la nuit et passait de longues minutes à me regarder manger.

Il s'asseyait par terre, en face de moi, posait les coudes sur ses genoux et sa tête dans ses mains. Il paraissait fatigué et constamment alerte ou en colère.

Je n'ai remarqué qu'au bout de la troisième nuit qu'il était armé de plusieurs dagues et de poignards. Il y avait également une étrange dague qui me semblait familière, avec un manche en ivoire et une tête de tigre à dents de sabres sur le pommeau. Qu'elle a été ma surprise quand je me suis rendu compte que c'est une copie conforme de Puissance ma propre dague. À ce moment-là, un souvenir m'est revenu en mémoire. C'était le jour où j'ai acheté Puissance. Mes jeunes maîtres sont allés au marché, et je les ai accompagnés. Comme j'avais le même âge que Andrew, je me faisait passer pour sa demoiselle de compagnie. Artémis se faisait passer pour celle de Diane. On est arrivé au marché et j'ai vite perdu mon maître de vue. J'ai divagué dans le marché à sa recherche. En marchant, un stand a attiré mon attention. C'était un stand d'armes. Le vendeur m'en a proposé plusieurs. Mais seule la dague du tigre à dents de sabres m'a fait de l'œil. Quand j'ai demandé des détails, le vendeur m'a paru amusé. Il ne rien dit à part :

- "Elle a une soeur, c'est une dague exactement pareille, elles représentes un lien quand elles sont achetées ensemble puis données a un compagnon d'armes."

Quand je l'ai questionné sur sa jumelle, il m'a dit qu'il l'avait vendu à un jeune guerrier il y a deux minutes. Je n'ai pas plus réfléchi et j'ai dépensé toutes mes économies pour acheter la dague que j'ai ensuite surnommé Puissance.

Maintenant que j'y repense, il a tout d'un guerrier à part l'entraînement officiel. Mais malgré ce manque de conseils de professionnels, il était super discret. Par exemple, la première nuit, j'avais caché le plat derrière moi pour que personne ne sache que quelqu'un me nourrit. Mais quand je me suis réveillé, le plat n'était plus là. Le lendemain soir, quand j'ai demandé au fantôme si c'était lui qui était venu le chercher, il a hoché la tête et m'a semblé sourire derrière son masque.

En sortant de mes pensées, je soupire. Comme je ne sais toujours pas qui il est et que je suis déjà à la cinquième nuit, la dernière, je décide donc de lui poser la question en face.

***

Cette nuit, je suis décidée à lui demander son identité, quitte à lui arracher son magnifique masque s'il le faut.

J'attends donc debout près du mur où je suis enchaînée, mais le temps passe et le fantôme ne montre pas le bout de son nez.

Peu à peu, je commence à perdre espoir et je me laisse tomber par terre. Je me remémore sa silhouette, son visage masqué, ses yeux gris et profonds qui me sont si familiers avec cette étincelle si particulière qui repose au fond. Si je l'ai déjà vu, et j'en ai bien l'impression, pourquoi je n'arrive pas à le reconnaître ?

Au fur et à mesure que le temps s'écoule, mon désespoir grandit et je commence à prendre peur. S'il ne vient pas cette nuit, la dernière que je passe ici, je ne le verrais plus jamais et je ne pourrais jamais le remercier comme il se doit.

Abattue, je reste prostrée au sol en attendant quelqu'un qui ne viendra peut-être jamais. Quand soudain, des bruits de branches cassées résonnent dans la nuit silencieuse. Des bruits de pas, qui viennent par ici.

Je saute sur mes pieds, pour accueillir le fantôme, ne remarquant pas que la, ou les, personne est particulièrement bruyante. Tout le contraire de mon fantôme.

L'intrus continue d'approcher et une silhouette se détache de la nuit dans l'embrasure de la porte comme lors de la première nuit. Soudain, plusieurs autres silhouettes rejoignent la première. Contrairement à ce que je pensais, ce n'est pas le fantôme mais plusieurs hommes, armés. Ils ont des carrures de mercenaires et me paraissent très bien entraînés.

Un silence suit leur apparition puis, ils avancent vers moi.

Ils sont trois, armés de dagues, de pistolets et, enfin, d'une immense épée, qu'ils portent dans leur dos. Ils sont tous vêtus de vêtements de camouflage avec une insigne au niveau du cœur. J'arrive difficilement à la déchiffrer mais, dès que je la reconnais, je me pétrifie. C'est un losange doré, avec une épée et une dague qui se croisent au milieu, brodées de rouge.

Je ne l'ai jamais vu en vrai mais cet écusson est très connu, surtout dans les environs. C'est un écusson dont seule la vue fait trembler de peur et signifie ses derniers instants à qui le voit en tant que cible. C'est celui de la ligue du vautour, les tueurs à gages les plus redoutables de Félixa, notre pays.


L'Eden de Félixa [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant