Prologue ( réécrit)

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Créateur ou destructeur ? Qu'était ce monde ? Lui, à l'origine, berceau de l'humanité et fresque des dieux. Les réalités se transformaient selon les regards et le monde n'était plus que subjectif. Il y a quelques décennies, il avait fait de sa terre, de sa mer et de son ciel, la scène d'une tragédie écrite par les dieux. Les humains, victimes de conflits qui n'étaient pas les leurs, appelèrent cette période la Grande Misère.

Seulement, l'humanité n'était pas la seule muse effarée de ces temps. Au-delà du ciel et de ses étoiles, les dieux avaient également reçu leur châtiment. Certains étaient condamnés à pourrir sous les cendres de leurs péchés. D'autres étaient les martyrs de leurs paroles envolées.

Meeri, déesse de l'histoire et du destin aurait souhaité ne pas avoir ouvert la bouche. Alors qu'elle observait son ami des temps anciens enchaîné dans ce tribunal divin, elle aurait aimé ne jamais l'avoir rencontré. Les dieux n'étaient pas acclamés pour ressentir des émotions.  Meeri avait refoulé les larmes du regret au plus profond de ses entrailles.

Cependant, le coupable devait agir une dernière fois, n'est-ce pas ? Que serait-il sinon ? Lui, amant de la calamité.

Les destins tragiques n'étaient pas seulement réservés aux héros.

Un seul geste était tout ce qui lui avait fallu pour détruire son existence, pour marquer sa vengeance. Vanor ne l'avait regardé dans les yeux que pendant quelques secondes, le silence assourdissant de la trahison complétant leur regard.
Quelques secondes étaient tout ce dont il avait eu besoin. Avant même qu'elle n'eût le temps de fuir, Meeri ne voyait déjà plus rien.

Elle, proclamatrice du savoir, n'avait aucune idée de ce qu'il se passait. Meeri sentait les murs trembler et les pas frénétiques autour d'elle. La seule chose sur laquelle la déesse déchue pouvait se concentrer était le prix qu'elle avait dû payer pour avoir été proche de lui.

Ce jour-là, les saints avaient vu une image d'elle repoussante et ahurissante. Elle agrippait son visage blême et ses cheveux blonds perdirent leur lumière lunaire. Meeri hurlait comme un diable, exprimant sa douleur accablante. Ses mots se mêlèrent aux sanglots et la sueur avec le sang. Il n'y avait plus que cette façade écarlate.

À partir de ce moment-là, Meeri n'était plus une véritable déesse. On lui avait arraché la seule chose qui lui offrait une identité.

La divinité avait été ruinée, la femme avait été aveuglée. En revanche, peut-être que la fille l'avait mérité. . .

Un seul regard et Vanor lui avait crevé les yeux.

SeraphineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant