L'odyssée d'une confession

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Chaque vérité chantée était un coup armé de confiance ou d'intentions cupides.

Les hommes avaient une nature complexe, ce n’était un secret ni pour les dieux, ni pour les morts et surtout pas pour les âmes rythmées par un souffle. L’appel du mensonge était souvent plus attractif, une mélodie enchanteresse pour les oreilles blindées par les rumeurs. Pour certains, mentir était inné, un besoin universel. Des mots capables de les confiner dans une bulle à l’eau glacée qui les protègerait d’une quelconque confrontation aux allures trop réalistes. Ce pragmatisme était étouffant pour les rêves et l’ambition. 

Pourtant, les humains ne peignaient pas toujours le mensonge comme une toile aux couleurs de l’insécurité.

Non, l’âme humaine n’était pas décrite comme étant un symbole ultime de la bonté. Le mensonge pouvait être vraiment magnifique, construit et récité avec une intensité synonyme de vérité simulée. L’orateur était à lui-même une performance, jouant de son corps et de son visage. Il laissait transparaître une aisance, une certaine liberté pour mieux enchaîner le peuple candide. Le chuchoteur de murmures désirés agissait comme le prochain dieu des arts, même si l’insulte envers Tori, proclamatrice des arts, résonnait. Celui du mensonge n’était perfectionné que par les avares du résultat.

Ceux qui n’étaient pas dans le besoin mentaient, la mâchoire serrée et la langue en proie au brasier.

Les disciples, eux, apprenaient le mensonge par plaisir. La jouissance de connaître la vérité et la fabulation était compulsive. Des intentions aux allures de rapace qui avaient fait d’eux des asservies aux chaînes qu’ils avaient taillé.

Cependant, ce qui demandait le plus de courage était d’oser dire la vérité. De regarder l’autre droit dans les yeux et être honnête. Et même si la douleur apparaissait sur son visage, aucun péché n’avait été commis.

Au contraire, parler, converser et se confesser étaient une vertu. Des mots cruellement sincères qui pouvaient entraîner une nouvelle forme de lien. Si l’homme s'aventurait dans le chemin de la transparence, alors une récompense l’attendrait. Celui qui avait le souhait de se délivrer pouvait accueillir la liberté de l’autre. Deux êtres se parlant le cœur ouvert, offraient plus d’attention que n’importe quel beau mensonge. C’était des mots, des syllabes dotées d'une parcelle de leur âme qu’ils se partageaient. Ainsi, par le billet de la confession, deux personnes pouvaient être liées par cet échange d’humanité.

Une ode à la première braise de l’amitié et de l’amour. Une symphonie pour la confiance.

La foi de Cordélia n’allait qu’à une seule chose, la vérité absolue, la seule et l’unique.
C’était la raison pour laquelle dès qu’elle et Alexeï avaient compris ce qui les attendaient, ils s’étaient précipités pour tout expliquer à la reine. Peut-être que Nefeli avait passé trop de temps avec Elijah, puisqu’elle les avait crû sur le champ. Aucune question n’avait été posée, aucune remise en question n’avait été énoncée. Seulement son visage ,assombri par la peur et l'acceptation, leur était apparu.

Les troupes armées, les Seraphines et même Visha avaient sellé leur cheval avant que la reine eut le temps de l'ordonner. Dire qu'ils étaient tous un peu à cran était un euphémisme. Une guerre divine allait être déclarée si ils ne faisaient rien pour l’empêcher.

Malgré tout, avant de partir, Cordélia avait insisté pour parler à Elijah, au général qui les avait si gracieusement aidé.

– Je dois avouer avoir un peu de mal à vous laisser partir. dit-il, les lèvres relevées.

SeraphineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant