Êtres maudits

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"Quelqu'un a essayé de me tuer !"


C'était ses mots, quand ils sont arrivés dans sa tente lugubre, animée par une seule et unique bougie.

Une timide flamme qui se débattait contre la brise de l'affolement. Chaque mouvement était une esquive. Sa danse était un mécanisme de défense contre l'oxygène. La flamme voulait vivre et la flamme vivrait encore.

Tant que la sorcière aurait les yeux ouverts et la respiration sifflante, le rituel continuerait.

Quand Alexeï et Cordélia arrivèrent dans cette tente, des soldats étaient déjà là, observant avec intérêt l'état de la glorieuse Visha. Aucun d'eux, n'avaient bougé le petit doigt pour retrouver le coupable. Non, la colère qu'elle exprimait à travers ses pleurs était un spectacle qu'ils n'auraient raté pour rien au monde. La fierté pouvait se transformer si facilement en détresse.

Il avait fallu quelques secondes au duo pour se faufiler à travers la foule et pour pouvoir enfin poser leur regard sur la sorcière.

Visha n'était plus aussi remarquable que dans ces jardins ce jour-là. Ses cheveux roux s'agitaient autour d'elle à chacun des ses mouvements erratiques. Une tornade flamboyante qui n'annonçait que le début de l'incendie. Ses yeux d'amande, autrefois, malicieux étaient maintenant ceux d'un animal effrayé, leur reflet se balançant comme des mirages utopiques dans ses pupilles. Elle les scrutait, recherchant une preuve de leur culpabilité, une erreur qui lui donnerait le droit de prendre la lame. Sa poitrine montait et descendait, parfois secouée par des tremblements dû à ses sanglots.

Visha était en train de brûler.

Alexeï ne se souvenait pas l'avoir déjà vu ainsi. La rage émanait d'elle comme un parfum agressif qui répugnait au premier abordmais qui poussait l'intrigue. Un sentiment incontrôlable faisant d'elle une image théâtrale pour les yeux extérieurs. Une tragédie sans coupable et sans merci qui l'avait choisie pour être la muse épouvantée.

Le soldat baissa légèrement son regard sur son cou et sentit ses muscles se tendre.

La faible luminosité de la tente rendait le corps de Visha plus sombre, plus incertain. Cependant, Alexeï l'avait vu. Il avait aperçu les traces violettes qui parsemaient sa peau comme un cruel collier. Des chaînes douloureuses qui devaient rendre sa respiration inconfortable.

Il était tellement concentré sur ses blessures que les mots qu'elle crachait et hurlait ne faisaient même pas leur chemin vers ses oreilles. Ses yeux se baladèrent, observant ses lèvres gercées, presque sanglantes, victimes de ses dents serrées. Il admirait avec curiosité, la prise de la reine sur le bras de la jeune femme, essayant sans succès de la calmer.

Alexeï s'avança de quelques pas.

-Visha, qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Dès qu'elle entendit sa voix, cette dernière fit volte face et pendant quelques secondes, il crut qu'elle allait sauter dans ses bras.

- J'étais en train dormir. . . Et puis j'ai senti des mains autour de mon cou. . . expliqua Visha en effleurant les traces sur sa peau.

- As-tu vu son visage ?

Elle secoua la tête.

- Il faisait trop sombre. J'ai eu de la chance, mes. . . pouvoirs ont agi avant moi.

SeraphineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant