Le soleil brillait avec éclat en cette journée de juillet, inondant le ciel de sa lumière et réchauffant doucement l'air. Sa chaleur caressait délicatement ma peau, tandis que ses reflets dorés jouaient sur les pétales des fleurs et sur les vagues de l'herbe sous mes pieds. Mon carnet et un fusain à la main, je dessinais le lac devant moi ainsi que le saule qui se reflétait dedans.
Une voix enjouée et familière me fit détacher les yeux de mon esquisse :
— Allez Emy viens te baigner ! Lâche un peu ton carnet et rejoins nous !
C'était la voix d'Echo. Elle se baignait au bord du lac avec Sabine depuis maintenant deux bonnes heures, pendant que j'étais tranquillement assise à même le sol, à quelques centaines de mètres. Elles étaient toutes les deux à la fois mes soeurs et meilleures amies. Elles aussi orphelines, nous avions presque le même âge, les filles de deux ans mes aînées, et nous étions inséparables.
Dans un soupir, je déposai mon carnet et mon matériel de dessin dans l'herbe et entreprit de les rejoindre. Pieds nus, ma robe blanche trop longue pour mes jambes trainait par terre. Je m'assis sur le ponton en bois sous le saule, à côté d'Echo et Sabine. J'attendis quelques précieuses secondes et plongeais mes pieds dans l'eau, en prenant bien soin de soulever ma robe pour ne pas la tremper. Elle était glacée. Un frisson me traversa tout le corps et je sortis aussitôt mes pieds de l'eau.
— Oh arrête de faire cette tête, elle n'est pas si froide que ça ! me dit Sabine en riant. Son ton n'était pas moqueur. Elle cherchait simplement à me détendre. Sans y parvenir.
— Mais oui, il faut juste y aller doucement !m'encouragea Echo en me tendant ses mains et en me souriant d'un air compatissant. Je détestais cette sensation. Celle d'être incomprise. Celle de se sentir différent des autres, de ne pas réagir normalement et pire encore, d'attiser la pitié. C'est ce que je lu à cet instant dans leurs regards.
— Je penses que je vais en rester là. déclarais-je finalement, avec un timide sourire.
Les filles n'insistèrent pas. Elles savaient parfaitement que j'aurais voulu pouvoir me baigner avec elles et que c'était tout simplement au dessus de mes forces. J'avais une peur bleue de l'eau et à part me laver avec et la boire, je l'évitais le plus possible. Avoir mis les pieds dedans, même si cela avait duré une seconde, était déjà beaucoup pour moi.
Je n'avais bien aucune idée d'où me venait une telle phobie. J'y avais réfléchi bien sûr, mais j'étais arrivée ici quand je n'étais alors qu'un nourrisson et je n'avais pourtant eu aucun traumatisme lié à celle-ci depuis.Alors, je me contentais de les regarder s'amuser à faire la course depuis le ponton en faisant l'arbitre. Sabine gagnait à chaque fois. Il faut dire qu'elle avait une longueur d'avance avec sa silhouette longue et élancée. Elle était de loin la plus grande d'entre nous et Echo, qui lui arrivait aux épaules, n'avait aucune chance. Mais ça n'avait pas d'importance, elle se donnait toujours corps et âme pour essayer de la devancer.
Après que Sabine ait convenu qu'elle avait déjà bien assez ridiculisé Echo pour la journée, les filles sortirent de l'eau et se rhabillèrent, une fois séchées. Quand j'entrepris de retourner à mes dessins, Echo me prit le bras en protestant.
— Ah non assez de dessins pour aujourd'hui ! Je me surpris à lui donner raison en lui souriant.
— Très bien, alors... Je commençai à fermer les paupières :
— Un, deux, trois...
Avant que je n'ai pu fermer complètement les yeux, Echo avait déjà filé en attrapant Sabine dans la foulée pour se trouver une cachette. Je repris mon compte à rebourd, en prenant soin de sauter quelques chiffres pour m'assurer la victoire...
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Les héritiers du sang
FantasíaEmelyn, une jeune adolescente, voit son orphelinat attaqué et pris en assaut par l'armée rouge, une horde de combattants hors pairs, connue pour être sans pitié et cruelle. En apprenant que c'est elle qu'ils recherchent, elle se voit contrainte de f...