L'Écho de l'indifférence

Ombres de la Violence

Les jours passent, et Sophie continue de voir le docteur Lefèvre. Chaque séance est un mélange d'émotions contradictoires. Elle se sent à la fois soulagée de pouvoir parler et confuse de devoir partager ses pensées les plus sombres avec un étranger.

Assise dans le bureau du psychologue, Sophie fixe le tapis sous ses pieds, cherchant des mots. « Pourquoi est-ce que je devrais parler de tout ça à quelqu'un que je ne connais pas ? » demande-t-elle, les yeux pleins de questions.

Le docteur Lefèvre sourit doucement. « Parfois, parler à quelqu'un qui n'est pas directement impliqué peut t'aider à voir les choses sous un autre angle. Je suis là pour t'écouter sans te juger et pour t'aider à trouver des solutions. »

Sophie hoche la tête, mais une partie d'elle reste sceptique. Elle continue néanmoins à se confier, peu à peu, sur ses angoisses, ses peurs et les horreurs quotidiennes qu'elle endure au lycée.

Pendant ce temps, au lycée, la situation ne s'améliore pas. Clara, Léa et leur groupe ont décidé d'intensifier leur cruauté. Les moqueries se transforment en intimidations physiques. Lors d'une pause déjeuner, alors que Sophie se dirige vers un endroit isolé pour manger, elle se retrouve encerclée par Clara et ses amies.

« Alors, Sophie, toujours aussi solitaire ? » se moque Clara, un sourire cruel aux lèvres. Avant que Sophie ne puisse répondre, Léa la pousse violemment contre un mur. « Parle quand on te parle, espèce de lâche ! » crie-t-elle.

Sophie sent la peur monter en elle, paralysée par la terreur. « Laissez-moi tranquille... » murmure-t-elle, sa voix à peine audible.

Mais les filles ne reculent pas. Clara s'avance et lui assène une claque brutale au visage. « Tu crois que tu peux nous ignorer comme ça ? » La douleur est vive, mais c'est la humiliation qui fait le plus mal. Les autres rient, encouragent Clara et Léa à continuer.

Sophie ferme les yeux, essayant de se dissocier de la douleur physique et mentale. Elle pense au docteur Lefèvre, aux conseils qu'il lui a donnés pour rester forte, mais en cet instant, tout semble futile.

Les coups continuent, jusqu'à ce qu'une voix autoritaire retentisse. « Qu'est-ce que vous faites là ? Arrêtez immédiatement ! » C'est une enseignante, alertée par le bruit. Clara et ses amies s'éloignent rapidement, feignant l'innocence.

L'enseignante s'approche de Sophie, la relevant doucement. « Ça va aller, viens avec moi. » Sophie, tremblante, la suit jusqu'à l'infirmerie. Les infirmières prennent soin d'elle, nettoyant ses blessures et essayant de la rassurer.

À la fin de la journée, Martine vient chercher sa fille à l'infirmerie, le cœur serré de voir Sophie dans cet état. En rentrant, elle appelle immédiatement le docteur Lefèvre, demandant une séance d'urgence.

Assise dans le bureau du psychologue, Sophie sent un mélange de honte et de soulagement. « Je ne comprends pas pourquoi ça m'arrive à moi, » dit-elle, les larmes coulant librement. « Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? »

Le docteur Lefèvre l'écoute attentivement. « Sophie, ce que tu traverses n'est pas ta faute. Les personnes qui te harcèlent sont responsables de leurs actions, pas toi. Mais je comprends combien cela peut te sembler injuste et accablant. »

Il lui parle de stratégies pour se protéger, des moyens de signaler ces comportements à des autorités compétentes, mais surtout, il lui rappelle qu'elle n'est pas seule. « Il est crucial que tu continues de parler, que tu exprimes ce que tu ressens. Garde à l'esprit que tu as le droit d'être entendue et protégée. »

Le soutien constant de sa mère et les séances avec le docteur Lefèvre deviennent le fil ténu auquel Sophie s'accroche. Elle sait que le chemin sera long et parsemé d'embûches, mais une petite lueur d'espoir commence à poindre à l'horizon. Elle n'a pas encore trouvé toutes les réponses, mais elle commence à croire qu'elle peut trouver la force de résister, un jour à la fois.