6. Révélation

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Après le jeu, certains sont restés dans l'eau et d'autres ont dû rentrer chez eux, tandis que moi, je suis assise seule sur le sable frais face à la mer où se reflète un début de coucher de soleil. Un magnifique dégradé de couleur chaude se forme à l'horizon et le son du mouvement des vagues me relaxe.

Je réfléchis à ce qui vient de se passer. Je ne comprends pas. Je suis dépassée par mes sentiments. Je suis à la fois heureuse et énervée. Au fond de moi, je sais la raison pour laquelle je me sens si bien en ce moment. Mais je ne peux pas l'accepter, je ne veux pas l'accepter. Je le détestais tant, je ne peux pas l'aimer juste parce qu'il m'a aidé à pousser quelqu'un dans l'eau. Ce n'est pas la première fois que je m'attache à quelqu'un sans raison valable depuis que Simon est parti. Je dois faire plus attention à mes sentiments et arrêter de me voiler la face avec des stupidités. Depuis ce jour tragique, chaque personne qui me donnait un tant soit peu de bonheur devenait importante à mes yeux, mais ce n'est qu'un mirage de la réalité, le seul moyen que mon cœur a trouvé pour combler ce vide. Après tout, Liam n'a rien de spécial. Il n'est rien d'autre qu'un garçon qui a débarqué dans ma classe. Sérieusement, quand on y pense, qu'est-ce qu'il a de si spécial. Depuis son arrivée, toutes les filles lui tournent autour comme des mouches autour d'une merde. Et lui, il les ignore. Il ne cherche qu'à faire souffrir les autres autour de lui. Je n'ai pas besoin de ça dans ma vie, encore moins en ce moment.

― À quoi tu penses ? dit une voix à ma gauche.

Liam était assis à côté de moi, je ne l'avais pas vu arriver.

― À rien de spécial, je regarde juste la mer.

― J'adorais regarder la mer quand ça n'allait pas avant. Me dit-il les yeux rivés sur l'horizon.

Je me demande bien ce qu'il veut dire par "quand ça n'allait pas avant".

― C'était vraiment génial le jeu, on forme une bonne équipe tous les deux tu ne trouves pas, poursuit-il.

Je ressens instantanément la chaleur revenir dans mon cœur en pensant à tout à l'heure.

― C'est vrai que c'était amusant, lui répondis-je en laissant apparaître un léger sourire sur mon visage.

Je m'efforce de cacher mon sourire au plus vite. Je ne le laisserai pas me manipuler.

― Est-ce que je peux te poser une question ?

Je n'ai pas tellement envie de discuter, encore moins avec lui, mais je ne veux pas paraître malpolie pour autant.

― Oui. Lui répondis-je en tournant la tête dans sa direction.

― Tu fais partie d'une grande famille de grimpeurs assez connue dans le milieu de l'escalade. Tes amies m'ont dit que tu étais la championne de pas mal de grandes compétitions depuis ton plus jeune âge. Mais tu as l'air tétanisé chaque fois que je te vois à l'escalade.

Je dirige à nouveau mon regard vers l'horizon sans savoir quoi lui répondre.

― Je ne veux pas paraître impoli ou trop intrusif, je me demandais juste si tout allait bien, poursuit-il.

Sa question ne m'étonne pas, je m'attendais à ce qu'il la repose tôt ou tard. Et il faut admettre que j'ai très mal réagi la première fois qu'il m'a questionné à ce sujet. J'aimerais pouvoir lui répondre, mais moi-même je ne connais pas la réponse à sa question. Est-ce que je vais bien ? Je ne sais pas. Est-ce que je serai un jour de nouveau heureuse ? Aucune idée. Mais j'aimerais tellement connaître les réponses à ces questions. Sans vraiment le contrôler, je ressens immédiatement un besoin de m'exprimer sur ce sujet qui me fait tant de mal depuis si longtemps. Et la seule personne présente là tout de suite est Liam. Je n'aime pas me confier, encore moins à des personnes que je ne connais depuis seulement trois jours. Mais là maintenant, ça m'est égal. J'ai besoin de le dire à voix haute pour pouvoir enfin l'accepter et avancer.

Grimpe sans moi si tu le veuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant