7. Le match de foot

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Je me réveille et mes yeux s'ouvrent difficilement à cause des rayons du soleil qui traversent la vitre de ma fenêtre et m'aveuglent. J'ai si bien dormi, ça faisait longtemps que je ne m'étais pas senti aussi reposée. La chaleur du soleil qui réchauffe ma peau et le chant des oiseaux que j'entends depuis l'extérieur me donnent presque l'impression d'être en été.

Je me redresse et repense instantanément à la soirée de la veille. C'était magique, certes, mais je ne sais plus quoi en penser. Je ne comprends pas comment j'ai pu me confier aussi facilement. Je regrette un peu de lui avoir fait part d'autant de choses personnelles. Après tout, je ne sais rien de lui. Quelque part, cela me donne même l'impression d'avoir trahi Estelle. Elle n'est pas au courant de la moitié des choses que j'ai dites à Liam hier. Mais sous l'effet de quelques grammes d'alcool dans le sang, la fatigue, l'euphorie de notre victoire et mon chagrin, je ne suis pas si étonnée de m'être confiée à lui avec tant de facilités. Et il faut dire que Liam a un don pour écouter et réconforter. Je l'ai peut-être jugé trop vite. Ce n'était rien d'autre qu'un garçon qui faisait de son mieux pour s'intégrer dans un groupe soudé depuis 6 ans.

Dans notre école, les classes sont formées dès la première année et ne changent plus avant que les élèves n'aient terminé toutes leurs années de secondaire. Et il faut admettre que ça nous a permis à tous de forger des amitiés très solides. Nous sommes tous amis. Je reste méfiante vis-à-vis du comportement de Liam, mais je peux lui laisser le bénéfice du doute. Et quand j'y repense, mon comportement ne lui a pas facilité la tâche pour s'intégrer. Je peux peut-être commencer par m'excuser.

Je soulève la couette et m'assois sur le bord de mon lit afin de mettre mes pieds dans mes pantoufles. Lorsque je me mets debout, une légère migraine me donne envie de me rasseoir. Je l'ignore et sort de ma chambre. Quand j'arrive dans le couloir, une délicieuse odeur de beurre fondu se balade dans toute la maison et me fait me précipiter vers la cuisine. Je descends les marches rapidement afin de découvrir ce qui produit un si bon parfum.

Quand je franchis la porte de la cuisine, je découvre mon frère Arthur dos à moi avec un plateau dans les mains.

― Arthur ? lui dis-je surprise.

Il se retourna avec une plaque totalement recouverte de pains aux chocolats et de croissants qui fument à cause de la chaleur qui s'en dégage. Je lève les yeux et vois son visage recouvert d'un immense sourire. Il pose la plaque sur deux poses plats sur le comptoir et se dirige vers moi avec les bras grands ouverts et les yeux qui brillent. Je fais de même et le sert fort contre moi. Il m'avait tellement manqué.

― Qu'est-ce que tu fais là ? Tu ne devais pas seulement rentrer à Noël ? lui dis-je la voix pleine d'émotions.

― Si c'est ce qui était prévu. Mais j'avais besoin de vous revoir, alors je me suis pris des vacances.

Je suis si heureuse de le revoir, Arthur a 21 ans, c'est le deuxième enfant le plus vieux de la fratrie. J'ai toujours été très proche de lui, malgré nos quatre ans d'écart. C'est avec lui que je traînais le plus souvent quand j'étais petite. Il m'emmenait toujours quand il allait faire des activités avec ses amis. J'étais un peu comme la mascotte du groupe. C'est lui qui me comprenait le mieux. Il est parti de la maison quelques mois après la mort de Simon. Il venait de finir son CAP en pâtisserie ainsi que ses études en hôtellerie. Il est donc parti travailler à Paris dans une pâtisserie de luxe. Aujourd'hui, il ne vit plus avec nous, mais il fait son possible pour venir nous voir dès qu'il peut. C'est-à-dire pour les fêtes ou les anniversaires. J'étais heureuse qu'il réalise son rêve mais le voir s'éloigner de moi à un moment aussi dur dans ma vie n'a pas été facile. Malgré tout, son départ m'a permis de me rapprocher du seul frère qu'il me restait à la maison, Raphaël. Lui et moi n'avions jamais été proches. Il allait bientôt avoir 24 ans, alors que je n'allais en avoir que 18. Mais les circonstances nous ont inévitablement rapprochés. J'ai toujours été habitué à vivre avec six personnes à la maison, et maintenant, nous n'étions plus que 4. Il a été là pour moi et pour ça, je lui en serai éternellement reconnaissante.

Grimpe sans moi si tu le veuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant