*10. Souvenir d'automne*

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2 ans plus tôt

Je m'avance dans le long couloir du lycée pour rejoindre ma classe de géo. Ma tête me fait mal et mes pas sont lourds comme si des blocs de béton étaient attachés à mes chaussures. J'entre dans la salle vide et m'affale sur mon banc en attendant que la sonnerie retentisse. Une odeur de craie et de transpiration envahit mes narines pendant que je sors mes affaires de mon sac. J'attends dans le silence qui se brise parfois lorsqu'un groupe d'élèves passe devant la porte fermée. Mon téléphone m'indique qu'il est 14 h 53, il ne va pas tarder à sonner. J'aimerais que le temps accéléré, je suis épuisée, je n'ai qu'une envie, rentrer chez moi. J'entends la porte s'ouvrir et vois Estelle rentrer.

― Te voilà, t'es pas facile à trouver toi. Je te cherche depuis tout à l'heure. Qu'est-ce que tu fais déjà là ?

― Je voulais rester au calme. J'ai mal à la tête depuis hier soir. Et c'est un peu à cause de toi, ricane-je.

― T'es une petite faible toi. Je t'entraîne je te signale, dans trois ans, on a fini nos secondaires et il faudra bien quelqu'un pour sortir avec moi en soirée après les cours. Tu me remercieras plus tard quand tu seras devenu une experte dans le domaine.

― Je sais, mais ce n'est pas l'alcool le problème, c'est la musique, tu l'as fait hurler dans mes oreilles pendant 3 lonnnngues heures. C'est pas humain de faire ça à ses amies.

Estelle souffle en rigolant à son tour.

― T'es pas drôle toi.

― Elle a bien raison, vraiment ennuyeuse la petite sœur.

Je me retourne et mon frère jumeau vient d'entrer.

― Ah bah, qui voilà. C'est vrai que t'es peut-être plus doué que moi en soirée. Je me souviens toujours de l'annif de Raph où t'as pas arrêté de te plaindre parce que t'étais Fa-Ti-Guééé. Va raconter tes histoires à quelqu'un d'autre, sur ce tableau, je te bats à plate couture, rigolais-je en posant ma main sur son épaule.

Simon me regarde l'air choqué et place une main sur son cœur comme si je venais de le briser en mille morceaux.

― Comment oses-tu me dire ça. Je suis bien plus fun que toi, je te le garantis. D'ailleurs, Estelle, si tu n'as personne pour tes futures soirées, tu as mon numéro.

Je secoue la tête, l'air désespéré, mais avec le sourire aux lèvres.

― Nickel, on va se bourrer la gueule. Mais à l'unif s'il te plaît, je tiens à réussir ma secondaire quand même.

Super, mon frère jumeau et ma meilleure amie se liguent contre moi parce que je suis apparemment trop ennuyeuse pour faire la fête.

― Tu vois, je suis plus fun. C'est moi qu'elle a choisi pour faire la fête, pas toi, petite sœur.

Il insiste bien sur les deux derniers mots car il sait que ça me rend folle quand il fait ça. Et il a raison, car je tombe en plein dedans.

― Mais arrête avec ton ''petite sœur'' on est jumeaux.

― Non, si je te rappelle ce qu'il est noté sur nos actes de naissances, je suis né à 16h28 et toi à 16h31 donc théoriquement, je suis ton grand frère.

― Ah non, tu vas pas recommencer avec ça quand même.

Il me regarde avec son petit air fier. Il se rapproche et tente de me mettre les cheveux en bataille. J'attrape un marqueur pour tableau qui se trouve sur la table derrière moi et me défend. Estelle vient à ma rescousse et attrape fermement les deux bras de mon frère. Simon se stop net quand il sent la grosse trace bleu se dessiner sur son front. Il me regarde avec des yeux de chien battu. Je n'arrive pas à me retenir et pouf de rire. Ce sont vraiment mes moments préférés. Moi, Simon et Estelle ensemble pour dire et faire des conneries. Je n'ai jamais de problème quand je suis avec eux, ils s'envolent immédiatement. C'est ainsi depuis des années et je ne veux que ça change pour rien au monde. Estelle est comme ma sœur depuis notre rencontre, donc naturellement, Simon la considère comme telle aussi. Nous sommes un petit trio insupportable, mais ce n'est pas grave, j'adore ça.

Grimpe sans moi si tu le veuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant