Je sors du hall et rejoins mon frère qui m'attend dans sa voiture. De gros nuages gris se forment dans le ciel et le beau soleil de ce matin commence à disparaître derrière les nuages. L'air devient également plus frais à cause du vent qui s'est levé. Ça n'annonce rien de bon.
― Merci de m'avoir amenée, lui dis-je en fermant la porte derrière moi.
― De rien, ça m'a fait plaisir et comme ça, on peut discuter un peu. Tu m'avais vraiment manquée.
Avant même que la voiture n'ait le temps de démarrer, de grosses gouttes de pluie viennent s'écraser contre le pare-brise. J'ouvre la fenêtre et respire l'odeur de la pluie qui tombe sur le tarmac chaud. Ça me rappelle tellement de bons souvenirs. Quand nous étions petits, Simon et moi adorions danser sous la pluie. Dès qu'il pleuvait, nous nous précipitions dehors. La plupart du temps, cette odeur revenait et un magnifique arc-en-ciel finissait par pointer le bout de son nez. Nous revenions complètement trempés dans la maison et ne parlons pas de l'état de nos chaussures. Ça rendait notre mère folle de rage. Ça me manque parfois de me comporter comme une enfant et d'en avoir rien à faire de ce que pensent les autres. Je ne pouvais me sentir comme ça qu'avec deux personnes, Simon et Arthur. Et aujourd'hui, l'un habite à l'autre bout du pays tandis que l'autre n'est plus de ce monde.
Arthur voit mon sourire s'abaisser pendant que je regarde par la fenêtre. Il se racle la gorge et tente d'aborder un sujet.
― Je devais te dire, Raphaël voulait savoir si tu étais dispo tantôt, il aimerait aller à l'escalade et il voulait que tu l'accompagnes.
Ses paroles me font revenir à la réalité.
― Oui, ça peut être sympa. Tu veux venir ?
Je veux profiter au maximum de sa présence tant qu'il est ici. Il ne va pas rester bien longtemps.
― Si tu veux, mais je suis moins dans tout ça en ce moment. J'ai atteint mon objectif, j'ai gagné une coupe d'Europe comme je l'ai toujours rêvé. Je crois que je vais faire une pause avec l'escalade. De toute façon, je n'ai pas le temps avec mon travail et je n'ai pas de salle d'escalade à proximité de mon appartement.
Ce qu'il dit fait basculer mon sourire dans le sens inverse. J'ai toujours cru que le fait d'avoir grandi dans cet univers toute ma vie me lierait à tout jamais à ce sport, même si on traversait des moments difficiles comme je vis en ce moment. Je me rends maintenant compte que malgré ça, on peut s'en détacher facilement. Je suis consciente que je n'ai pas été à l'escalade de mon plein gré depuis bien longtemps. Mais malgré la douleur que je ressentais, j'avais toujours ce pincement au cœur quand je repensais à mon sport. Je me sentais si bien là-bas, c'était mon havre de paix, un endroit où je pouvais faire ce que j'aimais sans me préoccuper de toutes les choses extérieures qui me stressaient au quotidien. Et même si aujourd'hui j'ai l'impression qu'éviter les entraînements me fait du bien, je me rends compte petit à petit que c'est faux. Plus je m'en éloigne, plus je vais mal.
***
M'y revoilà, dans la même salle, au pied du même mur, avec la même frayeur qui m'envahit. Je ne voulais pas le refaire, mais Raphaël y tient vraiment. Je me relance dans la même montée et parviens à toucher la prise finale en quelques secondes. Je redescends fière de moi. Il faut croire que le cours d'escalade à l'école n'a pas servi à rien en fin de compte. Je suppose que le fait d'être assurée pour monter m'a redonné confiance en moi. Cette nouvelle petite victoire me donne du baume au cœur. J'y suis arrivée, et cette fois pas avec les conseils de quelqu'un ou pour prouver à un imbécile que j'en suis capable. J'y suis arrivée seule et pour moi.
― Waw, je suis impressionnée. Tu as bien progressé depuis la dernière fois. Tu es prête à tenter une nouvelle piste ?
C'est un peu rapide, mais je ne perds pas espoir. Je lui adresse un sourire et change de mur. Je vais en refaire une du même niveau. Je veux être sûr que ce n'est pas juste la piste qui est plus facile que le niveau indiqué. Et j'ai aussi trop peur de faire le niveau supérieur.
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Grimpe sans moi si tu le veux
RomanceLe bonheur, cela fait maintenant plus de 1 an qu'Eleanor ne l'a pas ressenti. Après la mort de son frère jumeau, son monde s'est effondré. Tout ce qui lui tenait à cœur avait disparu. Sa meilleure amie, sa famille et son sport. Tandis qu'elle fait s...