9. Le cadre photo

4 2 0
                                    

Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. Probablement à cause de ce qui est prévu aujourd'hui. Je ne sais pas quoi penser, une part de moi est très angoissée à l'idée de me retrouver seule avec lui parce que même si nous sommes dans la même classe, lui et moi ne sommes pas très proches. À mes yeux, c'était juste le garçon insupportable de ma classe qui m'avait fait gagner un jeu à une soirée, mais depuis ce qu'il m'a dit quand nous étions assis ensemble sur le sable, une part de moi ne le voit plus de la même façon. Je me rends compte que j'aurais pu refuser de lui donner des cours particuliers. Je lui aurais sorti une excuse inventée sur le coup et Estelle se serait occupée de l'aider avec son cours de math. Mais finalement, je ressens une sorte d'excitation à l'idée de le voir. On ne sera que nous deux sans personne d'autre. Estelle a réussi son coup finalement.

Mon sac est prêt, j'ai pris mon cours de maths, mon plumier ainsi qu'un bloc de feuilles. Mes parents ne sont pas à la maison et mes frères sont partis voir un film ensemble pour profiter l'un de l'autre avant qu'Arthur ne reparte chez lui. Je suis donc seule à la maison et personne ne peut m'emmener. Je sors de chez moi et décide de courir pour atteindre mon arrêt de bus comme je suis en retard. Je prie intérieurement pour rater mon bus. Ce serait l'excuse parfaite pour ne pas pouvoir y aller. Car même si au fond de moi mon cœur se sert en pensant à lui, je ne peux pas ignorer la boule de stress qui grandit dans ma poitrine au fur et à mesure des minutes. Il se met à pleuvoir et le sol devient trop glissant. Je stoppe ma course et recommence à marcher.

Je vais peut-être vraiment rater mon bus en fin de compte.

J'arrive à temps et monte dans le bus après avoir scanné mon abonnement. Je m'assois à côté d'une fenêtre et souffle enfin.

***

Je suis à deux doigts de faire demi-tour. Je suis à 1 mètre de la porte d'entrée et une boule de stress dans le ventre m'empêche de toquer. Je ne l'imaginais pas vivre dans une si grande bâtisse. J'imaginais plutôt une petite maison dans la ville, mais la réalité est très loin de ce à quoi je m'attendais. Elle est très moderne et se situe dans une petite rue dans un village de campagne. J'adore ce genre d'endroit, j'aime ma maison, mais le fait d'être face à une route assez fréquentée m'a toujours dérangée. Mais ici, pas un bruit à part celui du chant des oiseaux. Je revérifie l'adresse que Liam m'a envoyée pour être sûr de ne pas m'être trompé. Non, c'est bien ici. Je suis debout sur le palier depuis maintenant cinq longues minutes à me demander ce que je vais faire.

― Tu comptes toquer un jour ? me dit une voix féminine dans mon dos en riant.

Merde, la honte !

― Heu oui, j'allais le faire, j'étais juste perdue dans mes pensées, réponds-je en me retournant pour découvrir une belle femme blonde face à moi.

― Tu dois être Eleanor, je suis Alicia, la maman de Liam, me dit-elle en portant deux gros sacs de courses dans ses mains.

― Oui, c'est ça, enchantée de vous rencontrer.

Je tends le bras pour lui serrer la main.

― Désolé, mais ça risque d'être un peu compliqué, s'exclame-t-elle en me montrant du regard les deux sacs toujours dans ses mains.

Je baisse la tête pour cacher mon visage qui rougit instantanément. Si ça continue comme ça, je vais gagner le prix du plus de moments malaisants vécus en une journée.

Elle s'avance vers l'entrée et pose ses sacs à terre pour ouvrir la porte.

― Laissez-moi vous aider, lui dis-je en attrapant la poignée d'un des deux sacs.

― Merci beaucoup, dit-elle en me souriant.

Je la suis et entre dans la maison. C'est vraiment magnifique, la déco est digne d'une exposition. J'entre dans la cuisine et dépose le sac à côté de l'autre.

Grimpe sans moi si tu le veuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant