Pierre précieuse

Chapitre 14

POV Helena

Mes cheveux n'ont jamais été aussi beaux. En fait, j'aime tout ce soir : ma tenue qui brille de mille paillettes, le maquillage qui met en valeur mes yeux, ma coiffure fraîchement raccourcie et ondulée pour l'occasion. Dès que la mise en beauté est  terminée, je file dans la loge d'à côté pour montrer à Pierre. Je suis accueillie par un « Oh waow » et un sourire admiratif.
- T'es trop belle mon Gnocchi.
- T'es pas mal non plus ! Je lui rétorque en le dévorant des yeux. Il porte son habituel chignon plaqué et un costume sombre très chic qui lui donne littéralement une allure à tomber.
- Prête à profiter de notre dernière soirée ensemble ?
- Arrête de dire ça, on va avoir toute la tournée, on va être séparés seulement une semaine.
- C'est une semaine de trop. Il tranche.
- 7 petits jours !
- Et 7 longues nuits moi tout seul.
Il fait une moue adorable et à peine exagérée et je lui attrape les joues pour changer son expression. Il secoue la tête pour se libérer et vient frotter son nez contre le mien. Je le sens un peu triste et nostalgique, pas combattif et optimiste comme il est d'habitude avant les Prime, avec sa nonchalance habituelle. Ça confirme le pressentiment que j'ai eu ces derniers jours. Je dois absolument lui en parler, c'est maintenant ou jamais.
- Pierre, j'ai besoin de te dire quelque chose.
- Je t'écoute ?
- Ce soir... je voudrais que tu me promettes de donner le meilleur de toi-même.
- Bah oui enfin comme d'hab quoi !
Il est déstabilisé et fait un pas en arrière. J'en étais sûre.
- Promets moi ?
Il soupire.
- je ne veux pas retourner au château sans toi.
- Mais... c'est littéralement le jeu ?
- Après tout ce que t'as fait pour moi Helena... Te laisser la place en finale c'est vraiment la moindre des choses. Je te prendrai pas ça, elle est pour toi. Moi, j'ai déjà tout gagné.
- Mais t'es sérieux ? Je m'énerve - tu crois vraiment que je serai fière de décrocher ma place en trichant ? Ça veut dire quoi si tu me laisses gagner, que tu ne me penses pas capable d'être à la hauteur ? Pas capable de gagner face à toi ?
Je suis pas hyper vexée pour de vrai, mais j'en rajoute une couche pour marquer le coup.
- Cette place, je veux que tu te battes pour elle, pas que tu me l'offres comme un cadeau. Me ferais-tu l'honneur de m'affronter à la loyale ?
Il a la bouche entrouverte, je pense que son plan s'écroule dans sa tête. Il prend quelques secondes à hocher la tête, déterminé, avant de me répondre:
- Que le meilleur gagne.
On se sert la main en secouant exagérément fort.
Le prime touche à sa fin et j'apprends que je suis éliminée. Pierre a tout donné, et ce n'est pas une surprise pour moi de m'incliner face à lui. Ça n'enlève rien à mon propre talent, ça montre juste l'immensité du sien.
En entendant mon nom de la bouche de Nikos, Pierre me prend dans ses bras et on se serre fort mais je n'ai aucun regret. Je suis fière de lui car il ne boude pas non plus son plaisir d'aller en finale. Qu'il s'autorise enfin à être heureux, ça fait tout mon bonheur, c'est mon plus beau cadeau. Une nuée de gens débarquent sur scène pour le féliciter et je décide de m'éclipser pour qu'il puisse profiter du moment sans se soucier de moi.
Je quitte discrètement la scène et rejoins les coulisses pour me remettre de mes émotions. Je respire un grand coup et soudainement, mon cerveau capte ce qui se passe et je fonds en larmes. Un mélange de déception, de pression qui retombe et d'angoisse m'envahit, mais le pire c'est de savoir que j'vais être séparée de Pierre. Pourtant, c'est plutôt lui qui craignait cette semaine l'un sans l'autre, mais maintenant que c'est concret, mon ventre se tord à cette idée. J'arrive à reprendre mon souffle et essuyer mes joues et heureusement, l'agitation autour de la victoire de Pierre fait que personne ne m'a vue dans mon petit coin. D'ailleurs je dois être recherchée parce j'entends Julien crier « Elle est là ta belle, Pierre !!! »
Et des bras m'enserrent avec tendresse, même si c'est pas du tout le câlin que je voudrais.
- T'as été géniale ce soir, me dit Julien. Il embrasse mon front, me libère de son étreinte et les bras de Pierre prennent immédiatement le relais.
- Pourquoi t'es partie ? Il murmure.
Je secoue la tête parce que c'est pas important, et me réfugie contre son torse. Il relève mon visage pour que je le regarde et voit mes yeux brillants, même si je me concentre de toute ma force pour retenir mes larmes. Il me scrute une seconde avec une hésitation dans le regard, se redresse d'un coup, fait un petit aller retour de tête, gauche droite, histoire de vérifier qui est dans les parages, puis plonge sur mes lèvres pour les emprisonner dans les siennes. Le baiser est plus sensuel, plus urgent, plus passionné que jamais. Mon cœur bat aussi vite que le sien, que je sens tambouriner dans sa poitrine sur laquelle j'ai posé mes mains.
« stop stop stop » nous avertit Julien, qui s'était placé dos à nous pour nous donner de l'intimité.
On entend des bruits se rapprocher alors douloureusement et à contre cœur, on se décroche l'un de l'autre.
Karima vient chercher Pierre suivie des caméras, pour qu'il remonte dans le bus. Une dernière accolade amicale à Julien, puis à lui, et puis je tourne les talons, avec une seule idée en tête : trouver ma famille et me réfugier auprès d'eux.