Chapitre 15

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Salut à toutes, vous vous rappelez de moi ? J'ai un peu disparu, je n'avais pas d'inspiration, ce chapitre n'était pas super et j'ai donc décidé qu'il serait le dernier. Merci de votre immense patience et de tous vos adorables retours.
Bonne lecture !!!

Pov Pierre

Rentrer au château sans Helena, c'est comme un cookie sans pépite de chocolats, des pâtes sans fromage râpé ou du coca sans bulles, c'est nul.
Je me concentre de toutes mes forces sur la joie que j'ai de participer à la finale, car je suis fier de moi et je sais qu'elle l'est aussi. Maintenant il ne me reste plus qu'à honorer la promesse que je lui ai faite : donner le meilleur de moi-même. J'ai une semaine à passer avant de la retrouver. Je me lance corps et âme dans les répètes pour la finale et j'ignore le vide qu'Helena a laissé tout autour de moi. Même Julien remarque que c'est trop calme sans elle.
Je passe la moitié de la semaine à me donner à fond pour le show et l'autre moitié à me demander comment j'ai pu perdre autant mes moyens pendant la visite des autres académiciens. Ils sont tous revenus au château, sauf Lenie. Et pour moi, ça a été une catastrophe. On en debrieffe le soir même avec Julien, à l'instant où le live s'arrête.
- Alors, maintenant que les caméras sont éteintes, je veux ton VRAI avis.
- Elle était... distante. J'le pensais vraiment quand je te l'ai dit tout à l'heure.
- Oui, j'ai trouvé aussi. Mais toi... tu lui as parlé comme un débile ?
Je me prends cette remarque comme un coup de poing dans l'estomac, mais quand je fais le bilan, il a totalement raison. Je passe en revue de déroulé de la soirée, de la surprise qui me fige sur place pendant que je vois leurs petites bouilles débarquer une par une dans la salle de théâtre jusqu'à voir ces mêmes têtes remonter dans le bus. J'oublierai jamais ce moment où ils entrent tous, je ne m'y attends pas du tout, le répète ma chanson, je les prends dans mes bras et sens mon cœur s'accélérer jusqu'à ce que je la repère du coin de l'œil. Mon estomac fait un petit looping de la joie pendant que mes amis défilent pour me saluer. Je me retiens de pas tous les pousser pour la rejoindre, surtout qu'elle reste tout derrière, et ça m'agace parce que c'est trop long avant que ce soit son tour. Tellement long que je panique complètement quand elle arrive enfin devant moi. Je lui balance un truc du genre « oh bah frère je t'ai vu y'a 3 jours » avant de la serrer dans mes bras, et je sens directement qu'elle ne fond pas contre moi comme avant. En même temps, normal ?! Quel debile !!! « Frère » ??? Sérieusement ?? J'ai l'impression de perdre tous mes moyens. Ça me stresse encore plus et je me concentre fort pour essayer d'avoir des conversations normales avec chacun, mais si possible dans la même pièce qu'elle, parce que j'ai pas trop envie de la perdre de mon champ de vision.
- j'avais du mal à me détacher d'elle, genre, j'avais envie de la suivre partout où elle allait.
- Mais c'était un peu maladroit... enfin je t'adore hein mon Baloo, mais on aurait dit que tu retrouvais un bon pote du lycée, certainement pas ta douce...
Je me liquéfie sur place. Il a clairement raison, et en plus, il en rajoute une couche : - et elle, elle a essayé au moins 10 fois de te montrer qu'elle voulait que tu t'occupes d'elle. Enfin merde, elle arrêtait pas de se blottir contre toi. T'es aveugle ou quoi ? Tu lui faisais des petites accolades et c'est toi qui la lâchait à chaque fois. Enfin mec, tu connais pas la règle d'or ? Si tu l'aimes, tu défaits pas le câlin avant elle !
- c'est une règle ça ? On explose de rire, malgré ma honte.
- Ouais, une règle inventée par ma copine, sourit Julien.
Il se projète, je vois bien qu'il pense que j'ai merdé parce que lui, il aurait pas fait comme ça, il aurait été romantique, doux, prévenant, il aurait été parfait, normal c'est Julien, mais moi, je sais pas faire ça. Je saurai jamais lui offrir ça, à Helena. Moi tout ce que je provoque, c'est de la peine et des catastrophes.
- Helena a parlé aux parents de Béryl.
- QUOI ? S'étonne Julien, qui connaît mon histoire.
- Elle me l'a dit, juste avant de remonter dans le bus. Elle a enfoui nos micros dans nos gros manteaux, pendant notre dernier câlin, et elle m'a chuchoté « Les parents de Béryl m'ont appelé. Ils savent. Ils sont pas fâchés ».
- Ça a dû te soulager ?
- Ouais, et à la fois, je m'en veux qu'elle ait dû affronter ça toute seule.
- Tu sais, tu n'as pas besoin de la protéger tout le temps. C'est un sacré petit bout de femme, le Gnocchi. Elle est forte.
- T'as sûrement raison, je réponds sincèrement, déjà presque endormi, des images de ma femme sur scène, domptant le trac, le public et les éliminations, avec une bravoure et un aplomb incroyables, envahissent doucement ma tête et se transforment en rêves de cheveux blonds et d'yeux plus bleus que le ciel.
La finale est merveilleuse et je retrouve enfin mes moyens quand Helena me prend par la main dans les coulisses et m'enferme dans une loge avec elle. Pas de « frère » ou de grandes tapes dans le dos cette fois. Je prends directement son visage dans mes paumes et joue avec elle pendant qu'elle attend que je l'embrasse. Je prends tout mon temps pour faire monter son désir et sens ses mains agripper ma nuque et m'attirer vers elle. Comme je ne cède pas, elle se met sur la pointe des pieds et je me redresse légèrement, juste de quoi rester hors d'atteinte, tout en la tenant fermement par les hanches pour la garder contre moi. Elle ouvre les yeux et son regard me transperce. « Qu'est ce que t'attends ? » elle a l'air de vouloir me dire. J'embrasse son front, ses tempes, ses joues et elle laisse s'échapper un soupir qui me fait craquer. Ma bouche rejoint la sienne et j'me fais la réflexion que c'est encore meilleur que quand Nikos a prononcé mon nom tout à l'heure. Mes pouces caressent son visage et je la serre fort fort, pour me rattraper de sa visite de l'autre jour. J'aurais dû prolonger nos câlins, j'me demande comment j'ai fait pour la repousser à chaque fois qu'elle est venue contre moi alors que tout en moi meurt d'envie d'être le plus près possible d'elle.
- t'as gagné, Pierre !
Je la regarde, elle, son air de fierté, son sourire à tomber, rien que pour moi. J'ai vraiment gagné.
On a quelques jours de repos avant de commencer les répétitions de la tournée. Avec le tumulte de la victoire, du single qui fonctionne bien, des radios et des interviews, il se passe bien une semaine avant que je puisse rentrer chez moi. Et je ne suis pas seul. Helena me rejoint directement, et même si ma famille ne pose pas de question, je sais qu'ils ont compris. Et les voir l'accueillir à bras ouverts, ça me prouve qu'ils ne sont pas fâchés contre moi. J'ai plus qu'une seule personne à convaincre que je ne suis pas un enfoiré, du coup.
- Salut, Béryl, je murmure en m'approchant d'elle, prenant soin de me frayer un chemin jusqu'à son lit en évidant de m'emmêler dans les fils de la perfusion. J'embrasse son front et m'assieds sur le côté du lit. Béryl a les yeux fermés, comme si elle dormait, mais les différents tubes qui la relient aux machines qui la maintiennent en vie me rappellent qu'elle est bien plus loin qu'un simple sommeil. L'une d'entre elles montre le rythme de son cœur sur un écran, comme des petites vagues sur une mer agitée. - je suis venu te présenter quelqu'un, aujourd'hui.
Je fais signe à Helena d'avancer, elle s'approche doucement sans un mot, en restant debout derrière moi. Je lui prends la main pour la rassurer, parce que cette chambre de réanimation est impressionnante, et parce que la situation d'Helena doit être particulièrement inconfortable.
- elle s'appelle Helena, et je l'aime. Elle m'aime aussi, miraculeusement. Je sais que je t'avais promis de... enfin... je t'aimerai toujours, ma Béryl. Mais Helena, c'est mon âme sœur, c'est plus fort que moi, plus fort que ce que j'avais décidé.
Helena serre ma main en signe de soutien. On reste quelques secondes dans le silence, et sans que je m'y attende, Helena prend la parole:
- je ne prendrai jamais ta place dans son cœur. Je ne suis pas là pour te remplacer. Je voudrais juste que tu me permettes d'essayer de le rendre le plus heureux, le plus longtemps possible. Tu veux bien ?
Les petites vagues de l'écran chavirent un instant, et un minuscule sourire apparaît sur les lèvres de Béryl. On prend ça pour un oui. On chante shallow à Béryl, en duo. Mon cœur explose, et je ne sais pas quelle émotion domine. Les parents de Béryl nous rejoignent à la cafétéria de l'hôpital. Je suis un peu nerveux, mais c'était prévu. Helena m'a beaucoup rassuré.
- tu sais, quand ils m'ont contacté, après mon élimination, ils m'ont dit qu'ils étaient contents pour toi. Qu'ils étaient inquiets que tu passes ta vie à attendre le réveil de Béryl. Bien sûr, ils sont tristes pour leur fille... mais ils étaient tout aussi triste que tu t'empêches de vivre pour elle. Pour eux, c'était la double peine.
Et c'est exactement de que Isabelle et Thomas m'expliquent quand nous les retrouvons autour d'un café. Ils m'ont toujours beaucoup apprécié, ils savent à quel point je tenais à Béryl, ils me redisent qu'ils sont sûrs de mon innocence dans son accident, et même si je le savais déjà, c'est un poids en moins sur mes épaules. Est ce que c'est le fait de l'entendre pendant qu'Helena me caresse la main avec son pouce ? Ça doit aider.
Les parents de Béryl ont suivi les quotidiennes, ils adorent Helena. Ils nous avouent qu'ils ont même voté pour elle à la demi finale, ce qui la met instantanément à l'aise avec eux (et me vaudra une vie entière de railleries). Le courant passe incroyablement bien et je ne peux qu'admirer à quel point mon Gnocchi est à l'aise avec cette situation délicate dans laquelle je la mets. Finalement, les choses sont plus simples que ce que je m'imaginais.
La vie est belle. La tournée est magique. Le public est au rendez-vous. Helena et moi, on préfère nier notre relation dans les medias, même si personne n'est dupe. Après tout, qui ça regarde à part nous ? On tease un peu les gens, surtout pendant les chorés où l'on est de plus en plus proches. Ça nous fait marrer, surtout Helena qui passe sa vie sur Twitter.
En mars, je reçois un appel auquel je ne m'attendais pas.
- Allo Pierre ? Viens vite, elle s'est réveillée ! Béryl est réveillée !
C'est le début de la plus longue nuit de ma vie. D'abord, j'en parle avec Helena.
- Est ce que... est ce qu'il y a une chance que tu veuilles... te remettre avec elle ?
J'entends une note de terreur à cette idée dans sa voix.
- comment tu peux penser une seule seconde que je pourrais vouloir quelqu'un d'autre que toi ?
- Mais si tu as besoin d'un petit break pour... tu sais... te consacrer à elle
- Helena, je la coupe, Béryl est mon ex. J'ai mis du temps, beaucoup de temps à l'accepter mais quand notre histoire a commencé, celle avec Béryl s'est terminée. Si elle veut être dans nos vies, j'adorerais que nous soyons amis, mais si l'un de nous trois n'est pas à l'aise avec cette idée, alors le plus important, c'est toi et moi. Surtout toi.
- T'as besoin de moi ? Pour demain ?
- J'ai besoin que tu gères le concert, que tu compenses mon absence, et que tu dragues pas trop Axel sur Shallow, je la taquine. Je sais qu'elle est inquiète. Tout est arrangé avec les producteurs, demain je posterai un message pour dire que je suis malade pour pouvoir m'exfiltrer quelques jours vers Caen.
« Allo ? »
- salut ma belle, alors comme ça, Axel vient te chercher tout en haut des marches pendant que je suis à l'autre bout de la France ?
- Oui, et ça a fait son petit effet sur les réseaux, t'as vu ?
- J'ai vu ! Je tâcherai de m'améliorer à mon retour, je déclare.
- Comment ça se passe ?
- J'ai vu Béryl ce matin. Elle va très bien, elle sera en mesure de récupérer toutes ses capacités physiques, et probablement de reprendre une vie totalement normale ! Tu te rends compte ? Elle va revivre !
- C'est génial ! Ils savent ce qui a provoqué son réveil ?
- Pas du tout, c'est un mystère et on ne saura jamais, mais attends, je ne t'ai pas raconté le meilleur ?
- Quoi donc ?
- Béryl ne se souvient de rien des deux ans qui ont précédé l'accident. Elle a des souvenirs d'enfance, puis ça devient flou vers le collège, et absolument rien pour le lycée. Elle a reconnu ses parents, sa famille, mais elle ne sait pas qui je suis. Elle m'a totalement oublié ! Je suis un complet inconnu pour elle !
- Et... ça te fait plaisir ? Je veux dire, c'est une bonne chose ?
- C'est la meilleure chose qui pouvait arriver !
Je l'entends rire.
- Reviens vite.
- On se voit dès ce soir, ma belle.
- Je t'aime.
- Moi aussi je t'aime mon Gnocchi. Pour toujours.
- Alors... c'est rien que nous deux, maintenant ?
- À partir de maintenant, entre nous, ça sera pareil, mais tout en mieux.

Pierre précieuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant