4•le monde est détruit

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Autre part-Bigflo et Oli

Sidjil est réveillé par le bruit d'un camion qui passe. Ses yeux papillonnent, il a froid, malgré que ça soit le printemps, les matins étaient froids mais il faisait grand soleil, les oiseaux chantonnaient. Il a dû dormir quatre heures en tout. Il se redresse sur le banc et soupire puis se frotte les yeux. Ses nuits devenaient longues, parfois, il faisait même des cauchemars, de sa mère, de son père, à chaque fois, il se réveillait avant qu'un d'eux ne se fasse tuer.

Il regarde autour de lui. Il regardait une mamie et son chien se balader, puis un petit garçon, et probablement sa mère, sortir de la boulangerie avec une baguette de pain et un paquet de bonbons qui rendait le petit le plus heureux.

Il regardait les gens rire pendant que lui avait probablement l'air d'un mort-vivant, ses cernes grandissaient, son corps maigrissait, sa barbe commençait à pousser de plus en plus et surtout, son visage était boursouflé et coloré de rouge et de violet. Pour couronner le tout, il n'avait pas pris de douche depuis quelques jours.

Il devait se trouver un travail, se faire de l'argent et partir loin d'ici.

-Sid?

Il tourne soudainement la tête. Manas. Sidjil se lève et met sa capuche, les mains dans ses poches. Il n'avait donné aucune nouvelle pour ne pas l'inquiéter. Il se met à accélérer ses pas, mais Manas le rattrape rapidement et pose une main forte sur son épaule pour qu'il s'arrête.

-Sid, tu fous quoi là?

-Ça se voit pas?

Manas soupire.

-Viens chez moi.

-Je vais bien. Il ment en faisant un geste de sa main.

-Tu vas vite m'expliquer c'est quoi le problème sinon je vais peter un plomb. Pourquoi tu me dis jamais rien putain? J'ai essayé de t'appeler pendant plusieurs jours!

-Désolé.

Manas secoue la tête et prend son poignet, le dirige en direction de sa voiture. Il ouvre la portière et lui ordonne de rentrer dans le véhicule. Manas se met sur le siège du conducteur, en se mettant à conduire,  Manas serre le volant plus qu'il ne le devrait, Sidjil ne dit rien et regarde simplement le paysage en commençant à culpabiliser.

Arrivé au domicile de Nicolas, il soupire une nouvelle fois et regarde Sidjil avec un regard rempli de peine que Sidjil détestait et ne voulait pas voir.

-Frère, va prendre une douche tu pues de ouf. J'vais te prêter des vêtements. Tu vas tout m'expliquer après.

🩵🩵🩵

-Pourquoi tu m'as rien dit?

-Je voulais pas déranger...

-Sid, putain, t'as peur de déranger jusqu'à ce point là?

Sidjil hausse les épaules, Manas souffle, secoue la tête, désespéré.

-Ensuite, c'est quoi ces merdes sur ton visage?

-Une fille se faisait suivre de trop près par deux gars et se faisait siffler, ils ont mis leurs mains dégueulasses sur elle. J'ai... j'ai voulu la protéger et... j'étais trop épuisé, ils m'ont agressé aussi, mais j'ai quand même réussi à les éloigner ces chiens.

Manas se pince les lèvres, hoche la tête et pose une main amicale sur son épaule.

-Là frère, je suis obligé d'être fier de toi.

Sidjil sourit légèrement, juste assez pour qu'on voit que ça le réconforte mais pas assez pour qu'on croit qu'il est heureux.

-Reste quelques temps chez moi et trouve toi un travail, c'est super important.

-Mais où?

Manas réfléchit quelques instants en fixant son café.

-Pourquoi pas le magasin de musique?

Sidjil écarquille les yeux.

-Mais...

-C'est quoi le problème? C'est tout ce que tu aimes.

Sidjil réfléchit en baissant la tête, puis soupire et finit par hocher la tête. Manas le prend, dans un geste simple et réconfortant, dans ses bras. Sidjil était si reconnaissant d'avoir Nicolas dans sa vie. Manas lui chuchote tout ira bien.
Sidjil ne peut que pleurer en silence.

Sidjil avait, trop facilement, obtenu le travail quelques semaines plus tard. Il travaillait environ huit heures par jour, il avait repris des forces, grâce à son meilleur ami. Elisabeth avait remarqué le mauvais état de Sidjil, mais il n'avait rien voulu dire, il détestait plus que tout se confier, parce que ça signifiait, de près ou de loin, qu'il parlait de se qu'il ressentait et c'est probablement la chose qu'il détestait le plus.

Maxime et Lana les aidaient parfois au magasin, ils ramenaient tous les deux leur bonne humeur et leurs conneries. Sidjil adorait Lana, elle était extravertie, drôle, ouverte d'esprit mais il s'était quand même rapproché de Maxime, il ne pouvait pas encore le considérer comme un ami mais, tout semblait vouloir les rapprocher, y compris Lana et Elisabeth.
Sidjil riait à chaque fois qu'ils venaient, il était de bonne humeur à chaque fois.

À ce moment, Sidjil nettoyait les instruments mis à disposition, il était environ huit heures du matin, Elisabeth n'était même pas encore présente. Il observait son reflet sur le dessus du piano, et en effet, il était devenu plus beau depuis qu'il ne voyait plus sa mère. Il ne savait même pas ce qu'elle devenait, et honnêtement, il ne voulait pas savoir. Il regarde alors la cicatrice assez grande et claire qui se trouvait sur le dessus de sa main. Il souffle. Il détestait aussi cette cicatrice, elle racontait toute son histoire.

Il est coupé de ses pensées lorsqu'il entend la sonnette du magasin, il se dit d'abord qu'Elisabeth venait d'arriver, mais non, c'était le garçon. Sidjil écarquille les yeux, étonné. Il ne venait jamais aussi tôt (le magasin ouvre chaque matin à neuf heures.)  Maxime le salue sans son éternel grand sourire collé au visage et sans grande conviction. Sidjil, lui, le salue machinalement. Sidjil lui dit qu'il y a un peu de rangement à faire dans les CDs, Maxime est concentré sur sa tâche quelques instants après. Il était venu sans Lana, elle venait de moins en moins régulièrement, Sidjil lui avait demandé une fois pourquoi elle venait moins, elle avait simplement répondu qu'elle avait beaucoup de choses à gérer.

Sidjil pose le chiffon qu'il utilisait puis se met à observer le garçon. Son visage était plus fermé que d'habitude, ses sourcils étaient froncés, ses gestes semblaient moins calculés, plus brutes et rapides. Sidjil remarque alors qu'il tremble légèrement, lorsqu'il prend un CDs dans ses mains, la jointure de ses doigts devient blanche tant il les serre fort. En conclusion, Maxime était énervé et Sidjil curieux et surtout inquiet.

-Maxime, tout va bien?

Maxime lève la tête et regarde Sidjil.

-Oui.

Sidjil le regarde, probablement avec pitié.

-Maxime...

Maxime souffle, Sidjil hausse les sourcils, après plusieurs mois maintenant, il n'avait jamais vu cette facette de Maxime.

-Tu veux que je te dise quoi?

-La vérité.

-J'ai pas de vérité à te dire, Sidjil.

-Tout le monde a sa vérité.

Sidjil s'avance vers Maxime, d'un geste qui a un but réconfortant et amical, il pose sa main sur l'épaule de Maxime, et avant même qu'elle ne soit entièrement posée, Maxime réagit exagérément en sursautant et en poussant la main de Sidjil.

-Me touche pas.

Sidjil était définitivement inquiet, et un peu blessé. Mais surtout inquiet. En fait, Sidjil n'était pas le seul, détruit.

Tout le monde est détruit, d'une manière ou d'une autre.

——

COUCOU

promis bientôt on verra de  + Max la prochaine fois!!

est ce qu'il vous a plu??

des théories? sur la cicatrice? sur Maxime?

Bisous à bientôt mes ptites crottes de nez

Fil rouge-DjilsimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant