Chapitre 2 - Le dîner surprenant

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Le crépuscule embrassait Paris de ses teintes dorées, adoucissant les contours de la ville dans une étreinte chaleureuse. Gabriel Attal et Jordan Bardella marchaient côte à côte le long de la Seine, leurs respirations créant de petits nuages de vapeur dans l'air froid du soir. L'invitation de Jordan résonnait encore dans l'esprit de Gabriel, un écho presque irréel de cette proposition inattendue. Dîner ensemble, en dehors des salles de réunion et des plateaux de télévision, semblait à la fois excitant et dangereux.

"J'ai réservé une table dans un petit restaurant italien pas loin d'ici," annonça Jordan, brisant le silence. "J'espère que tu aimes les pâtes."

Gabriel hocha la tête, un sourire en coin. "Ça me va très bien."

Leurs pas les menèrent devant une petite trattoria discrètement nichée dans une ruelle paisible. À l'intérieur, l'atmosphère était chaleureuse et intime, avec des bougies diffusant une lumière douce et tamisée sur les tables en bois. Le maître d'hôtel, d'une politesse impeccable, les conduisit à une table isolée, loin des regards indiscrets, créant un cocon de tranquillité au cœur de la ville.

Alors qu'ils s'installaient, Jordan prit les devants après avoir passé commande. "Bon, allons-y," dit-il, un sourire joueur aux lèvres. "Dis-moi ce qui te pousse vraiment à défendre tes positions avec autant de passion."

Gabriel prit une gorgée de vin, réfléchissant un instant. "C'est simple," commença-t-il, ses yeux brillant d'une lueur sincère. "J'ai toujours voulu faire une différence, aider les jeunes à avoir les mêmes chances, peu importe leur origine ou leur milieu social."

Jordan l'écouta attentivement, hochant légèrement la tête, son regard perçant ne quittant pas celui de Gabriel. "Je comprends. Mon parcours est différent, mais je crois qu'au fond, nous avons tous les deux cette volonté de changer les choses. Même si nos méthodes divergent."

Leur conversation se déroula naturellement, oscillant entre des débats politiques animés et des moments plus légers, emplis de rires et de sourires. Gabriel découvrit avec surprise une facette plus humaine de Jordan, loin de l'image dure et souvent intransigeante qu'il affichait en public. Jordan parlait avec passion de ses idées, mais aussi avec une honnêteté désarmante de ses doutes et de ses espoirs.

"Et toi, Gabriel," lança soudain Jordan, son regard se faisant plus intense, presque scrutateur. "Qu'est-ce qui t'a vraiment poussé à entrer en politique ?"

Gabriel hésita, pesant ses mots. "C'est une histoire compliquée. En partie, c'est pour suivre mes convictions. Mais il y avait aussi... quelqu'un."

Jordan haussa un sourcil, intrigué. "Quelqu'un ?"

Gabriel soupira, sentant le poids des souvenirs. "Stéphane Séjourné. Nous étions ensemble. C'était compliqué entre nous, surtout à cause de la politique. Et puis... il y a eu toi."

Un silence pesant s'installa, rempli de non-dits et de révélations. Jordan sembla surpris, mais aussi touché. "Je ne savais pas que j'avais joué un rôle dans votre séparation."

"Indirectement," admit Gabriel, un sourire triste flottant sur ses lèvres. "Nos différences politiques ont créé des tensions. Et puis, il y avait toujours cette compétition, cette envie de prouver qui était le meilleur."

Jordan hocha lentement la tête, semblant comprendre les implications profondes de ces mots. "Je comprends mieux maintenant. Et Macron... il semble très proche de toi."

Gabriel sentit un frisson le parcourir à la mention du président. "Oui, il l'est. Mais notre relation est complexe. Parfois, il... disons qu'il dépasse certaines limites."

Jordan fronça les sourcils, manifestement préoccupé. "Comment ça ?"

Gabriel baissa les yeux, jouant nerveusement avec le bord de sa serviette. "Quand nous sommes seuls, il peut se montrer... très dominateur. Il aime tester mes limites, jouer avec moi d'une manière que je ne trouve pas toujours confortable."

Les traits de Jordan se durcirent, une colère silencieuse bouillonnant sous la surface. "C'est inacceptable."

"Je sais," murmura Gabriel, les épaules légèrement voûtées sous le poids de sa confession. "Mais il a un pouvoir énorme et il sait comment l'utiliser."

Le reste du dîner se déroula dans une ambiance plus tendue, l'ombre des révélations planant au-dessus d'eux. Jordan semblait perdu dans ses pensées, réfléchissant à tout ce qu'il venait d'apprendre. Gabriel, quant à lui, se sentait vulnérable mais étrangement soulagé d'avoir enfin partagé une partie de son fardeau.

À la fin du repas, alors qu'ils sortaient du restaurant, l'air frais de la nuit les enveloppa à nouveau. "Merci pour ce dîner, Jordan," dit Gabriel, un sourire timide sur le visage. "C'était... inattendu mais agréable."

Jordan lui rendit son sourire, un éclat chaleureux dans les yeux. "Je suis content que tu sois venu. Peut-être que nous pourrions remettre ça."

"Peut-être," répondit Gabriel, son cœur battant plus vite à cette idée.

Ils se séparèrent à l'angle de la rue, chacun plongé dans ses propres réflexions. Gabriel rentra chez lui, l'esprit en ébullition, repensant à chaque instant de cette soirée. Jordan, lui, se demandait comment naviguer dans cette relation complexe avec Gabriel, tiraillé entre l'empathie pour ses difficultés et ses propres ambitions politiques.

Les semaines qui suivirent virent Gabriel et Jordan se retrouver discrètement à plusieurs reprises, leurs conversations devenant de plus en plus profondes et personnelles. Une complicité inattendue naquit entre eux, remettant en question les frontières traditionnelles entre ennemis politiques et alliés potentiels. Gabriel sentait que, malgré les obstacles, une connexion unique se formait, le poussant à espérer un avenir où les divisions politiques pourraient être surmontées par des liens plus profonds et authentiques.

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