[𝐄𝐍 𝐂𝐎𝐔𝐑𝐒]
- Suite de Nos Sublimes Contradictions -
Il existe entre Ayesha et Soobin deux dénominateurs communs qui les avaient autrefois rapprochés et dont ils ne peuvent faire abstraction : Lea et Kai.
Alors lorsqu'un drame frappe ces deux...
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Suis-je un cliché ambulant ?
- SOOBIN -
De : choisoobin@...
À : ayeshatahir@...
Objet : je ne suis qu'un cliché.
Un vieux paquet de chips à la bolognaise traîne au sol, près de mon lit. Une chaise se fait martyriser par une pile de vêtements qui attend avec impatience son tour de machine. Ma dernière lecture gît sous ma couette, non loin du mouchoir - désormais sec - que j'ai utilisé hier soir pour sécher mes larmes et essuyer mon nez. Bien au chaud dans sa cage de luxe, Odi observe ce bazar. Mon petit hérisson devient de moins en moins actif. L'ai-je contaminé avec mes peines ? Tous les jours, maman me rappelle de l'emmener chez le vétérinaire avant de préciser qu'elle ne le fera pas à ma place.
D'ailleurs, elle râle beaucoup en ce moment. Elle trouve que je traîne trop au lit, que je passe mon temps à rêvasser (elle ignore que j'explore juste des souvenirs où j'ai la chance d'être à tes côtés) et que j'ai développé la fâcheuse manie de laisser traîner deux-trois affaires à la salle de bain. Comme papa, elle ne sait pas, pour toi et moi. Il n'y a que San qui n'ignore pas que nous avons rompu, mais il m'a promis de garder le secret, quand bien même il ne comprend pas pourquoi je désire absolument cacher ça à papa et maman. En réalité, j'aimerais qu'ils apprennent cette triste nouvelle quand je m'en serais parfaitement bien remis. Quand je ne serai plus ce stupide cliché qui saurait faire pâlir d'horreur les grands fervents d'originalité. Ces merveilleux artistes qui ont su métamorphoser leur chagrin en œuvre d'art réprimeraient un haut-le-cœur en me voyant verser quelques larmes.
Ô ma chère Ayesha, si tu savais à quel point je me suis métamorphosé en un être pathétique. Moi qui reprochait à Sujin de se noyer dans les mers de son chagrin après sa rupture avec Jake... Les étoiles me rient au nez. Une écoute déraisonnable de la playlist "Heartbroken" envoyée par Beomgyu parachèverait mon cheminement vers le pathétisme exacerbé.
Il y a deux jours, c'était ton anniversaire, ma chère Ayesha. J'aurais tellement voulu être à tes côtés ce jour-là. Aujourd'hui, tu vas manger au parc avec tous tes amis et ils ont prévu de te combler de cadeaux. Je ne pouvais pas me résoudre à ne rien t'offrir. Je t'ai acheté un kimono en soie bleu que je t'ai vu admirer un jour, lors d'une merveilleuse balade parmi tant d'autres.
Avec mes amis (que toi et moi avons désormais en commun) nous avons jugé qu'il serait préférable de ne pas te dire qui t'a offert quoi, afin que tu ne te braques pas en sachant que le kimono vient de moi.
Tout le monde pense que je vais venir, et je leur ai fait croire que c'était le cas. En réalité, je compte juste leur poser un lapin. Je n'aurai pas le courage d'affronter ton regard. Pas après ce qu'il s'est passé chez ta sœur, peu de temps après notre rupture. Tu me détestes à présent, et ça, je l'ai bien compris malgré les affirmations véhémentes de Yeonjun, Beomgyu, Taehyun et Kai. Ils sont convaincus que tu me voues une passion sans borne. Je t'en prie, assène-leur en pleine face qu'ils ont tort, ça m'évitera de nourrir des brindilles de faux espoirs lorsque je fais la stupide erreur d'un peu trop les écouter.
