De plus en plus de coincidences

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Isabelle continuait à rencontrer son professeur dans ce café, un rituel qui s'était instauré les mercredis après-midi et les samedis.

Ces moments partagés semblaient anodins, mais Martins, toujours surpris par leurs multiples points communs, ignorait qu'il n'était en réalité que le pantin d'Isabelle.

Cette dernière avait démontré un talent redoutable pour la manipulation.

Au départ, elle avait utilisé des méthodes parfaitement légales pour en apprendre davantage sur lui.

Cependant, très vite, elle avait dérapé vers des tactiques bien plus sombres, orchestrant des rencontres « fortuites » et allant jusqu'à espionner son téléphone. Chaque sourire, chaque regard échangé n'étaient que des instruments dans une symphonie troublante destinée à s'emparer complètement de Baptiste.

Totalement aveugle à cette manipulation, Baptiste se laissait entraîner dans ce jeu dangereux sans jamais en percevoir les ficelles.

Chaque coïncidence soigneusement fabriquée, chaque sourire qui semblait innocent cachait en réalité un plan minutieusement préparé.

Sa confiance aveugle et l'absence totale de méfiance envers Isabelle le rendaient vulnérable, et chacune de leurs interactions devenait une victoire pour elle.

Baptiste, passif, savourait la compagnie d'Isabelle, sans deviner qu'il n'était qu'une simple marionnette dans les mains d'une manipulatrice habile et déterminée.

Elle décida alors de passer à la phase suivante de son plan : le parc.

Ce soir-là, en plein automne, elle mit son réveil plus tôt que d'habitude. Elle choisit méticuleusement une tenue de sport attrayante mais discrète, juste assez pour capter son attention sans éveiller le moindre soupçon.

Quand le réveil sonna, elle bondit de son lit d'excitation.

Avant de partir, elle s'observa une dernière fois dans le miroir, ajustant son apparence pour paraître à la fois naturelle et séduisante.

Arrivée au parc, elle commença à s'échauffer près du sentier qu'il empruntait habituellement, son cœur battant d'excitation.

Chaque geste, chaque regard était calculé avec une précision froide et implacable, de sorte que lorsqu'il apparaîtrait, il croirait inévitablement à la magie de cette coïncidence, ignorant totalement les rouages complexes de la manipulation d'Isabelle.

Après quelques minutes, elle aperçut Martins qui se dirigeait vers elle. Elle continua de s'échauffer, feignant la surprise.

Baptiste la reconnut rapidement, ralentit sa course, comme pour vérifier qu'il ne rêvait pas, puis, un sourire aux lèvres, se dirigea vers elle, tout transpirant.

— Tiens, Isabelle ! s'exclama-t-il.

— Oh, mais vous sortez d'où à chaque fois ?! répliqua-t-elle en souriant.

Ils éclatèrent de rire devant cette énième « coïncidence » et, très vite, Baptiste lui proposa de lui tenir compagnie. Elle accepta volontiers, affichant ce sourire envoûtant qui semblait toujours charmer Baptiste.

Ensemble, ils commencèrent à courir à un rythme modéré tout en discutant et plaisantant.

Après une vingtaine de minutes, ayant fait le tour du parc, Isabelle suggéra un dernier défi pour clôturer leur séance : une course sur les 200 derniers mètres jusqu'à l'entrée du parc.

Elle ne lui laissa même pas le temps de répondre et accéléra de toutes ses forces.

Derrière elle, elle entendit Baptiste crier qu'elle trichait, ce qui la fit sourire intérieurement. Elle franchit la ligne en première, satisfaite de sa petite victoire.

Baptiste, essoufflé, la suivit de près et s'effondra sur un banc.

— Tu as triché, dit-il en reprenant son souffle.

— Il faut être plus réactif, Monsieur, répondit-elle malicieusement.

— Arrête de m'appeler comme ça ! Mon prénom, c'est Baptiste. Et tutoie-moi, ça fait bizarre, haha !

— Comme tu voudras, dit-elle en lui tendant une gourde avec un sourire.

Ce qu'il ignorait, c'est que le contenu de cette gourde n'était pas simplement de l'eau.

C'était un mélange destiné aux athlètes pour booster leur adrénaline. Plus sinistre encore, elle y avait ajouté une légère dose de stimulant sexuel juste pour l'amuser.

— Goût fraise ? Ça ne m'étonne pas de toi, plaisanta-t-il en prenant quelques gorgées.

— Au moins je m'hydrate, contrairement à toi qui pars courir sans gourde ! répondit-elle avec un éclat de rire.

— On me l'a volée ! s'exclama-t-il en plaisantant.

Isabelle savait très bien qu'il disait vrai, car c'était elle qui lui avait subtilisé sa gourde.

Ils s'assirent tous les deux sur le banc, il s'excusa de son odeur de transpiration et elle lui répondait d'un ton désinvolte que c'était tout à fait normal.

Baptiste, un sourire aux lèvres, remarqua qu'elle était en excellente forme physique. Elle lui rétorqua que la santé était pour elle une priorité essentielle, ce qui attira son attention.

— Pourquoi c'est si important pour toi ? demanda-t-il, intrigué.

— Je suis reconnaissante d'avoir eu la chance de naître en bonne santé, contrairement à beaucoup d'autres, expliqua-t-elle, le regard légèrement baissé. On ne s'en rend pas compte, mais vivre la vie qu'on a est une chance immense. Cette vie qu'on gaspille avec des futilités, c'est le rêve de millions de personnes à travers le monde. Je veux mériter ma vie.

Elle avait prononcé ces mots presque malgré elle, se laissant surprendre par l'intensité de sa propre sincérité. Baptiste, qui ne connaissait qu'une fraction de la complexité de sa personnalité, la regarda avec admiration.

— Tu as vraiment 17 ans ? demanda-t-il, presque incrédule. C'est rare d'avoir autant de recul à ton âge.

Isabelle sourit, reprenant son masque.

— Tu aurais dû m'arrêter, j'aurais pu continuer pendant des heures, plaisanta-t-elle.

— Eh bien, si tu disais des choses comme ça pendant des heures, je t'écouterais sans jamais me lasser. T'es plus mature que moi, c'est impressionnant, admit-il avec sincérité.

— On dirait que tu t'es déjà remis de la course, lança-t-elle en riant pour changer de sujet.

— Oui, c'est bizarre! D'habitude, je cours moins longtemps et je suis beaucoup plus fatigué...

Il sembla réfléchir un instant, tandis qu'Isabelle savait déjà où cette conversation allait mener.

— Tu comptes venir courir souvent ici ? demanda-t-il.

— Oui, c'est ma nouvelle résolution ! répondit-elle avec enthousiasme.

— Super alors ! J'ai vraiment apprécié courir avec toi. Ça te dirait qu'on fasse ça plus souvent, tous les deux ? proposa-t-il en reprenant une gorgée de la gourde d'Isabelle.

— Avec plaisir, répondit-elle, son sourire cachant ses véritables intentions.

Profitant du moment, Isabelle lui demanda son numéro de téléphone.

— Haha, je ne sais pas si j'ai le droit de faire ça, dit-il, hésitant.

— Ah je vois, je veux pas te causer de problème. Je viendrai en croisant les doigts pour te revoir.

Isabelle semblait légèrement déçue de ce refus et le laissa transparaître sur son visage.

— Tu sais quoi ? Je suis plus réactif sur Instagram.

Il tapota légèrement sur son épaule en sortant son téléphone de sa poche.

Ils échangèrent donc leurs contacts sur Instagram avant de marcher ensemble jusqu'à la sortie du parc.

À ce moment-là, Baptiste ne se doutait toujours de rien.

Sous contrôle [En réécriture pour le bonheur de vos yeux]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant