Chapitre 12 - Trish

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Je fais la vaisselle avec ma mère pendant que mon père joue avec Perdita dans le jardin. Je ne loupe aucune des œillades qu'elle me jette depuis que Morgan est parti, elle attend des explications mais je ne compte pas le lui en donner de moi même. Son torchon tourne de plus en plus vite sur les assiettes que je lui tends quand elle pose tout brutalement, ses poings sur les hanches.

— Tu ne comptes rien me dire? Je suis ta mère quand même, s'indigne t elle. Je ne savais même pas que tu avais quelqu'un dans ta vie.

Sa lamentation m'arrache un sourire. 

— Il ne partage pas ma vie. C'est juste un ... ami?

— Un ami? Tu te moques de moi jeune fille, rigole t elle.

— Maman, tu sais que je ne veux pas sortir avec un policier. Ca ne sert à rien et il le sait.

— C'était si terrible que ça?, me demande t elle les yeux bordés de larmes. 

— Je l'ai vécu pour moi ET à travers toi. S'il lui était arrivé quelque chose, j'aurais dû faire face à nos deux chagrins et j'ai maudit notre fichu téléphone jusqu'à sa retraite, je lui avoue en baissant la tête.

— Ma chérie...

Elle me serre dans ses bras en frottant mon dos avec douceur. 

— Quand j'ai connu ton père, il vendait des saucisses sur le marché. Quand il m'a dit vouloir devenir policier j'ai eue peur. Il ne s'est pas passé une seule seconde durant ces 35 années sans que j'ai la peur qui me tenaille, celle de recevoir ce fameux coup de téléphone ou de voir ses collègues débarquer pour m'annoncer le pire. Pourtant je ne regrette pas d'avoir choisi de rester près de lui, parce que c'est un homme bon et juste et je suis très fière de ce qu'il a accompli.

— Tu ne regrettes pas mais tu as passé ta vie à l'attendre chaque soir sur ce fauteuil. Je ne veux pas de ça et c'est mon droit. C'est dingue que personne ne respecte ça. Donnez sa vie pour protéger celle des autres c'est admirable mais je refuse qu'on me prenne l'homme de ma vie de cette façon. C'est égoïste, je sais et je m'en moque, j'ai encore le droit de choisir la personne qui partagera ma vie, je m'énerve en me reculant.

J'en ai marre que personne ne comprenne, j'en ai marre qu'on me demande pourquoi je le rejette alors qu'il est si merveilleux. 

— Chérie..

— Non, c'est bon! Le sujet est clos, s'il te plaît.

Elle n'insiste pas même si je vois ce pli d'inquiétude entre ses sourcils. Elle avait le même quand elle fixait l'horloge de la cuisine parce que mon père avait 5 minutes de retard. Elle pense que je ne le voyais pas, mais elle a arrêté de vivre à chacune de ses journées de travail. Elle ne s'autorisait à respirer pleinement que lorsqu'il était loin de son uniforme. 

Je rejoins mon père dehors. Il boîte en courant récupérer la balle de Perdita, il la lance et ma chienne se met à courir à son tour. Son visage marqué par le temps se tourne vers moi, ses yeux se plissent et il vient m'embrasser en silence. C'est toujours comme ça avec lui, il ne parle pas, il agit. Son pouce essuie les larmes que je laisse couler mais il se contente de hocher la tête, il comprend, il le sait, je n'ai pas besoin de le lui dire. Le premier homme de ma vie c'est lui et jusqu'à il y a très peu de temps j'avais peur chaque fois que ma mère m'appelait. 

— Tu sais, je crois que je n'aurais jamais pris autant de précautions si je n'avais pas eue deux femmes merveilleuses qui m'attendaient à la maison..

— Papa!, je gronde.

— Je dis ça comme ça, c'est tout, dit il en haussant les épaules. 

— Vous êtes pas croyable tous les deux, je ronchonne en croisant les bras.

— C'est qu'on a pas l'habitude de te voir sourire autant à un garçon c'est tout..

— C'est pas vrai!, je m'indigne. Il y a eu Flynn!

— Oh je t'en prie, me parle pas de ce bureaucrate de mes deux, j'ai eue du mal à ne pas lui en coller une dans ton dos! 

Je rigole et mon ronchon de père me suit en repensant à mon ex.

— Et pour ton information, tu ne souriais pas autant avec lui..

Mes yeux roulent dans leurs orbites alors qu'il se marre comme un gamin avant de retourner jouer avec ma chienne. 

Mes parents restent auprès de moi jusqu'à ce que la clinique soit à nouveau réhabilité par les habitants de la ville qui ont tous tenu leurs promesses. Morgan ne s'est jamais manifesté dans les jours qui ont suivi. Cela aurait dû me soulager, pourtant je ne cesse de me poser des questions. Est ce qu'il va bien? Est ce qu'il m'évite? Est ce qu'il veut me laisser respirer? Est ce qu'il a trouvé quelqu'un d'autre? Est ce qu'il s'est lassé de me tourner autour? Est ce qu'il lui est arrivé quelque chose? 

Gaby s'est remise avec John et vit le parfait amour. Amour qu'elle me balance au visage chaque jour avec son sourire qui illumine le monde entier. Rien ne l'atteint plus, elle est dans sa bulle, entourée d'amour et d'eau fraîche et ça m'énerve. Je suis heureuse pour elle mais à chaque fois qu'elle me parle de John, j'imagine Morgan et cela me renvoi mes sentiments que j'essaie d'étouffer en pleine tête. 

Dix jours que je ne l'ai pas vu. Dix jours et j'ai l'impression de me consumer à petit feu. Ce soir, je craque. J'ai enchaîné des heures horribles au travail et j'ai besoin de le voir, de savoir. Peut être que si je le confronte et qu'il m'avoue être passé à autre chose j'y arriverai moi aussi, non?

Whirlwind of LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant