Chapitre 2 - Trish

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La journée enfin terminée, je me masse la nuque en commençant à faire les comptes. Gaby, mon assistante et amie, arrive près de moi avec un sourire rayonnant qui n'augure rien de bon.

— Laisse ça, je m'en occuperai lundi matin. Ce soir, on sort, annonce t elle.

— Je suis épuisée Gab', j'ai enchaîné les gardes toute la semaine, je me plains.

— Allllezzz, on a pas 30 ans tous les jours! S'il te plait, s'il te plait, s'il te plait...

Je souris en la voyant se mettre à genoux devant moi, ses mains jointes devant son visage suppliant. Je finis par éclater de rire face à sa moue et capitule.

— Ok.

— Ouiiiiiiiiiii, hurle t elle en sautant en l'air. Je passe chez toi dans une heure avec de quoi nous mettre en bombe.

— C'est pas nécessaire, je l'arrête en panique.

— Euh... si ça l'est, lance t elle en me détaillant de la tête aux pied. 

Je lui jette un stylo au visage, faussement vexée. Je suis en tenue de travail, tâchée de sang, on a vu mieux!  

Après avoir passé des heures à négocier pour ne pas me maquiller comme une voiture voler et couvrir un peu plus de 2cm² de peau, nous arrivons au Black Pearl. 

— Arrête de gigoter, se moque Gaby dans la file d'attente. 

— T'es marrante toi, j'ai l'impression d'être toute nue, je ronchonne en tirant sur ma robe trop courte.

Je déteste mettre des robes. Je passe ma vie en pantalon ou en short et c'est bien plus agréable, au moins je n'ai pas à réfléchir si je veux me baisser ou m'asseoir.. Quand arrive notre tour, le videur nous ouvre la porte et nous pénétrons dans la discothèque pleine à craquer. Je n'ai jamais vraiment aimer les fêtes, je passais mon temps à étudier quand les autres enchaînaient soirée sur soirée. Cet environnement inconnu me met mal à l'aise et rien ne s'arrange quand, à peine éloignées du bar, Gaby se retrouve harponner par un mexicain. Perdue au milieu de cette foule, je repère au loin une table quasi vide. Seul un homme d'une trentaine d'année au visage avenant y est installé. Ses cheveux bruns coupés aussi court que sa barbe de 3 jours font ressortir ses yeux sombres que je vois d'ici. Il semble aussi perdu et blasé que moi par cette ambiance, alors je prends mon courage à deux mains et m'avance vers lui. 

— Je peux m'asseoir?

Son visage se lève et ses iris noires me scrutent une seconde avant de me répondre.

— Oui bien sûr.

Sa voix grave raisonne jusqu'à mes oreilles. Je soupire de soulagement avant de m'installer lourdement sur la banquette. Quand je tente un regard vers lui, je le vois détailler mes jambes mises à nues. C'est pour ça que je déteste les robes, il faut toujours penser à tout au moindre mouvement. Je me redresse mal à l'aise et tente de garder un peu de dignité en jouant les filles bien élevées.

Nous discutons de nos amis qui ont l'air de deux ados prépubères et je lance sans réfléchir :

— 50$ sur le mexicain.

Un sourire en coin illumine le visage de mon voisin. Quand je lui explique que je suis fauchée et que c'est mon anniversaire, il abdique et accepte de parier avec moi.

— Fais chier tu vas me plumer... râle t il.

On scelle notre pari par une poignée de mains avant de faire tinter nos bières.  

— Tu fais quoi dans la vie?

Il me scrute une seconde avant de secouer la tête en fronçant le nez.

— Je n'ai pas vraiment envie de parler boulot..

— Oui, je te comprends!, je rétorque dans un soupir. Je viens de m'endetter pour les 20 prochaines années et au vu du chiffre de ces dernières semaines il y a toutes les chances pour que cette bière soit la dernière avant un long moment.

Pourquoi je lui raconte ça moi? Il ne m'a même pas posé de question et je déballe toute ma vie! Il se lève sans un mot et je le regarde s'éloigner. Je me fustige intérieurement, j'ai réussi à le souler en moins de temps qu'il n'en faut, j'ai presque honte de moi. Quand il revient, je découvre 2 autres bières dans ses mains qu'il agite devant mes yeux tout sourire.

— Ca serait dommage de fêter ton anniversaire avec un pauvre bière solitaire et tristounette, se moque t il. 

Je le remercie et nous commençons à discuter de sujet léger et sans prise de tête. Morgan est très agréable et après avoir payé ma tournée, je commence à me sentir un peu plus à l'aise, surement les conséquences de l'alcool. Quand je termine ma troisième bière, je commence à avoir la tête qui tourne.

— Ca va?, s'inquiète t il.

—  Oui, oui, je n'aurais pas dû boire autant, je n'ai presque pas dormi de la semaine, je lui explique.

Il se dirige vers le bar et revient avec une bouteille d'eau qu'il me tend. Au loin j'aperçois Gaby qui danse collée serrée avec l'ami de Morgan. Elle me lance un clin d'œil avant de lever son pouce en l'air en lorgnant mon compagnon d'infortune. Morgan ne loupe pas son manège et se marre. 

— Elle est un peu folle..

— Alors ils se sont bien trouvés avec John! 

— Tu veux bien m'accompagner dehors s'il te plaît? J'ai besoin de prendre l'air mais je ne suis pas très rassurée, je lui avoue honteuse. 

Dans cette tenue, la tête enivrée, je n'ai absolument pas confiance en mes reflexes dans l'immédiat et sortir sur un parking remplis d'inconnus m'angoisse. Je tire nerveusement sur ma robe ce qui le fait sourire et il accepte sans sourciller. Je passe voir Gaby avant de sortir prendre l'air. 

Une fois dehors, je lève les bras et tourne sur moi même, le visage vers le ciel noir en respirant à plein poumons, ça fait un bien fou. Morgan rigole derrière moi et je lui tire la langue.

— Je déteste les boîtes de nuit, je dis en grimaçant. Les gens puent la transpiration et deviennent stupides après quelques verres.. 

Morgan éclate de rire avant de m'avouer qu'il pense la même chose. Nous marchons sur le parking, nous éloignant peu à peu de la foule qui se presse autour de l'entrée. Le bruit des gens et de la musique s'estompe doucement et j'ai l'impression d'aller déjà beaucoup mieux. 

Whirlwind of LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant