Chapitre 14 - Trish

496 66 2
                                    

Ma vie est monotone et sans saveur depuis que je me suis enfuie de chez lui. Il me manque et je ne peux m'empêcher de penser à lui à chaque seconde. Au final, que je sois avec lui ou non, je m'inquiète quand même, ça en devient ridicule. Comment puis je être aussi attachée à un homme que je connais depuis si peu de temps?! 

Comme tous les soirs depuis deux semaines, je mets un temps fou à m'endormir, contemplant mon plafond à me demander s'il travaille ou s'il est chez lui, avec qui il est, s'il pense à moi, s'il va bien. Un crissement de pneu me fait sursauter, Perdita aboie et commence à gratter à la porte alors qu'un hurlement perce la nuit. Par la fenêtre je vois le pick up de Morgan derrière mon portail. J'active l'ouverture tout en enfilant un pantalon et un t-shirt à la place de ma nuisette. J'arrive au rez de chaussé en même temps que lui. Il porte Rock dans ses bras ensanglantés et Perdita ne cesse de pleurnicher. 

— Mon Dieu, qu'est ce qui s'est passé?, je lui demande en passant devant lui pour lui montrer le chemin jusqu'à la salle de soin. Pose le là.

— Une voiture l'a percuté, me répond il la gorge nouée.  

Je commence par faire une radio puis une échographie pendant le développement de la première. Ma sonde sur son abdomen, je ne vois rien.

— Il n'y a pas d'hémorragie interne.

Je me dirige vers mon ordinateur où apparaît la radio du thorax de Rock. 

— Il a un pneumothorax, je dis à Morgan en désignant les signes sur la radiographie. Il faut que je lui pose un drain.

Morgan hoche simplement la tête sans dire un mot, il ne quitte pas son chien des yeux et des larmes inondent rapidement ses joues. Je sors ce qu'il faut pour le soulager et l'endormir. Rock est semi conscient, ses yeux ambrés cherchant du réconfort dans ceux de son maître alors qu'il a de plus en plus de mal à respirer. 

— Tu devrais aller prendre l'air, je propose à Morgan une fois son chien anesthésié et inconscient. 

Il hoche la tête avant de sortir et me laisser travailler sans pression. Quand j'ai finit, je sors pour le retrouver. Il longe le bâtiment de long en large en fixant ses pieds.

— Morgan?

Sa tête se relève brusquement vers moi.

— J'ai finit, il va bientôt se réveiller.

Il s'empresse de me rejoindre et se jette sur son compagnon qui bouge doucement sa tête. Ses mains tremblantes caressent la fourrure de son ami.

— Il faut que je le garde en observation au moins ce soir, je l'informe. On verra pour un retour à la maison en fonction de son état demain matin. Tu travailles comment dans les jours à venir?

— Je suis encore de nuit demain, après j'ai 48 heures avant de rattaquer de journée.

— Dans ce cas, il vaut mieux que je le garde jusqu'à ce que tu sois en repos et tu me le redéposeras quand tu reprends le boulot. Jusqu'à ce que j'ai enlevé ce drain, il est préférable de le garder sous surveillance. 

— Ok. Je peux rester un peu?

— Bien sur. 

Je m'éclipse quelques minutes, le temps de ramener des couvertures, un matelas d'appoint et du café. J'installe tout près du box de Rock qui est maintenant assis en sphinx. Je vérifie sa perfusion et ses constantes qui sont plutôt encourageantes. 

— Merci, murmure Morgan en prenant la tasse que je lui tends.

Je m'assieds sur le matelas à ses côtés avant de lui demander ce qu'il s'est passé ce soir.

— Tu veux une nouvelle raison de t'enfuir en courant?, rétorque t il sèchement.

Je me crispe alors qu'il soupire en pinçant l'arête de son nez.

— Pardon.. Je n'aurais pas dû dire ça, ce n'est pas contre toi que je suis en colère, excuse moi, la nuit a été longue. 

 — Je comprends..

— On a voulu interpelé un mec et son pote a fait diversion en nous fonçant dessus avec sa berline. Rock s'est jeter sur moi et son flanc à taper. 

Ma main se pose sur son bras que je serre légèrement en signe de soutien. Je me doute qu'il s'en veut terriblement, mettre sa vie en danger chaque jour est une chose mais être responsable des blessures infligés à son collègue et compagnon de vie, c'est autre chose. Ses yeux rencontrent les miens avec un sourire triste.

— Ca va aller, il s'en sort très bien. D'ici deux semaines il pourra à nouveau t'accompagner.

—  Merci Trish.

On passe la nuit aux côtés de Rock qui se remet doucement de son trauma. Aux aurores, Morgan a finit par s'endormir. Après l'avoir couvert, je suis sortie en silence du chenil pour rejoindre mon appartement. Une fois douchée et changée, j'ai pu commencer à enchaîner mes consultations. Morgan sort du chenil vers midi et me rejoint à l'accueil avec Gaby.

— Tu aurais dû me réveiller.

— Tu ne travailles pas avant ce soir, Rock va bien et je n'avais pas d'hospitalisé à soigner. Pourquoi je t'aurais empêcher de dormir? 

— Moi je vais prendre ma pause déjeuner, annonce Gaby en sautant de son siège pour filer comme une flèche.

Je la regarde faire, amusée par son manège. Morgan ne me quitte pas des yeux.

— Tu me manques..

— Morgan..

— Je sais, Trish. Je voulais juste que tu le saches, c'est tout.  

Une routine étrange s'installe dans la semaine qui suit. Morgan passe la majeure partie de son temps libre ici alors que je prends soin de son chien pendant qu'il travaille. Tout s'arrête brusquement lorsque j'enlève le drain de Rock. Ils sortent entièrement de ma vie et je me sens terriblement vide. Morgan respecte mon choix que je regrette de plus en plus. 

Après une semaine de silence radio, je me décide à aller lui parler. J'ai besoin de mettre des mots sur mes maux. Je dois me rendre à l'évidence, il me manque aussi terriblement et j'ai envie de le voir, lui parler, le toucher. Une fois devant son appartement, je reste devant une porte clause, il n'est pas là. Je décide d'attendre devant chez lui qu'il rentre du travail, les heures défilent et ce sentiment que je connais trop bien m'étreint les entrailles. 

Whirlwind of LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant