Chapitre 16 - Trish

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Penchée sur lui, je ne sais pas quoi répondre parce que je n'en sais rien. J'ai peur mais j'ai envie d'essayer. Je sais déjà ce qui m'attends, je sais déjà à quel point cela sera éprouvant émotionnellement mais ... 

— Toi, je murmure avec un sourire avant de rencontrer ses lèvres que je commence à connaître par cœur.

En veillant à ne pas toucher son bras plié contre son torse, je grimpe sur ses cuisses pour approfondir ce baiser, mélange de douceur et de passion. 

— Je ne peux rien te promettre Trish.

— Je sais.

— Qu'est ce que je peux faire pour te rassurer?

— Faire en sorte que je sois prévenue plus tôt la prochaine fois. Les heures d'attentes, savoir qu'il y a quelque chose sans vraiment le savoir, c'est horrible.  

Il hoche la tête et me sourit tendrement en caressant ma joue.

— Je changerai ma liste des personnes à prévenir dès demain, c'est promis. 

Mon nez dans sa nuque, sa main dans mon dos, je me sens soulagée d'être auprès de lui, reste à voir comment je vais vivre sa reprise...


Quand Morgan reprend le travail, nous créons une routine rassurante. Il passe me voir avant de prendre son service et m'écrit à la seconde où il rentre au commissariat. Cela ne semble pas lui poser de problème et j'avoue apprécier d'entendre la sonnerie de mon téléphone retentir à heures fixes, me faisant soupirer d'aise à chaque fois. 

Je sors de consultation à 17h30. Morgan m'attend dans la salle d'attente, je quitte mon client pour aller l'embrasser.

— Tu commences à quelle heure demain?, me demande t il avec un sourire prometteur pour le réveil qu'il me réserve.

— 9h00, on aura 2 longues heures, je murmure à son oreille.

— Hmm, 2 heures, ça ne sera jamais assez long pour ce que j'ai prévu, susurre t il. 

Je rigole contre son cou alors qu'il mordille le mien. On finit par se lâcher, l'heure de sa prise de poste approchant. Un dernier baiser et je le regarde partir le sourire aux lèvres.  

Cette nuit là, je suis réveillée par mon téléphone de garde à 5h30. Après avoir donné les indications à mon client, je me prépare et ouvre la clinique. Un homme imposant arrive, son labrador dans les bras. Je lui indique ma consultation où il dépose son animal sur la table. L'homme a un comportement étrange, il est nerveux, renifle à plusieurs reprises et ne cesse de gigoter mais ma priorité est de soigner ce chien. Je commence par faire une injection quand mon client s'énerve.

— Je lui fais une injection de morphine, je l'informe.

— Pourquoi faire?!

— Pour soulager la douleur.

— Vous pouvez pas le soigner plutôt que de faire des trucs inutiles!

Je respire à fond pour contenir ma colère grandissante et me concentre sur l'animal sans répondre. Sa patte avant est en sang et enflée.

— Je vais faire une radio pour..

— Non!

— Pardon?

— Non, soignez le, point. Je vous demande pas de faire des trucs qui servent à rien, j'ai pas les moyens, s'énerve l'homme.

— Ecoutez, je vous comprends et..

— Tu parles, ton compte en banque est bien garni alors vient pas me dire que tu comprends.

— Vous n'êtes pas obligé d'être aussi désagréable. Je peux tenter de réduire les coûts en évitant la chirurgie mais j'ai besoin de la radio pour voir où se trouvent les fractures..

Je continue d'examiner la patte du labrador en la manipulant le plus délicatement possible. L'animal soulagé par la morphine se laisse faire sans broncher.  

— Qu'est ce qui s'est passée? 

— Je lui ai roulé dessus, je l'avais pas vu, il est toujours dans mes pattes, crache t il avec un dédain certain.

 — Vous pouvez m'aider à le porter s'il vous plaît? L'appareil radio se trouve dans la ...

— J'ai dit non putain, hurle t il en sortant précipitamment une arme de sous son t-shirt.

Il me braque alors que je lève les mains en l'air. Son bras tremble et ses reniflements redoublent. Je contrôle ma respiration et garde mon calme comme me l'a appris mon père. 

— Maintenant, tu le plâtres et tu oublies la radio, je suis pas un pigeon! 

— Ok, pas besoin de me braquer avec une arme. Il faut que j'aille chercher des bandes de plâtres à l'arrière.

— Nooon, tu ne bouges pas putain! Fais avec ce que tu as ici, je m'en fous.

Un coup d'œil à l'horloge au dessus de mon bureau, Morgan sera là d'une minute à l'autre, je dois gagner du temps. Je tente de négocier avec lui mais cela le rend de plus en plus nerveux. Je fais claquer une porte de placard en sortant des bandages quand j'entends le pick-up de Morgan. Je me tiens prête sur mes appuies et tourne autour de la table pour avoir un meilleur angle de frappe le moment opportun. 

Je me remémore les conseils de mon père. Enfant, j'ai passé des heures et des heures à m'entraîner avec lui. Il m'a montré toutes les techniques de self défense qu'il connaissait et quelques unes d'attaques mais chut..

— Trish?

La voix de Morgan raisonne dans le couloir. Mon client se tourne vers la porte qui s'entrouvre, j'arme mon poing que j'écrase sur son visage, le faisant basculer. Morgan réagit rapidement en voyant son arme, nos chiens dans son dos. Rock et Morgan se jettent sur l'homme armé, un tir et mon mur est éclaboussé de sang. 

Mon cœur s'arrête en voyant ces tâches vermeilles, ma respiration est bloquée et je m'effondre à genoux dans un hurlement qui déchire le silence pesant qui a suivi ce coup de feu. 

Mon monde s'arrête, je ne vois plus rien d'autre que ce sang qui s'échappe de son corps inerte. Impuissante face à une telle blessure, je ne peux que pleurer en voyant la lumière s'éteindre aux fonds de ses yeux. 

Whirlwind of LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant