La bague de la promise

Chapitre 28

Après seulement 2 heures de cheval, Armand les fit s'arrêter au bord d'un ruisseau au milieu de la forêt. Mariale était étonné de s'arrêter après si peu de chemin. Elle s'attendait à ne descendre de son cheval qu'au coucher du soleil. En vérité, elle n'avait aucune idée du temps que cela prendrait pour aller chercher le fragment. Armand était resté mystérieux. Elle avait d'abord pensé qu'il se trouvait au château, mais comme Armand lui avait dit qu'il fallait prévoir de quoi se nourrir pour plusieurs jours, elle avait fini par déduire qu'elle avait eu tord et que le fragment se trouvait assez loin de toute protection. Mais à présent, elle ne savait pas trop quoi en penser.

- Il va falloir laisser les chevaux ici, lui dit Armand détachant sa sacoche.

- Ici ? Là où tout le monde peut tomber dessus ?

- Oui, on n'a pas le choix. Mais je vais lancer un sort pour qu'ils ne se fassent pas remarquer.

Mariale hocha la tête et elle attrapa aussi sa sacoche. Armand lança le sort et lui fit signe de le suivre à travers les arbres. Elle n'était pas très sereine de laisser les chevaux à l'abandon, mais Armand devait savoir ce qu'il faisait. Ce n'était pas la première fois qu'il venait chercher le fragment puisqu'il avait dû s'en servir pour ouvrir un portail sur son monde à elle.

Ils arrivèrent devant l'entrée d'une grotte qui était cachée en grande partie par des feuillages et plante grimpante. Si Armand ne lui avait pas montré le chemin, elle n'aurait rien remarqué et serait passée sans se rendre compte qu'une grotte se trouvait juste derrière.

Il faisait très sombre à l'intérieur, mais Armand éclaira la grotte grâce à une torche qu'il avait prévue en amont.

- C'est dans le fond, dit-il.

Elle n'était pas fan des endroits sous terre et étroits comme ici, mais elle prit son mal en patience et le suivi sans discuter.

- Le fragment se trouve ici ? demanda-t-elle.

- En dessous de nous, dit-il.

- On va devoir creuser ?

- Non, répondit-il rigolant. Il y a un chemin caché un peu plus loin qui nous permettra d'y accéder.

Cela voulait dire, descendre sous terre. Elle n'était pas rassurée. Elle aurait presque préféré devoir creuser pendant plusieurs heures, mais il aurait fallu prendre des pelles avec eux et puis, devoir creuser à chaque fois qu'ils avaient besoin du fragment était une perte de temps, donc ce n'était pas logique.

- Tu es souvent venue ici ? demanda Mariale pour à autre chose que le fait qu'à tout moment la terre pourrait s'effondrer sur eux.

- Deux fois.

Elle hésitait à lui demander les raisons de ces venues même si elle se doutait de l'une d'entre elles.

- Une fois avec mon père, pour me montrer l'endroit et me raconter la légende autour et l'autre fois pour... pour toi, finit-il par dire en lui lançant un regard par-dessus son épaule.

- Et comment savais-tu sur quel monde ouvrir le portail ? demanda-t-elle.

Elle s'était déjà posé la question, mais elle ne l'avait jamais formulée à haute voix.

- À vrai dire, je n'en avais aucune idée, dit-il.

- Comment ça ?

- J'ai seulement pensé à te trouver et le fragment a fait le reste, dit-il avec un mouvement de la main.

- Et pourquoi n'est-ce pas toi qui es venue me chercher ?

Un long silence suivit sa question. Et pendant ce temps, Mariale se surpris à ardemment vouloir savoir pourquoi ce n'était pas lui qui était venu la chercher. Cela n'aurait sans doute rien changé au fait qu'elle aurait été entrainer de force dans un monde qui n'est pas le sien, mais cela aurait peut-être changé certaines choses...

- Quand mon père m'a parlé de cet endroit et ma raconter l'histoire de se fragment, il m'a fait faire deux promesses. La première était de toujours garder cet endroit secret et de ne me servir de fragment qu'en cas d'extrême urgence.

- Et la seconde ?

- De ne jamais traverser le portail.

- Pourquoi ?

- Parce qu'ils ne sont pas fiables. Tu t'en es bien rendu compte, dit-il en faisant référence au fait qu'elle avait atterri à plusieurs lieux de là où elle était censée arriver ce fameux jour.

Elle se rappelait très bien la peur qu'elle avait ressentie en tombant dans le vide dans savoir ce qu'il se passait et puis, quand elle avait atterri dans un endroit qu'elle ne connaissait pas pour être enlevée une fois de plus par des personnes qui lui voulait du mal. Elle se rappelait la frayeur, l'inquiétude, l'inconnu. Elle ne souhaitait cela à personne.

- Mais tu es prêt à y envoyer tes amis ? dit-elle.

- Je ne les obligerais jamais à traverser un portail, dit-il en se tournant vers elle. Ce sont eux qui se sont proposés. Ils connaissaient les risques, dit-il d'une voix dure.

Il paraissait soudain énervé. Mais pourquoi ? Il s'agissait d'une simple question. À moins que cela ne sonnât comme une accusation. Et elle comprit. Elle comprit qu'il se sentait coupable d'avoir envoyé ses amis vers un risque énorme, il s'en voulait de la mort de ses hommes face à Marius lors de son enlèvement. Il se sentait impuissant.

- Je ne dis pas que tu les as envoyés vers la mort en connaissance de cause. Je sais que tu ne feras jamais ça. Tu tiens trop à eux pour penser à leur sécurité, mais parfois tu n'as pas le choix et c'est ça qui te ronge. N'est-ce pas ?

Mariale le vit se détendre un peu, mais il restait soucieux.

- Parfois... parfois j'aimerais juste être quelqu'un de normal qui n'a pas à envoyer des personnes que je respecte vers le danger.

- Mais tu es roi. Et pour protéger le plus grand nombre de personnes, tu n'as pas d'autre choix que de les envoyer vers le danger.

Ils étaient toujours arrêtés au milieu du chemin qui descendait vers le fragment. Armand était pris par le poids de ses responsabilités et Mariale voulait l'aider, mais elle ne savait pas comment s'y prendre. Mais elle comprit autre chose.

- C'est pour ça que tu nous as fait prendre des provisions pour 1semaines alors que le fragment ne se trouve qu'à 2 heures du château. Tu comptes vaincre Marius tout seul ? dit-elle soudain consciente de tout.

- Je ne veux pas leur faire prendre plus de risque qu'ils n'en ont déjà pris.

- Je comprends. Mais moi ? Tu allais me renvoyer au château sans un mot ou me mettre dans la confidence ?

- J'aurais voulu pouvoir te renvoyer au château comme tu dis, mais les autres auraient posé des questions. Alors...

- Alors quoi ?

- Tu es prête à m'aider ?

Était-elle prête à sacrifier sa vie pour quelqu'un qui a pratiquement gâché la sienne ? En son for intérieur, elle connaissait déjà la réponse. Elle le savait depuis quelques semaines déjà. Elle voulait les aider. C'était plus fort qu'elle.

- À ton avis ? Pourquoi suis-je ici ? dit-elle avec un grand sourire.