— Parle ! m'ordonne-t-elle.
La chaleur de son aura explose comme une bombe. La neige fond sur une dizaine de mètres à la ronde, révélant des morceaux de temples disséminés un peu partout.
— Je ne peux pas, ce n'est pas mon rôle. J'ai juré à Anoki de ne rien dire. Toi et moi sommes loyales. Tu peux comprendre ma position, j'en suis certaine.
Un court instant, je pense qu'elle va effectivement comprendre. Au lieu de cela, elle m'attaque. Avant de réaliser ce qui m'arrive, une douleur vive me meurtrit le ventre et je suis projetée contre un mur. J'entends le hurlement de Cristal, puis un long sifflement me déchire le crâne. Un nuage de graviers, de poussière et de neige m'ensevelit. Le souffle coupé, j'essaie de reprendre ma respiration, tandis que Sakari s'approche lentement de moi. Ma louve tente de prendre possession de mon corps pour me guérir et me protéger, mais elle ne peut plus agir. D'ailleurs, je ne parviens plus à bouger le moindre muscle.
« Ne crois pas une seconde que ta loyauté envers Anoki est semblable à la mienne. Je t'interdis de nous comparer. »
La pression sur mes os menace de les briser ; mes poumons sont à deux doigts d'éclater comme des ballons. Le temps semble s'être arrêté. Le phénomène n'a rien d'agréable, j'ai l'impression que chacune de mes cellules se consume. Je n'entends plus que mon cœur battre dans mes tempes. Le vent en suspens attend de savoir ce qui va se produire. Et moi aussi.
« Tu n'as pas idée d'à quel point je désire ta mort, louve-garou. »
Son haleine gelée caresse mon visage écorché. Je l'imagine en train de me tuer, sans même que je puisse réagir. À ma grande surprise, elle recule de plusieurs pas, et la pression sur mon corps diminue. Je peux de nouveau bouger. J'appuie les mains sur une plaie qui me déchire le ventre. Ma louve s'emploie à la soigner le plus rapidement possible. Cette blessure ne sera pas la pire que j'ai subie ces derniers jours.
— Sakari, qu'est-ce que tu fais ? l'interroge cette voix capable de me faire fondre de l'intérieur.
Anoki se tient debout près d'une grande statue ancienne. Ses iris rougeoyants étincellent d'une colère contenue, aussi brillants que des braises dans la nuit. La totalité de ses muscles est tendue, chaque fibre de son corps prête à exploser. La dureté de son visage me file les chocottes, et pourtant ce n'est pas vers moi qu'elle est tournée. Il ressemble à un démon sorti tout droit des enfers. Une aura de puissance créait des sortes de tentacules sombres qui fouettent l'air autour de lui.
— Je savais que tu reviendrais bien assez tôt, siffle Sakari. Tu ne peux t'empêcher de veiller sur elle, c'est plus fort que toi...
J'ignore s'il connaît l'étendue des informations en possession de sa familière. Pour être franche, je m'en fiche. Il doit absolument discuter avec elle s'il souhaite éviter un massacre.
— Éloigne-toi d'elle.
« Toujours à vouloir la protéger. Ça me rend malade qu'elle te reste aussi fidèle après ce que tu lui as fait. À cause de toi, elle est prisonnière de cet endroit ! Tu l'as arrachée à sa famille. Et malgré tout, elle t'aime. »
Le reste de la conversation télépathique ne me parvient pas. Sakari, furieuse, s'approche d'Anoki. Lui ne réagit pas le moins du monde. Quelque chose me dit qu'elle ne pourra jamais le battre dans un combat singulier. Profitant de l'éloignement de la familière, je me redresse avec difficulté. J'ai toujours mal au ventre, mais moins qu'une minute plus tôt. Ça signifie que je guéris. Tant mieux, car je craignais que l'acharnement d'Arche sur ma louve la handicape à jamais.
Je clopine jusqu'à Cristal. Elle continue d'arborer un mélange de peur, de tension, d'incompréhension et d'inquiétude. Ses iris passent de moi à Sakari.
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La malédiction du dieu-loup
WerewolfSainte Terreur. Tous les loups-garous connaissent le nom de ce centre de redressement perdu au milieu de la forêt. On y envoie les malades, les faibles, les rebelles... ceux qu'on souhaite réduire au silence ou seulement oublier. Alix, fille d'Alph...