29 mai.
Maxime se retourna plusieurs fois sur le matelas. Il regarda Mathis jouer sur son PC à fortnite, la seule lumière qui éclairait la chambre. Il le regarda perdre encore et encore, sans rien dire. Il n'avait pas la volonté de sourire, de rire ou de crier. Il voulait juste dormir, en réalité. Des fois, il avait peur de dormir pour faire des cauchemars, et d'autres fois il avait peur de ne plus faire de cauchemar et de ne plus rien ressentir. Où qu'il allait, cela le poursuivait. Sa couverture commençait à lui tenir chaud, ou peut-être était-ce juste lui qui devenait fiévreux. Il se retourna une nouvelle fois en face du bureau de Mathis, les yeux mi-clos.
-" T'as des somnifères ?" Qu'il demanda dans un murmure, comme un appel à l'aide. Il ne pouvait plus tenir allongé sur ce matelas, avec ses pensées derrière lui. Mathis arrêta sa partie, se laissant tuer. Il se retourna vers lui. La lumière éclairait son visage, dévoilant ses traits surpris. Il avait la bouche entrouverte et ne semblait pas rire. Maxime n'était pas non plus d'humeur. Ils aimaient bien rigoler, mais ils aimaient aussi dire la vérité. Tard dans la nuit, sans personne pour les juger. Seulement eux-mêmes.
-" Je sais pas." Que Mathis répondit en chuchotant. Il parlait toujours fort, d'habitude, par peur que l'on ne l'écoute pas. " Ma mère doit en avoir."
-" J'arrive pas à dormir." Murmura Maxime en retour. Il s'allongea sur le dos, le regard sur le plafond. " Je me sens trop mal." Il n'osa pas regarder Mathis dans les yeux après cela.
-" Pourquoi ?"
-" Je sais pas, un trop plein. J'ai les pensées qui fusent et mes yeux qui picotent. Je déteste trop penser."
-" Pleure."
Maxime se tourna vers Mathis, les sourcils froncés.
-" Hein ?"
-" Pleure un bon coup, ça fait toujours du bien."
-" J'ai déjà trop pleuré, j'en ai ras le cul. Je veux juste dormir, comme ça j'arrêterais de penser."
Mathis le regarda comme il ne l'avait jamais regardé. Il avait les sourcils plissés, la lèvre inférieure relevée et les yeux presque fermés. Maxime ne connaissait pas ce regard. C'était comme s'il retenait des larmes, mais pour lui.
-" C'est quoi ce regard ?" Dit le plus vieux au bout d'un moment, brisant l'étrange silence qui s'était posé.
-" Je... " Pendant un moment, il crut que Mathis allait lui dire qu'il était désolé. Par pitié, tout mais pas cela. Pas toi, Mathis. Si tu le dis, à qui je pourrais penser me confier ? S'il-te plait Mathis, ne prononce pas ces trois mots. Ne me fais pas pleurer de nouveau. " Je suis juste triste pour toi, du con." Mathis se leva de son siège, feintant un mauvais regard. " Je vais essayer de te trouver un somnifère." Maxime fut tenté de sourire en le regardant sortir de la chambre, mais il n'en avait pas vraiment la force. Il ne pleura pas, à la place, et c'était suffisant.Mathis revint avec un verre d'eau d'une main, et un cachet blanc de l'autre. Il le lui tendit alors que Maxime se releva, lui mimant un merci du regard. Il l'avala d'un coup. Mathis ne lui avait donné qu'un somnifère, et il n'osa pas en demander un deuxième. Mathis éteignit son ordinateur et alla dans son lit, prêt à s'endormir. Il éteignit la lumière et Maxime ne vit que du noir, pouvant imaginer n'importe quoi lui agripper le cou. Il aimait bien l'idée d'une veilleuse, mais n'était pas un bébé.
-" Ça va mieux ?" Lui demanda Mathis sans qu'il ne puisse lire son expression.
-" Pas vraiment." Maxime se retourna dans son lit. " Je peux te poser une question ?" Qu'il finit par dire.
-" Tu viens de le faire."
-" C'est qui, ta personne préférée au monde ?"
Peut-être que Mathis fut surpris de la question, ou peut-être qu'il y réfléchit juste. Maxime savait juste qu'il l'avait entendu.
-" Je sais pas. Ma mère, des fois. D'autre fois c'est mon frère et ma sœur, et d'autre fois encore c'est Théorus."
-" T'en aimes beaucoup, des personnes."
-" Pas toi ?"
-" Si, mais mon humain préféré du monde entier restera toujours mon grand frère. Seulement, je suis pas sa personne préférée. En vrai, je suis la personne préférée de personne. Je suis apprécié, mais je ne suis pas aimé."
-"Tu sais, Max, des fois, c'est toi, ma personne préférée. Quand je me confis à toi, devant la Garonne, j'ai l'impression qu'on est seul au monde. Qu'on peut partir sans que personne dise rien, et que le monde est à nous. J'ai l'impression qu'on est deux, à être seul. Et j'aime bien ce sentiment."
-" Vraiment ?" Murmura Maxime avec le peu d'espoir qui lui restait. C'était comme un supplice, une envie de s'accrocher à ces paroles en espérant que ce soit vrai. Il en avait besoin. Comme il avait besoin de boire, il avait besoin de se sentir aimé. De compter, au moins pour quelqu'un.
-" Vraiment. Parfois je te préfère aux autres parce que je sais que tu me comprends. Je sais que tu me juges pas et que je peux être ce que j'ai envie d'être, avec toi. Je suis libre."
Le problème était que Maxime ne pouvait pas lui rendre ce qu'il lui disait, parce qu'où qu'il soit, il était impossible qu'il se sente libre. Où qu'il soit, il y aura toujours son père dans sa tête. Il ne sera jamais libre.
-" Merci. A toi aussi, il n'y a qu'à toi que je peux dire ce que je dis. Il n'y a qu'à toi où je peux m'autoriser à être moi-même."
-" Tu ne penses pas que tu serais davantage aimé si tu étais toi-même ?"
Maxime se figea. S'il avait vu le visage de Mathis, il lui aurait crié à la figure que non, il ne le pensait pas. Il ne pourrait jamais le penser. Parce qu'il est écœurant, jaloux de tout, égoïste et inintéressant. Dans cette société, on apprécie seulement ceux qui rigolent. Mathis le savait, pourtant.
-" Non. On me trouverait ennuyant à mourir."
-" J'en meure pas, pourtant." Parce que tu ne sais pas tout, que le châtain fut tenté de répondre. Sinon, tu serais le premier à partir.
-" On est tous les deux ennuyant, c'est pour ça qu'on fait la paire."
-" N'importe quoi ! S'exclama Mathis. " Je suis super funny !"
-" Le fait que tu le dises en anglais prouve à quel point c'est faux."
-" C'est à la mode le franglais !"
-" Autant que fortnite."
-" Mais c'est à la mode fortnite ?"
-" Bonne nuit." Maxime se retourna, tourné à l'opposé d'où était son ami.
-" C'est pas à la mode ?"
-" Bonne nuit."
-" Max ! J'ai besoin de savoir."
-" Et j'ai besoin de sommeil, moi. Bonne nuit."
-" ... Bonne nuit."
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Passion ecchymose [MaxBiaggiXDjilsi]
FanfictionMaxime lisait facilement les autres. Il n'avait qu'à regarder les autres, leurs yeux, et tout se disait. eh bien, tout le monde sauf lui. C'était un fléau. Sidjil entendait tout le monde, écoutait leur voix et les comprenait. Leurs histoires se des...