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23 mai.

Maxime se réveilla en sursaut. L'image flou du visage de son père le hantait. Pourquoi faisait-il ce cauchemar ?

Il se leva précipitamment, relevant la couette qui lui donnait de la fièvre. Il se précipita vers la fenêtre, prêt à tirer les rideaux puis les volets en même temps. Il se figea en entendant des ronflements. D'un regard, il observa Elian dormir paisiblement. Maxime était rassuré tout d'un coup, mais pas totalement. S'il était dans cet appartement, il pourrait ouvrir la fenêtre comme toujours et venir plonger sa tête dans le vent, en quête de liberté. Ici, il était enfermé.

En faisant des pas de souris, il ouvrit tout doucement la porte en essayant de ne pas la faire grincer, puis sorti de sa chambre. Il traversa le couloir silencieusement, réalisant dans cet atmosphère sombre à quel point cette maison était grande. Elle était bien trop grande pour que sa mère l'occupe seule. Elle devait se sentir terriblement vide, à côté de ces longs couloirs.

Maxime descendit les escaliers en bois, avant de se retrouver dans le salon ouvert. Il voulait sortir dehors, mais réalisa que ce serait plus compliqué car sa mère avait mit l'alarme. Il avait vraiment besoin de sortir. Cette longue pièce l'aidait déjà un peu.

Maxime se cogna l'orteil de pieds contre quelque chose. Il baissa son regard, essayant de discerner un objet sans ses lentilles et dans le noir. Ce n'était pas un objet, ou alors un doudou. C'était le chien. Enroulé dans son panier, remuant sa queue. Maxime avait dû le réveiller. Toujours dans le noir, il s'accroupi à son niveau et approcha une main. Scooby-Doo se serait jeté sur lui. Snoopy s'est contenté d'accepter le contact. Maxime aimait le contact, mais seulement quand cela venait de lui. Sinon, il avait cette sensation amère que sa peau était du poison et qu'il ne pouvait pas l'effacer. Snoopy changea de position, venant s'enrouler autour de lui. C'était agréable. Maxime se sentait réchauffé. Sans ses yeux, il pouvait se bercer d'illusions en pensant que Scooby-Doo était revenu. Que c'était lui qui s'enroulait autour de lui.

-" Dis... Scooby-Doo... Tu saurais quoi faire, pour Floriant ?" Bien sûr qu'il ne répondit pas, mais Maxime se convainquit que c'était juste parce qu'il n'avait pas entendu. " Tu lui manques, tu sais... Tu devrais aussi lui rendre visite, à lui aussi."

Snoopy aboya. Snoopy, pas Scooby-Doo. Les cris de Scooby-Doo étaient puissants, appeleurs et chaleureux. Ceux de Snoopy était juste étrangement calmes. Tout était faux. Tout.

-" Scooby-Doo est mort, j'ai compris. Mais pourquoi... Il a fallut qu'il emporte tout le reste avec ? Floriant ne peut juste pas... Revenir ? Et moi ? Quand est-ce que je reviendrais ?" Il était figé. Une larme coula quand il réalisa qu'il ne recevrait pas de réponse. Puis une deuxième, une troisième, jusqu'à que son visage ne soit rien d'autre que figé dans les pleurs. Snoopy eut un grognement triste, se rapprochant de son visage pour le lécher. Maxime ne savait pas s'il essuyait ses larmes ou le trouvait juste sale.
-" Je veux pas rentrer... Par pitié Snoopy, fais-moi rester ! S'il revient je..." Sa voix était tremblante. Enfouie dans les larmes. " Regarde comme je suis quand il n'est pas là... Dès que j'imagine son visage j'ai besoin de me rappeler que j'existe... Dis Snoopy, est-ce que ça aura une fin ?" Il n'obtint pas de réponse. " Je suis obligé de le faire, hein ? Je n'ai pas d'autre choix."

Maxime prit cela pour un oui.

*


Une ombre passa par l'embrassure de sa chambre.

-" T'es sûr que tu as tout ?" Sa mère appela. Maxime, assis par terre avec sa valise ouverte devant lui, releva sa tête en sa direction. Il avait toutes ses affaires, oui. Mais il n'avait pas sa famille. Elle le regardait d'un air nostalgique, comme s'il n'existait pas vraiment. De son vivant, tout le monde l'oubliait toujours. Sa mère... Avait été une des seules à ne pas le faire. Qu'en était-il maintenant ? Ses yeux le transperçait comme s'il n'était composé que de poussières. Elle le regardera ainsi quand il sera mort ? Il espérait penser que non. Qu'une fois dans sa vie, on pleurerait pour lui. Dans ses pensées égoïstes, Maxime imaginait son enterrement rempli de larmes et de discours faussés, le mettant en valeur. Dans ses pensées égoïstes, les autres l'aimaient.

Passion ecchymose [MaxBiaggiXDjilsi]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant