Chapitre 18

3 1 0
                                    

Nous étions de retour après vingt minutes de retard. Aristide m'avait jeté un coup d'œil en cours de route pour s'assurer que je ne parlerais de cette "aventure" à personne. De toute évidence, c'était dans l'intérêt de tout le monde.

À notre arrivée, M. Harris – Kevin – avait le nez plongé dans ses dossiers. Il nous accueillit avec un large sourire, apparemment peu contrarié par le fait que nous avions dépassé l'heure de retour fixée à 17 h précises.

— Alors, comment s'est passé l'opéra ? demanda-t-il en déposant un baiser sur le front d'Heaven. J'espère que vous vous êtes bien amusés.

Heaven hocha la tête avec enthousiasme, puis lui montra sa joue pour un autre baiser avant de s'installer confortablement dans ses bras. En les observant, je ressentis un pincement. J'aurais aimé avoir un père comme lui, toujours aux petits soins.

Je m'apprêtais à prendre congé lorsque M. Harris m'interpella :

— Aiden, j'aurai besoin de toi demain matin. Sept heures, précise.

Sept heures ? Sérieusement ? Il pensait que je n'avais pas de vie ?

— À cette heure-là, j'ai cours de... commençai-je.

— Ne t'inquiète pas, répondit-il avec un sourire rassurant. Viens à 7 h, je m'occupe du reste.

Son ton ne laissait place à aucune discussion. J'affichai un sourire forcé.

— D'accord, à demain, dis-je.

Une fois la porte refermée derrière moi, tout ce dont j'avais besoin, c'était de dormir. Une fatigue pesante me clouait au sol, comme si j'avais été frappé par une horde de boxeurs. Après une longue douche, je me laissai tomber dans mon lit, la délivrance enfin à portée de main.

Alors que le sommeil m'emportait, mon téléphone vibra. Sophie. Un message.

— Salut, j'ai tout mon temps pour écouter cette longue histoire dont tu parlais.

Je regardai l'horloge. 22 h 56. Franchement, elle exagère. Je souris malgré moi, puis lui envoyai une note vocale. Je lui dis qu'on discuterait demain, que j'étais exténué.

Quelques minutes plus tard, je sombrai complètement.

Mon sommeil fut brutalement interrompu par le son assourdissant de mon réveil. Le manque de sommeil pesait sur mes épaules, mais je me traînai jusqu'à la douche.

Une heure plus tard, j'étais chez les Harris. Il était 6 h 54. Eva vint m'ouvrir et me guida jusqu'à la salle à manger, où M. Harris prenait déjà son petit déjeuner.

— Ah, Aiden, assieds-toi. Eva, sers-lui du thé, dit-il avec un geste invitant.

C'est alors qu'Heaven apparut dans l'embrasure de la porte, vêtue d'un ensemble bleu océan, Jordan aux pieds, cheveux lâchés. Elle avait l'air radieuse. Où allait-elle habillée ainsi ?

Elle me fit un bisou sur la joue avant de couvrir son père de mille baisers et d'un énorme câlin. Puis elle s'assit en face de lui, piochant dans les plats disposés sur la table.

Je m'installai à la place qu'Eva m'avait désignée, me demandant pourquoi on m'avait fait venir si tôt.

— J'ai fait suspendre tes cours de ce matin, lâcha M. Harris, imperturbable. Ne t'inquiète pas pour ça.

Je serrai ma tasse, attendant qu'il m'explique enfin la raison de ma présence.

— Aujourd'hui est le premier jour d'école d'Heaven. Et je ne veux pas qu'elle soit en retard.

Sa voix était calme, presque trop. Je doutais d'abord de la portée de ses mots, mais en l'observant, je compris qu'il était parfaitement sérieux. Je fronçai les sourcils.

— Et moi, dans cette histoire ? demandai-je, redoutant sa réponse.

— Je veux que tu sois son repère. Les quelques semaines passées ensemble ont permis à Heaven de s'attacher à toi. Je pense que tu pourrais l'aider à s'intégrer, à communiquer avec les autres. Vous semblez bien vous comprendre.

Il sourit à sa fille, puis tourna son regard vers moi, attendant ma réaction.

— C'est-à-dire que... commençai-je, cherchant mes mots.

— Je sais que c'est beaucoup, mais tu fais du bien à Heaven. Ça faisait longtemps que je ne l'avais pas vue comme ça, crois-moi.

— D'accord, j... tentai-je.

— Parfait ! s'exclama-t-il. Je savais que je pouvais compter sur toi.

Son ton, plus enjoué, me surprit, mais je m'étais déjà engagé. J'étais coincé.

Après un long discours de M. Harris sur les particularités de Heaven – un "Heaven mode d'emploi" interminable – nous terminâmes le petit déjeuner. Avant de partir, M. Harris me donna une instruction claire.

— À l'académie, personne ne doit savoir qu'Heaven est ma fille. Je ne veux aucun traitement de faveur pour elle.

Je compris l'idée, mais franchement, Heaven Harris ? Heaven comme Heaven's élite, et Harris comme le fondateur de l'académie, Kevin Harris ? Il fallait être aveugle pour ne pas faire le lien.

M. Harris lut probablement dans mes pensées.

— Heaven Bell, c'est ainsi qu'elle s'appellera, dit-il en souriant. Il doit bien y avoir plusieurs Heaven dans cette ville, non ?

Je lui retournai son sourire, mais la pièce sembla soudain étouffante. Une tension latente remplissait l'air. Plus que jamais, j'avais besoin de sortir.

J'avais cette impression constante d'être dans un autre monde et que je jouais un rôle qui ne m'était pas destiné en y repensant bien cette sensation ne m'a jamais quitté depuis le jour où j'ai mis pieds dans cette ville.

Je voulus sortir le plus vite lorsque je remarquais la porte de ce petit salon ouvert, ce salon même où y avait cette vitrine à trophée, et ce trophée ...

Une voix me criait de sortir car ce n'était pas mes affaires et une autre me disait d'y aller comme si mon cerveau voulait en avoir le cœur net.

C'est alors qu'Heaven vint insérer sa main dans la mienne tout en me tirant vers la sortie. Je regardais en direction du petit salon regrettant presque mon moment d'hésitation.

Aristid qui nous attendait déjà à l'extérieur ouvrit la portière tandis qu'heaven s'y engouffrait. Je rentrais ensuite à mon tour avant que la voiture ne démarre.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : 11 hours ago ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

AU BOUT DU CHEMIN Où les histoires vivent. Découvrez maintenant